Le culte de la mort basque

Le culte de la mort est fortement ancré dans la culture basque.

Culte de la mort depuis la préhistoire.

Les dolmens et cromlechs sont des sépultures utilisées dans certaines périodes de la préhistoire y compris après. Les cendres de cadavres s’enterraient dans l’intérieur des cromlechs après les avoir mis dans des urnes ou vases.

Dans les dolmens on enterrait les corps. Fréquemment, on rencontre dans ceux-ci des restes d’aliments et ustensiles. Dans la sierra d’Aralar (Gipuzkoa et Navarre), encore au XIXè siècle, les bergers conservent l’habitude de se découvrir et de réciter des prières devant certains dolmens. Selon eux, les Jentil (voir les croyances et rites) enterraient leurs morts ici.

Les noms de ces pierres sépulcrales sont très significatifs : Tartaloetxe (maison de Tartalo) Zegama (Gipuzkoa), Sorginexte (maison des sorcières) Arrizala (Alaba), Mairetxe (maison des maures) Mendive (Basse-Navarre), Jentilexte (maison des Jentils) Ataun (Gipuzkoa)… en ce qui concerne les dolmens ; mairubaratza (jardin des maures) Oiartzun (Gipuzkoa), Jentilbaratza (Jardin des Jentils) Arano (Navarre), Mairuilarri (Pierre sépulcrale des maures) Zugarramurdi (Navarre)… pour les cromlechs.

La stèle funéraire.

Un des ses nom est Harrigizona (pierre humaine) et fait allusion a sa forme humaine. Les stèles funéraires (hilarriak) sont répandues dans toute l’Europe mais c’est ici qu’on trouve une diversité notable. Elles ont atteint leur apogée au XVIIè siècle pour disparaître pendant le XIXè. A la fin du XIXè, pratiquement plus personne ne les utilisaient. Aujourd’hui, elles reviennent. De celles qui ont une date, la plus ancienne date du XVIè mais dans leur majorité elles n’ont aucunes indications. Il était de coutume de représenter les outils du métier du défunt, avec aussi des animaux, croix, étoiles soleils etc. Sur quelques-unes apparaît le nom de la maison mais en général seulement un dessin est sculpté.

Le banc (Jarleku).

Le sépulcre (jarleku) intérieur de l’église était une fosse pour l’enterrement et, à la fois, lieu pour s’assoir de la maîtresse de maison. C’était l’endroit où les femmes faisaient des offrandes aux domestiques défunts. En plus de la lumière, elles déposaient des aliments (généralement des pains – OLATAK – ).
Dans certains endroits, il s’agissait de pains spéciaux qui avaient trois ou quatre pointes. On déposait aussi de la viande comme à Vera et Lekaroz (Navarre), et dans des temps antérieurs, des animaux.

Dans certains villages de Gipuzkoa, au XVIIIè siècle, pendant la messe des défunts, on devait laisser un bœuf à l’entrée de l’église. A Oiartzun (Gipuzkoa), encore au XXè siècle, on emmenait un veau sous le porche.
A Licq (Soule), on croyait que les pains qui étaient sur le banc pouvaient perdre leurs pouvoirs alimentaire et à Aretxabaleta (Gipuzkoa) que ces pains étaient plus légers après la célébration.

Dans certains villages il n’a pas été facile d’admettre l’enterrement à l’extérieur de l’église. Quand l’évêque de Bayonne l’a ordonné en 1786, il a eu beaucoup d’oppositions. A Ziburu (Labourd), les femmes ont menacé de mettre le feu au couvent dans lequel se trouvait l’évêque. Des mois plus tard, les autorités ont enterré par la force les morts que les familles détenaient dans leurs maisons rejetant le fait de le faire hors de l’enceinte sacrée.

Malgré tout, le jarleku a suivi, accomplissant sa mission comme lieu d’offrandes jusqu’au XXè siècle. Ensuite, les devoirs et la prééminence des femmes se sont perdues dans la même mesure que les églises ont commencé a mettre des bancs tels que nous les connaissons aujourd’hui.

Argizaiola (la planche pour offrir la lumière).

Parmi les offrandes faites aux morts, celle de la lumière était la plus importante. Cette croyance très répandue était que dans le monde de l’obscurité elle était indispensable. On utilisait pour cela des torches, des chandelles et de grands cierges trapus. Ces derniers portent le nom de Ezkozigor (baguette de cire) à Sare (Labourd), Bildumena (trapu) (cote de Bizkaye) etc.

Le cierge apparaît fréquemment enroulée dans une planche spéciale. Cette planche se nome ARGIZAIOLA (planche de cire).

La dite planche représente schématiquement une figure humaine et, parfois, elle est très travaillée. De la même façon que les offrandes (que nous avons vu plus haut), celles-ci se déposaient sur les sièges/sépultures de l’église. Sur la nécessité de la lumière pour des morts, on raconte ceci à Berastegi (Gipuzkoa).

« Il n’y a pas longtemps que dans un puits de mine, un groupe de mineurs est resté bloqué. Pendant ce temps, la mère de l’un d’entres eux allumait le cierge tous les jours dans l’église puis, un jour, elle n’a pu le faire. Au bout de quelques jours, on sortait le mineur vivant du sous-sol et il leur dit que seulement un jour, il est resté sans manger, sans boire et sans lumière. En calculant, il s’est avéré qu’il s’agissait justement du jour ou sa mère n’avait pas allumé le cierge à l ‘église ».