La incursión de las vacas de Frâech

Voici l’histoire de la Razzia des vaches de Fraech, de la rama roja de la mitología Irlandesa.

Incursión de las vacas Fraech

Fraech, fils d’Idach de Connacht, était fils de Befinn des Fées, qui était soeur de Boinn. C’était le plus beau héros des hommes d’Irlande et d’Escocia. Pero no vivió mucho.

Su madre le había dado diez vacas mágicas; eran blancos con orejas rojas. Permaneció en casa durante ocho años sin tomar esposa. Cincuenta hijos de reyes formaron su casa; todos tenían la misma edad, la misma apariencia que él, tanto en tamaño como en porte.

Findabair, fille d’Ailill et de Mève, se prit d’amour pour lui sur les rapports qu’on lui en faisait. On le lui dit dans sa maison. Alors il décida d’aller parler à la jeune fille, et discuta cette affaire avec son peuple. –  » Va-t’en trouver la soeur, de ta mère pour rapporter quelques vêtements merveilleux et présents des fées.  » Il alla donc vers la soeur, c’est-à-dire Boinn, et entra dans la plaine de Breg; il emporta cinquante manteaux bleus dont chacun était pareil au dos d’un scarabée et avait quatre oreilles d’un gris sombre et portait une broche d’or rouge, cinquante tuniques blanches avec des animaux d’or et d’argent; cinquante boucliers d’argent avec des bordures; une chandelle royale dans la main de chacun des hommes avec cinquante rivets de laiton blanc, cinquante bosses d’or raffiné à chacune d’elles; à leur extrémité, des embouts d’escarboucle; des pierres précieuses à la tête, qui dans la nuit brillaient comme les rayons du soleil. Ils eurent cinquante glaives à poignée d’or, et chacun un cheval gris-doux, avec un mors d’or, et une boucle d’argent portant des clochettes d’or, à son cou. Cinquante caparaçons de pourpre avec des franges d’argent, des boucles d’or et d’argent et des têtes d’animaux. Cinquante fouets de laiton blanc avec des crochets d’or au bout de chacun. Et sept chiens de chasse avec des chaînes d’argent et une pomme d’or entre chacun; des jambières de bronze où aucune couleur ne manquait. Sept sonneurs de cor avec des cors d’or et d’argent, des robes de toutes couleurs, de longs cheveux dorés et jaunes, des manteaux brillants. Trois druides étaient devant eux, avec des diadèmes d’argent rehaussés d’or. Chacun avait un bouclier avec des emblèmes en relief, avec des crochets à crête, avec des côtes de bronze sur les côtés. Trois harpistes, chacun d’un maintien royal.

Ils partirent donc pour Cruachan en cet équipage. Le guetteur, du haut du, château, les aperçut quand ils furent arrivés à la plaine de Cruachan .  » Je vois approcher du château, dit-il, une nombreuse compagnie; depuis qu’Ailill et Mève ont pris le pouvoir, il n’est jamais venu et il ne viendra jamais une compagnie plus belle et plus brillante. Comme si j’avais la tête dans une cuve de vin est le souffle de la brise qui passe sur eux. Les tours et les jeux que fait le jeune homme qui est parmi eux, je n’en ai jamais vu de pareils. Il jette son javelot à la distance d’une portée loin de lui; avant qu’il atteigne le sol, les sept chiens aux sept chaînes d’argent l’attrapent. « 

Là-dessus, la troupe qui était dans le château de Cruachan vint pour les regarder; les gens s’écrasèrent les uns les autres en sorte que seize hommes moururent en les regardant. Ils descendirent de cheval à la porte du château. Ils débridèrent leurs chevaux et lâchèrent leurs chiens. Ceux-ci rabattirent sept daims jusqu’aux remparts de Cruachan et sept renards et sept bêtes de la plaine et sept sangliers; les jeunes gens les tuèrent dans la première cour du château. Puis les chiens sautent dans la Bray et attrapent sept loutres et les apportent au même tertre, à la porte de la première enceinte. Puis ils s’assirent. On vint les trouver de la part du roi. On leur demanda d’où ils étaient. Ils se nommèrent avec leur vrai lignage. –  » Frâech fils d’Idach est là « , dirent-ils. On alla le dire au roi et à la reine. –  » Qu’ils soient les bienvenus, dirent Ailill et Mève. – C’est un noble jeune homme, ajouta Ailill. Qu’il entre dans la cour!  » On leur accorda un quart de la maison.

