Glossaire en R S (Celtique)

Voici un glossaire de la mythologie celtique : Rhiannon (Rigantona), Rosmerta, Ruadan, Rucht, Samain, Samonios (fête), sanglier (symbole), Scáthach, Semias (et le Chaudron du Dagda), Setanta, Sidh, Smartellos (Smertios), Sualtam, Sucellos

Glossaire Celtique

Rhiannon appartient à la tradition galloise, son nom issu de Rigantona, signifie « Grande Reine » ; c’est un avatar de la divinité celtique féminine (voir Brigit, Brigantia). Elle apparaît dans deux des quatre Mabinogion : Pwyll, prince de Dyved et Manawydan fils de Llyr. Dans le premier conte, elle devient l’épouse de Pwyll, après qu’il ait éliminé de nombreux rivaux. De cette union va naître Pryderi, un garçon qui est enlevé à la naissance, ce qui vaut à la mère d’être accusée d’infanticide. En guise pénitence, elle est condamnée à rester assise aux portes de la ville, elle doit raconter son histoire aux visiteurs et les faire entrer en les portant sur son dos. La punition s’arrête sept ans plus tard, quand elle retrouve son fils.

Dans le second conte, après la mort de Pwyll, elle épouse Manawyddan Fab Llyr. Au cours d’une promenade, un brouillard magique s’abat sur la région et la dévaste. Avec son époux, son fils Pryderi et Kigva, l’épouse de ce dernier, ils sont obliger de partir pour l’Angleterre, où ils vont exercer différents métiers, pour survivre.

Pour que la royauté de Pwyll sur le Dyved soit reconnue, il doit avoir une reine qui légitime son pouvoir, car chez les Celtes, la Souveraineté est un concept féminin. La pénitence qu’elle endure, suite à l’enlèvement de son fils, est un ajout dû à la christianisation du récit, cette notion étant inconnue de la civilisation celtique. L’exercice de différents métiers est une illustration de la troisième classe fonctionnelle de la société, conforme à l’idéologie tripartite des Indo-européens étudiée par Georges Dumézil. Certains rapprochent Rhiannon à la déesse gauloise Épona, mais cette idée ne fait pas l’unanimité.


Rosmerta était une déesse de la fertilité et de l’abondance.

Son culte a été attesté par la découverte de statues et d’inscriptions portant son nom. Parmi ses attributs on retrouve la fameuse Corne d’Abondance ou Cornucopia. Son culte était parfois associé au dieu Mercure dans la mythologie gallo-romaine mais on a également trouvé des témoignages de culte isolé.


Ruadan est le fils de la déesse Brigit et du roi Bres, il est donc également apparenté aux dieux des Tuatha Dé Danann et aux Fomoires. Lors de la « Seconde bataille de Mag Tured » (Cath Maighe Tuireadh), qui oppose ces deux peuples, pour l’occupation de l’Irlande, il est envoyé par son père dans le camp ennemi, pour épier Goibniu le dieu-forgeron. Celui-ci, grâce à son marteau magique, fabrique une épée ou un javelot parfait, en trois coups. Ruadan dérobe une arme, tente d’occire le forgeron, mais celui-ci, bien que blessé, réussit à tuer son agresseur.

Selon la légende, Brigit, apprenant la mort de son fils, se mit à pleurer, ses larmes seraient les premières de l’histoire de l’île. Gobniu sera guérit par un bain dans la Fontaine de Santé.


Samain (on rencontre parfois la graphie Samhain) est la fête religieuse qui célèbre le début de la saison « sombre » de l’année celtique (pour les Celtes, l’année était composée de deux saisons : une saison sombre et une saison claire). C’est une fête de transition – le passage d’une année à l’autre – et d’ouverture vers l’Autre Monde, celui des dieux. Elle est mentionnée dans de nombreux récits épiques irlandais car, de par sa définition, elle est propice aux évènements magiques et mythiques. Son importance chez les Celtes est incontestable, puisqu’on la retrouve en Gaule sous le nom de Samonios, notamment dans une mention du Calendrier de Coligny, qui désigne le mois qui correspond approximativement à novembre.

Les moines irlandais qui ont mis par écrit les coutumes celtiques, à partir du VIIIe siècle, ont précisé que le jour de Samain est (selon notre calendrier moderne) le 1er novembre. La fête elle-même dure en fait une semaine pleine, trois jours avant, et trois jours après. Pour les Celtes, cette période est entre parenthèses dans l’année : elle n’appartient ni à celle qui s’achève ni à celle qui va commencer ; c’est une durée autonome, hors du temps. C’est le passage de la saison claire à la saison sombre, qui marque une rupture dans la vie quotidienne : la fin des conquêtes et des rafles pour les guerriers et la fin des travaux agraires pour les agriculteurs-éleveurs, par exemple.

