Fanara, Janara, Tanara

La Stregheria  (tradition néo-païenne inspirée des religions polythéistes antiques italiennes (et influencée par diverses autres traditions antiques méditerranéennes)). s’articule autour de trois Mystères principaux et fondamentaux : les mystères de la terre, la Fanara, les mystères lunaires, la Janara, et les mystères stellaires, la Tanara.

Ces trois mystères sont gouvernés par trois couples de divinités : Fana et Faunus pour la Fanara, Jana et Janus pour la Janara, et Tana et Tanus pour la Tanara, à qui l’on doit s’adresser principalement, mais pas exclusivement.

Fanara, Janara, Tanara

Grimassi demeure assez évasif quant à ce que comportent ces trois mystères, ce en quoi ils  Consistent. On devine cependant que parce qu’il s’agit de mystères, c’est au dévot et sorcier de trouver lui-même les différentes voies. L’auteur suggère toutefois qu’il ait pu exister, dans un temps reculé, des groupes de sorciers dédiés uniquement à l’étude et à la pratique d’un de ces trois mystères, rarement les trois à la fois, et qu’ils en étaient les gardiens. 

La Fanara, ou mystères de la Terre, est pour moi le mystère des transformations et de la  régénération. Il touche à la fertilité de la terre, des femmes, des animaux, à l’abondance de la terre et des biens, dons et qualités que l’on possède ; c’est l’influence des saisons qui passent et transforment tout. C’est lié à la température et aux éléments, souvent bénéfiques, parfois déchaînés et dévastateurs. C’est un mystère lié aux pouvoirs des arbres, des fleurs, des épices, des herbes de toutes sortes, utilisés pour les sorts de tous genres, comme pour la médecine.

C’est également un mystère lié aux esprits de la terre, les défunts comme les fées, lié aux lieux de pouvoir, comme les lignes ley, les tertres, les temples, les endroits où les énergies convergent, les forêts anciennes. La Janara, ou mystères lunaires, c’est évidemment le mystère de la Lune, de son influence sur le cycle menstruel des femmes, sur les marées, sur la croissance des plantations, sur la fertilité des bêtes et des hommes. 

C’est également le pouvoir de la magie lunaire, si chère aux sorciers et sorcières de toutes  Confessions et voies, ses influences bénéfiques lorsqu’on la prie, le pouvoir qu’elle donne aux sorts et aux objets qu’elle charge de sa lumière. C’est un mystère de purification, d’évolution et d’élévation spirituelle.

La Tanara, ou mystères stellaires, c’est le mystère des étoiles, en l’occurrence du Soleil, celle qui nous est la plus importante et nécessaire sur Terre, mais aussi de l’influence des autres étoiles et constellations, et même, dans un spectre plus large, des influences planétaires. Plusieurs divinités importantes du panthéon romain étaient représentées par des planètes. On sait aussi que l’astrologie revêtait une importance capitale. L’art de l’herbalisme, de la divination, de la magie et des rituels sont communs aux trois mystères des Streghe. 

Selon le mythe, on croyait et croit-on encore que les âmes des défunts vont sur la Lune, ici symbole du monde astral, pour s’y reposer, s’y régénérer. Ils y attendent la divinité des morts (pour Grimassi, il s’agit de Dianus) qui les prendra ensuite pour les ramener à nouveau à la vie sur Terre ou dans un autre endroit de repos.

La régénération sur la Lune dure un cycle lunaire. On croit que plus la Lune est lumineuse (pleine), plus il y a d’âmes en attente de renaissance. En Lune décroissante, on croit que les âmes prêtes à sortir de ce cocon laiteux et lumineux le font en suivant la divinité vers la Terre, jusqu’à ce que la Lune redevienne noire, vidée de ces âmes toutes régénérées et, pour certaines, revenues à la vie. 

Parce que les peuples italiques accordaient beaucoup d’importance à leurs morts, ainsi en est-il encore aujourd’hui dans la Tradition Stregheria et en général dans la Méditerranée. Les familles avaient toutes un autel familial, au centre de leur maison, souvent au-dessus de l’âtre de la cheminée.

Cet autel était dédié aux Lares de la famille, c’est- à- dire aux esprits de la famille, soit des défunts et autres esprits protecteurs de la lignée. La mise en place d’un tel autel, appelé Lararium, est une étape importante à franchir lorsqu’on désire se consacrer à la tradition Stregheria. Cet autel permet d’honorer nos morts, de garder leur mémoire vivante, de les appeler à notre aide en cas de besoin et de les remercier pour leur protection et leur guidance.

À l’époque, il s’agissait bel et bien d’une sorte de devoir familial, et certaines fêtes durant l’année servaient à honorer les morts et à les célébrer : on faisait un banquet et on apportait de la nourriture sur les tombeaux des défunts de notre famille. Il y avait d’autres fêtes qui servaient à éloigner certains esprits familiaux qu’on ne souhaitait pas honorer, soit parce qu’ils nous avaient trahis, soit parce qu’ils nous avaient blessés, déshonorés : on les appelait les Larves. Une fois l’an, on veillait à ce que les Larves ne viennent pas troubler notre quotidien, nous hanter.