Le Marae

Le peuple Māori est un peuple tribal constitué de 79 tribus traditionnelles réparties dans la Nouvelle-Zélande. Le Marae, emplacement sacré de rassemblement, est le lieu du plus grand mana, de la plus haute spiritualité, la place qui accroît la dignité de la personne et l’endroit où les coutumes Māoris atteignent leur ultime expression.

Contenus

Toggle

Le Marae

He aha te mea nui? Quelle est la chose la plus grande?
He tangata! C’est le peuple, He tangata!
He tangata! C’est le peuple, He tangata! C’est le peuple.

Le Marae, ou lieu de réunion, est le turanga-waewae du Māori. C’est la base de la vie communautaire traditionnelle Māori. C’est leur « chez eux ». C’est au Marae que se déroulent les manifestations officielles : célébrations, mariages, baptêmes, réunions tribales, funérailles. Les gens peuvent aussi y être appelés pour « hui ».

Littéralement « hui » signifie se rassembler, se réunir. Contrairement aux autres réunions, le « hui » se déroule généralement selon le protocole Māori. Si le « hui » concerne un litige entre deux parties, chacune présente ses arguments pour qu’on puisse arriver finalement à un arrangement consensuel. Sinon, un nouveau « hui  » sera convoqué ultérieurement.

Les « tangata whenua » sont les responsables du Marae local. Ils prennent les décisions concernant le marae ; si l’on attend des invités, par exemple, ils s’occupent de l’organisation. Ce sont eux qui définissent les rôles de chacun dans le Marae, et s’assurent que les visiteurs seront bien reçus.

On demande aux jeunes de participer au travail dans le Marae. Les plus âgés du Marae ont autorité et sont respectés. Les Kaumatua (personnes âgées) sont les Anciens du Marae. Leur rôle est d’enseigner aux jeunes les traditions Māoris : « whaikorero » (les discours), « whakapapa » (la généalogie) ou « waiata » (le chant). Les Kaumatua participent aussi à l’accueil des visiteurs.

Waiata (le chant) est très important dans la vie Māori.Au travers des siècles, waiata a rendu compte de l’histoire, des légendes et des événements particuliers de la vie des gens. Une personne qui a la parole peut déboucher sur un chant à un moment donné de son discours. Certains waiata, cependant, ne peuvent être chantés qu’à certaines occasions, comme un « tangi » (chant funéraire) par exemple.

Un Européen, ou « Pakeha », ne peut entrer dans un Marae qu’avec la permission des Anciens, et il doit faire preuve du respect voulu tant qu’il est dans le complexe du marae. Si un groupe de visiteurs vient dans le Marae, une cérémonie spéciale a lieu. Cette cérémonie est appelée « te wero » et est toujours dirigée par un homme. Wero signifie « jeter une lance ».

Le « wero » est toujours mené par une personne du sexe masculin. Après le haka, un objet de défi est placé sur le sol par l’un des hommes du Marae. Les visiteurs doivent attendre à l’entrée du marae jusqu’à ce qu’ils aient l’occasion de montrer qu’ils sont venus avec des intentions pacifiques.

Le « wero » peut être conduit par une femme de haut rang, une reine, par exemple, mais le « taki » (la lance du défi) doit être ramassé par un homme de son groupe. C’est la façon traditionnelle de déterminer si les visiteurs du Marae sont venus en paix ou avec des intentions hostiles.

Quand les visiteurs « manuhiri » avancent dans le Marae, ils doivent rester tous ensemble, et avancer d’un pas lent et respectueux. Les femmes du Marae prennent part à l’appel de bienvenue, le « Te karanga » :

« Approchez, visiteurs venus de loin ! Bienvenue ! Bienvenue! (Haere mai, Haere mai). Amenez avec vous les esprits de vos morts, qu’ils soient salués. Qu’ils soient pleurés. Montez vers notre Marae, montez vers le Marae sacré de notre peuple. Bienvenue ! Bienvenue ! (Haere mai, Haere mai) »

Pour les Māoris, la générosité et l’hospitalité sont de première importance.

Habituellement, les visiteurs du Māori s’arrêteront une minute ou deux pour se souvenir de ceux qui sont morts, avant de pénétrer plus loin dans le Marae. Lorsque les visiteurs sont à l’intérieur du Marae, les salutations commencent.

Les Māoris pratiquent une bienvenue traditionnelle appelée « powhiri », et qui consiste en un « hongi ». Le « hongi », rituel de bienvenue qui consiste à toucher du bout de son nez le nez de quelqu’un d’autre en guise de salutations, est le mélange du souffle de deux personnes, ce qui représente l’unité. Souvent il est pratiqué trois fois de suite : le premier contact pour saluer la personne, le second en reconnaissance des ancêtres, la dernière pression du nez et du front pour honorer la vie dans ce monde.

Après les salutations, les discours commencent. Celui qui parle avance et recule tout en parlant. La plupart des discours sont suivis par des chants (waiata) des femmes.

Adjacent au Marae, érigé sur une zone distincte, se trouve le Marae-Atea, généralement face à l’entrée principale du Marae. C’est là que se situe le Whare.

On peut parler du whare de bien des façons différentes : whare tipuna ou whare tupuna (la maison ancestrale), whare whakairo (la maison sculptée), whare nui (la grande maison), whare hui (la maison de réunion), whare moe ou whare puni (la maison où l’on dort) ou whare runanga (la maison du conseil).

Le whare est presque toujours situé, comme par le passé, entre le marae et le portail d’entrée. Le whare est utilisé pour les funérailles, les rassemblements religieux ou pour y recevoir des invités. Aucun membre de la communauté tribale locale ne vit de façon permanente dans le whare. A part de rares exceptions, le whare porte presque toujours le nom d’un ancêtre.

Le whare représente en principe, symboliquement, le chef et ses ancêtres. A l’extérieur, sur la façade du whare, tout en haut, se trouve le tekoteko, une figure sculptée, placée sur le toit et à l’entrée du whare. Le tekoteko représente la tête de l’ancêtre.

Le « maihi », ou partie sculptée du tekoteko suspendu au whare, montre les bras de l’ancêtre, ouverts comme pour souhaiter la bienvenue aux visiteurs. La poutre au centre du whare, qui le traverse de bout en bout, représente la colonne vertébrale de l’ancêtre.

Et on a choisi une pièce de bois particulièrement solide, parce que, lorsque la colonne vertébrale est solide, le corps tout entier est solide. Les chevrons sculptés que l’on trouve à l’intérieur du whare représentent les côtes de l’ancêtre. Les silhouettes sculptées le long des murs intérieurs du whare représentent les ancêtres des gens du marae local, aussi bien que ceux d’autres tribus.

A l’extérieur du whare, on peut voir des sculptures plus petites et plus grandes de Koruru . La langue tirée est une provocation envers l’ennemi, (tout comme c’est un geste de défi pendant le haka, la danse de guerre). Les yeux du koruru, en coquille brillante de paua (le coquillage abalone de Nouvelle Zélande), représentent le Ruru, nom Māori de la petite chouette indigène de Nouvelle Zélande.