Le nom de Samain signifie « réunion », c’est une fête obligatoire de toute la société celtique qui donne lieu à des rites druidiques, des assemblées, des beuveries et des banquets rituels ; son caractère religieux la place sous l’autorité de la classe sacerdotale des druides et la présidence du roi, toute absence est punie de mort. Il faut souligner que, selon l’idéologie tripartite des indo-européens définie par Georges Dumézil, les trois classes de la société (sacerdotale, guerrière et artisanale) sont associées aux cérémonies. Cette assemblée religieuse et sociale a progressivement disparu avec la christianisation, et afin de récupérer la popularité de cette fête lors de l’évangélisation de l’Irlande au VIIIe siècle, les religieux catholiques ont instauré la fête de la Toussaint (fête de tous les saints) et, le lendemain, la fête des morts.

La notion de passage se retrouve aussi à ce moment, entre le monde des humains et l’Autre Monde des dieux (le Sidh). On a relaté l’aventure de héros, ou d’hommes exceptionnels, qui se rendent dans le Sidh (généralement à l’invitation d’une Bansidh), et y passent quelques agréables heures. Le temps des dieux n’étant pas le même, leur séjour est, en fait, de plusieurs siècles et, quand ils reviennent chez eux, ils ne peuvent vivre puisqu’ils sont morts depuis longtemps.

Il convient de noter que la fête folklorique d’Halloween est anglo-saxonne avec une origine irlandaise, sans aucun rapport avec la mythologie celtique (voir bibliographie, Les fêtes celtiques de Guyonvarc’h & Le Roux).


Le sanglier est pour les Celtes un animal sacré. Il est possible qu’il représente d’abord l’intelligence et la ruse, il est donc associé au savoir ; mais il est également lié à l’autre monde, le Sidh. Il est donc naturellement l’animal emblématique de la classe sacerdotale, les druides dont le mot signifie : « les très savants » et qui ont la charge de la relation avec l’autre monde, le sacré et les dieux. Il semble que certains se faisaient appeler « sanglier », en gaulois « torcos », où l’on reconnaît la racine du mot « torque » qui désigne le collier que portent les dieux ou les dignitaires divinisés. On peut y voir un rapport avec le culte de la tête des Celtes. D’ailleurs, la tête du sanglier, cas rare pour les animaux, porte un nom spécifique : la hure (qui pourrait avoir la même racine que aurochs). Elle est représentée sur les boucliers, sur les pommeaux d’épées et elle forme très fréquemment le pavillon des carnyx, ces trompes de guerre destinées peut-être à impressionner l’ennemi et à donner du courage aux combattants par leurs « cris » horribles mais qui ont très certainement une fonction symbolique, rituelle, voire magique, au moins à l’origine.


Scathach, dans la mythologie celtique irlandaise, est une magicienne puissante et redoutable qui demeure en Écosse, certains textes évoquent l’île de Skye. Elle est fille de Buanuinne, roi de Scotie et mère de Lasair, Inghean Bhuidhe, Latiaran et Uathach.

On accède à sa résidence par le Pont-des-Sauts qui rétrécit et devient glissant ou s’étire et se redresse pour broyer le visiteur téméraire. Elle-même initiatrice des plus valeureux guerriers, experte en magie, dans l’art de la guerre et du sexe, elle commande une bande de femmes qui éduquent les héros.

Ses élèves les plus prestigieux sont Noise, Ferdiad, Cúchulainn, seul ce dernier a le privilège de savoir manier et de posséder le gae bolga. Ils ne doivent pas devenir ennemis les uns des autres. Ce serment ne sera pas respecté puisque Cúchulainn va tuer Ferdiad dans un combat singullier, lors de la Razzia des vaches de Cooley (voir le récit Táin Bó Cúailnge).


Semias, dont le nom signifierait « subtil » était le druide qui gouvernait l’île de Murias (le sens du toponyme est la mer). C’est de là que viennent les talismans du Chaudron et de la Massue du Dagda. Le Chaudron qui ne se vide jamais, représente l’abondance se retrouve sous la forme du Graal dans le légendaire arthurien ; il est inséparable de la Lance de Lug, arme mortelle à chaque coup mais qui sert aussi à l’adoubement royal. La Massue tue par un bout et ressuscite par l’autre, c’est le droit de vie et de mort.


Setanta est le premier nom de Cúchulainn jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge de cinq ans ; il a le sens de « chemin », « guide ». Il est élevé au château de Breth, dans la plaine de Muirthemné. Son tuteur (et grand-père) le druide Cathbad le rebaptise à l’occasion de son premier exploit, lorsqu’il tue le chien gardien des troupeaux du forgeron Culann. Il est le fils incestueux du roi Conchobar Mac Nessa et de sa sœur Deichtire, conçu lors d’un voyage dans le Sidh. Il a aussi des parents divins : Lug et Eithne.

Conchobar était invité chez Culann pour un banquet annuel, et Setanta, n’ayant pas terminé ses jeux, devait le rejoindre plus tard. À l’arrivée du roi, on lui demande si quelqu’un d’autre doit venir, et comme il répond par la négative on lâche le molosse qui, tous les soirs garde la résidence. Quand Setanta arrive, il est attaqué par le fauve, il le tue en enfonçant une balle d’argent dans la gorge pour l’étrangler, et lui brise le crâne contre un pilier de pierre. Pour réparer la perte de l’animal, Setanta lui propose de le remplacer et garder la maison et les troupeaux jusqu’à ce qu’une autre bête soit trouvée et dressée.

