Contes basques 10

Contes basques

Voici divers contes basques : Le Basa Jaun et le Salve Regina, Le pauvre soldat et l’homme riche, Basa Jaun et l’axe du moulin

Le Basa Jaun et le Salve Regina

Lorsque le village de Larrau (Soule) fut fondé, le pays était couvert de forêts vierges, et le seigneur sauvage venait inquiéter les habitants, leur causant beaucoup de dommages en leurs biens. Alors le curé de Larrau établit l’usage de dire tous les samedis un Salve Regina à l’entrée de la nuit, et par ce moyen on parvint à éloigner le seigneur sauvage.


Le pauvre soldat et l’homme riche

Comme beaucoup dans le monde, il y avait un mari fg et une femme. Ils avaient un fils unique. Le temps de la conscription arriva. Il partit avec beaucoup de chagrin. Au bout des sept années il rentrait chez lui avec cinq sous en poche. Comme il marchait un pauvre homme se présenta à lui et lui demanda la charité au nom de Dieu. Il lui donna un sou, en lui disant qu’il avait seule­ment cinq sous, mais qu’au nom de Dieu il ne pouvait refuser.

Un moment après un autre pauvre se présenta et demanda la charité au nom de Dieu. Il lui donna, lui disant de même :
«Moi, qui n’avais que cinq sous pour rentrer chez moi après sept ans de service, j’en ai déjà donné un, mais je ne puis pas vous refuser. J’aurai toujours assez pour me payer un petit déjeuner.»

Et il continua son chemin, mais un moment après vint un autre homme pauvre et il donna encore.

Ce pauvre homme lui dit :
« Vous irez à telle maison et vous demanderez la chanté au nom de Dieu à M.Tahentozen. Il ne donne la charité à personne, maïs il vous recevra par curiosité,pour savoir les nouvelles. Quand vous lui aurez dit tout ce que vous avez vu, il vous demandera d’où vous venez. Vous devrez dire que vous venez du ciel, mais que vous n’avez rien vu là-bas que des pauvres et des estropiés et qu’il n’y avait en enfer que des riches.

Vous direz aussi:
-À la porte de l’enfer il y a deux diables assis dans des fauteuils, et j’ai vu un fauteuil vide et je leur ai demandé pour qui il était et deux diables qui se tenaient près de la porte sont venus, claudiquant comme s’ils étaient boiteux et ils m’ont dit : c’est pour M. Tahentozen. Il ne fait jamais la charité, et, s’il ne change pas, sa place est là. »

Notre soldat alla où on lui avait dit d’aller et demanda la charité au nom de Dieu. Mais la bonne, comme à son habitude, le renvoya. Le maître, ayant entendu quelqu’un, demande à la bonne qui était là. La bonne répondit que c’était un soldat qui demandait la charité. Il lui dit de le faire entrer, afin de connaître les nouvelles. Notre soldat lui dit tout ce que le pauvre lui avait dit de dire. Et sur quoi l’homme riche se mit à réfléchir ; il garda le soldat chez lui et le fit riche et il partagea le reste (de son argent) aux pauvres.


Basa Jaun et l’axe du moulin

Le moulin de San Martinico était en chêne. Lorsqu’il le faisait fonctionner il brûlait, ce qui le rendait inutilisable.
En revanche, l’axe du moulin du Basa Jaun durait beaucoup plus longtemps. San Martinico chargea d’annoncer partout, sans autre commentaire, que son moulin à lui fonctionnait.

« Cela signifie qu’il a mis un axe en aulne » commenta le Basa Jaun.

« Il en mettra un » répondit le crieur public.

C’est ainsi que grâce à l’astuce de San Martinico les hommes purent commencer à bénéficier des avantages des moulins à travers le monde entier.