La fille belle et paresseuse

Il y avait une fois une mère qui avait une fille belle. La mère faisait toujours beaucoup d’ou­vrage, mais la fille ne voulait rien faire. Elle la battait si fort qu’elle allait s’asseoir sur une pierre plate pour pleurer. Un jour le jeune monsieur du château passait par là. Il lui demanda ;
«Qu’est-ce qui fait pleurer comme cela une si belle fille?»

La fille belle et paresseuse

La femme lui répondit:
« Elle est trop belle pour travailler. »

Le jeune monsieur demanda si elle savait coudre.

Elle répondit: «Oui, si elle voulait elle pourrait faire sept chemises en un jour. »

Le jeune monsieur était fort épris de la fille belle. Il alla chez lui et rapporta un morceau de toile et lui dit :
« Voici de quoi faire sept chemises et si vous les finissez avant telle date nous nous marierons ensemble.»

Elle resta pensive sans rien faire, les larmes aux yeux.
Alors une vieille femme vint à elle, c’était une sorcière et elle lui dit :
« Qu’avez-vous pour être si triste ? »

Elle répondit : «Tel monsieur m’a porté sept chemises à coudre, mais je ne sais pas comment les faire. Je reste ici, à penser. »

La vieille femme lui dit :
« Vous savez coudre ?
-Je sais enfiler le fil dans l’aiguille, (c’est tout). »

La femme lui dit :
« Je ferai vos chemises pour la date dite, si vous vous rappelez mon nom dans un an et un jour. » Et elle ajouta : « Si vous ne vous le rappelez pas je ferai de vous ce que je voudrai. Maria Kirikitoun, personne ne retiendra mon nom. »

Et elle accepta. Elle lui fit les sept chemises dans le temps imparti. Quand le jeune homme arriva, les chemises étaient faites ; ce fut avec joie qu’il prit la jeune fille et qu’ils se marièrent.

Mais la jeune fille belle devenait de plus en plus triste ; bien que son mari faisait de grandes fêtes pour elle, elle ne riait jamais. Un jour ils firent d’immenses fêtes. À ce moment-là arriva à la porte une vieille femme et elle demanda à la servante :
« Pour quelle raison donnez-vous de si grandes fêtes ? »

Elle répondit : «Notre dame ne rit jamais et monsieur donne ces grandes fêtes pour l’égayer. »

La vieille femme répondit :
«Si elle avait vu ce que j’ai entendu aujourd’hui elle rirait certainement. »
La servante lui dit : « Restez là, je vais le lui dire tout de suite. »

On fit entrer la vieille femme et elle leur raconta qu’elle avait vu une vieille femme bondir d’un côté à l’autre d’un fossé en disant sans arrêt :
«Houpa! houpa ! Maria Kirikitoun, personne ne retiendra mon nom. »

Quand la jeune dame entendit cela, elle retrouva la joie aussitôt et nota ce nom immédiatement. Elle récompensa bien la vieille femme et elle fut très heureuse et quand l’autre vieille femme vint elle savait son nom.