Ces exploits sont narrés dans le récit Macgnimrada Conculaid (Les Exploits d’enfance de Cúchulainn), un épisode de la Táin Bó Cúailnge (La Razzia des vaches de Cooley), qui appartient au Cycle d’Ulster.


Sidh est une graphie originale du mot irlandais sí, qui désigne l‘Autre Monde dans la mythologie celtique. Il est à noter que le concept de péché étant inconnu des Celtes, les notions de « paradis » et d’ « enfer » sont inexistantes dans le druidisme ; de même qu’il ne peut y avoir assimilation ou rapprochement avec l’au-delà chrétien. S’il n’est pas explicitement décrit, il revient dans nombre de textes irlandais ; le sens du mot est « paix ».

De cette littérature médiévale, il ressort trois localisations distinctes du Sidh : à l’ouest, au-delà de l’horizon de la mer, dans des îles magnifiques ; sous la mer, dans les lacs et les rivières où se situent de somptueux palais de cristal aux entrées mystérieuses ; sous les collines et les tertres qui sont devenus les résidences des Tuatha Dé Danann. L’eau en est le moyen d’accès privilégié.

Le Lebor Gabála Érenn (Livre des Conquêtes d’Irlande), écrit par des clercs au XIIe siècle, est un récit mythologique qui narre les occupations successives de l’Irlande, depuis l’époque du déluge. Les Tuatha Dé Danann (les gens de la déesse Dana) sont des dieux qui viennent de quatre îles du nord du monde : Falias, Gorias, Finias et Murias, ils doivent éliminer les Fir Bolg lors de la « Première Bataille de Mag Tuireadh », pour s’installer. Les derniers arrivants sont les Milesiens, les « fils de Mile », originaires d’Espagne, ils vont battre les Tuatha Dé Danann qui sont contraints de se réfugier dans le Sidh, chaque dieu ayant le sien. Cependant, ce lieu mythique échappe à la géographie, puisqu’il est partout, en parallèle au monde des hommes.

Si les dieux peuvent venir et déambuler à leur guise dans le monde des humains, l’inverse n’est que rarement possible. Seuls des héros, des êtres exceptionnels, tel Cúchulainn, Conle ou Bran Mac Febail ont le privilège de visiter et de séjourner dans le Sidh, généralement à l’invitation d’une Bansidh. Éternel par essence, tout homme qui y pénètre ne peut revenir à la condition humaine. Ainsi ces hommes qui croient passer quelques heures ou quelques jours en compagnie des dieux et y restent plusieurs siècles. Quand ils reviennent chez eux, ils tombent en poussière car ils sont morts depuis longtemps. La période de Samain (nouvel an des Celtes, vers le 1er novembre) est propice à l’ouverture des sidh.

L’Autre Monde des anciens Irlandais porte aussi les noms de Mag Meld (Plaine du Plaisir), Mag Mor (Grande Plaine), Tir na mBéo (Terre des Vivants), Tir na mBân (Terre des Femmes), Tir na nOg (Terre des Jeunes), et Tir Tairngire (Terre des Promesses).


Sualtam ou Sualtach, dans la mythologie celtique irlandaise, est l’un des pères terrestres (mais non biologique) de Cúchulainn, qu’il a eu avec son épouse Deichtire. Le sens de son nom est « nourricier ».

Dans l’épopée mythique de la « Rafle des vaches de Cooley » (Táin Bó Cúailnge du Cycle d’Ulster), il se rend près de son fils qui agonise, après avoir livré de nombreux combats contre les guerriers d’Irlande. Cúchulainn lui demande d’aller chercher de l’aide chez les Ulates (habitants du royaume d’Ulster). Arrivé à Emain Macha, il harangue Conchobar Mac Nessa, mais par là même, il enfreint une geis qui interdit aux Ulates de parler avant leur roi et au roi de parler avant ses druides. Cathbad, usant de sa magie, le fait mourir sous les coups de son propre bouclier.


Sucellos ou Sucellus est l’équivalent gaulois du dieu-druide irlandais Dagda, sans en être l’exacte réplique. Sa parèdre est Nantosuelta, qui est une représentation de la fécondité. Il a plus tard été assimilé aux dieux romains Sylvain (surtout en Narbonnaise) ou Vulcain.

Comme le Dagda, il est le dieu qui tue et qui ressuscite avec son maillet, qu’il tient dans la main gauche. Il est aussi le détenteur de la prospérité, symbolisée par cet autre attribut qu’est le chaudron, dans sa main droite. Il se tient droit, le pied reposé sur un tonneau, symbole de la survie. On le décrit volontiers âgé et barbu, portant la tunique et les braies gauloises, chaussé de bottes. En tant que dispensateur de richesse, protecteur de l’artisanat et de l’agriculture, il relève de la troisième fonction des producteurs (les deux autres étant la classe sacerdotale des druides, et la classe des guerriers), alors que le Dagda, dans la tradition irlandaise, relève de la première fonction.