Acheria, le renard

Un jour, un renard nommé Acheria avait grand faim. Il ne savait que penser. Il voyait passer tous les jours un berger avec son troupeau et se dit à lui-même qu’il devrait lui voler son lait et son fromage et faire ainsi un vrai festin, mais il lui fallait quelqu’un pour l’aider afin de faire quelque chose.

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Acheria

Aussi il alla trouver un loup et lui dit :

« Loup, loup ! nous devrions pouvoir faire un festin avec le lait et le fromage d’un berger que je connais. Toi, tu iras là où broute le troupeau et de loin tu devras hurler : Uhur, uhur, uhur. Le berger, après avoir trait ses brebis, les conduit au champ, avec son chien, très tôt le matin et il retourne travailler chez lui où il prépare son fromage. Quand tu te mettras à hurler: Uhur, uhur, et que le chien se mettra à aboyer, le berger laissera tout et sortira en courant. Pendant ce temps-là je volerai le lait et nous le partagerons quand tu me rejoindras. »

Le loup était d’accord pour faire un festin et s’en alla. Il fit comme le renard lui avait dit.

Le chien se mit à aboyer à l’approche du loup. Et quand l’homme entendit cela, il sortit en laissant tout et notre renard s’en alla voler la fais­selle dans laquelle se trouvait le caillé. Que fit-il ensuite, avant l’arrivée du loup? Il enleva très délicatement la crème et mangea tout le contenu du pot. Après qu’il eut tout mangé, il le remplit de fumier et remit la crème par dessus et il attendit le loup à l’endroit qu’il lui avait indiqué.

Le renard dit au loup, comme c’était lui qui allait faire le partage, que le dessus étant bien meilleur que l’intérieur, celui qui le choisirait n’aurait que cela et l’autre aurait tout le reste. « Choisis à présent ce que tu voudras. »

Le loup lui dit :
« Je ne veux pas le dessus ; je préfère ce qui est au fond. »

Le renard prit alors le dessus et donna au pauvre loup la faisselle pleine de fumier. Quand il vit cela, le loup se mit en colère, mais le renard lui dit :
« Ce n’est pas ma faute. Apparemment le berger le fait comme ça. »

Et le renard s’en alla bien repu.

Un autre jour il avait encore grand faim et ne savait que penser. Tous les jours il voyait passer sur la route un garçon avec le dîner de son père.

Il dit à un merle :
«Merle, sais-tu ce que nous devrions faire? Nous devrions faire un bon repas. Un garçon passera par ici à l’instant. Tu iras devant lui et quand le garçon voudra t’attraper, tu t’en iras un peu plus loin, en boitant et quand tu auras fait cela plusieurs fois, le garçon, pris d’impa­tience, posera son panier pour t’attraper plus vite. Moi, je prendrai ce panier, et j’irais dans tel endroit et là nous le partagerons et ferons un bon repas. »

Le merle lui dit que oui.

Quand le garçon passa, le merle s’en alla devant le garçon en boitant. Quand le garçon se pencha (pour l’at­traper), le merle s’échappa un peu plus loin. À la fin, le garçon s’impatientant, il posa son panier à terre, pour poursuivre plus vite le merle. Le renard, qui était à l’affût pour s’emparer du panier, l’emporta au loin avec lui, pas à l’endroit convenu, mais dans sa tanière et là il se goinfra, mangeant la part du merle comme la sienne.

Alors il se dit à lui-même :
« II ne fait pas bon rester ici. Le loup est mon ennemi et le merle, aussi. Quelque chose m’arrivera si je reste ici. Je dois m’en aller de l’autre côté de l’eau. »
II alla se mettre au bord de l’eau. Il vint à passer un batelier, le renard lui dit:
« Ho ! homme, ho ! Voulez-vous me faire traverser ? Je vous dirai trois vérités. »
L’homme lui dit que oui.

Le renard sauta (dans le bateau) et commença par dire :
«Les gens disent que la méture est aussi bonne que le pain. C’est un mensonge. Le pain est meilleur. Voilà une vérité. »

Quand il fut au milieu du fleuve, il dît :
« On dit aussi : « Quelle belle nuit, il fait clair comme en plein jour ! » C’est aussi un mensonge. Le jour est toujours plus clair. Voici la deuxième vérité. »

Et il lui dit la troisième alors qu’ils approchaient de la berge.
« Oh ! homme homme ! vous avez de mauvais pantalons et ils seront bien pires, si vous ne passez pas des gens qui paient plus que moi.
– Ceci est bien vrai », dit l’homme, et le renard sauta à terre.

Alors j’étais là au bord de l’eau et j’appris là ces trois vérités et depuis je ne les ai jamais oubliées.