Voici la description de la maison : sept lits dorés, du foyer à la muraille, dans la maison tout autour; un fronton de bronze à chaque lit; des cloisons d’if rouge joliment tacheté, trois bandes de bronze autour de chaque lit; sept bandes de cuivre, du chaudron à boeuf jusqu’au toit de la maison. La maison était de sapin, couverte à l’extérieur de bardeaux. Il y avait seize fenêtres à la maison et des cadres de cuivre à chacune. Un joug de cuivre en travers du trou du toit. Quatre piliers de cuivre aux lits d’Ailill et Mève; ils étaient tous faits de bronze de cuivre et le lit était au centre même. A l’entour, il y avait deux frontons d’argent couverts d’or. Une baguette d’argent, du fronton rejoignait les traverses de la maison et l’entourait d’une porte à l’autre.

Ils pendirent leurs armes dans la maison; ils s’assirent et on leur fit bon accueil :  » Soyez les bienvenus, dirent Ailill et Mève. – C’est pour cela que nous sommes venus, répondit Frâech. – Ce ne serait pas facile de se quereller « , dit Mève. Puis Ailill et Mève se mirent à jouer aux échecs. Alors Frâech commence une partie d’échecs avec un homme de sa maison. Le jeu était splendide : l’échiquier de bronze blanc avec quatre oreilles et des coudes d’or; une chandelle de pierre précieuse l’éclairait; les pièces de l’échiquier étaient d’or et d’argent. –  » Préparez à manger aux jeunes gens, dit Ailill. – Ce n’est pas ce que nous voulons, dit Mève, mais je désire jouer aux échecs avec Frâech. – Je veux bien que tu y ailles « , dit Ailill. Alors Mève va trouver Frâech et joue avec lui. Pendant ce temps, les gens de la maison faisaient cuire le gibier.

 » Que tes harpistes nous jouent quelque chose, maintenant, dit Ailill. – Jouez donc « , dit Frâech. Un sac de peau de loutre, bordé de cuir écarlate, d’or et d’argent, entourait chaque harpe; au centre, la peau d’un chevreuil, aussi blanche que neige, mais avec des yeux d’un gris sombre au milieu, et des garnitures de lin sur les cordes, aussi blanches qu’un manteau de cygne. Les harpes étaient d’or, d’argent et de bronze blanc, avec des figures de serpents, d’oiseaux et de chiens en or et en argent. Quand on touchait les cordes, ces figures couraient en rond autour des hommes. Alors ils jouèrent, et douze hommes de la maison d’Ailill et de Mève moururent à force de pleurer et de s’attrister.

Ces trois harpistes étaient de bons mélodistes, et les lois d’Uaithné furent alors. Ce fameux trio se composait de trois frères : Pleureur, Rieur, Endormeur. Boinn la fée était leur mère et on les nommait ainsi des airs que jouait Uaithné, la harpe de Dagdé. Quand leur mère était en travail, la harpe pleura de tristesse, aux premières douleurs; elle sourit, rit et se réjouit au milieu, à la naissance des deux premiers fils; elle fut doucement endormante à la naissance du dernier, qui fut pénible. C’est de là que fut nommée la troisième partie de la musique. Puis Boinn se réveilla de son sommeil. –  » J’accepte, dit-elle, les trois fils, ô Uaithné pleine d’ardeur, puisqu’il y aura sommeil, rire et pleurs sur les vaches et les femmes qui iront avec Mève et Ailill. Les hommes mourront, qui prêteront l’oreille à leurs charmes. « 

Ils s’arrêtèrent alors de jouer dans le palais.  » C’est magnifiquement qu’il est venu, dit Fergus. – Distribue-nous la nourriture apportée à la maison « , dit Frâech. Lothar parcourut la maison en distribuant la nourriture. Il coupait chaque jointure sur la paume de la main avec son glaive et il ne touchait viande ni peau. Depuis qu’il avait la charge de distribuer les portions, sa main ne les gaspillait jamais.

Pendant trois jours et trois nuits, Mève et Frâech jouèrent aux échecs à la lueur des pierres précieuses. Enfin Frâech s’adressa à Mève :  » Il suffit, dit-il, que je t’aie gagnée; je ne prends pas ta mise; n’en sois pas froissée. – Depuis que tu es dans ce château, dit Mève, voici le jour qui m’a semblé le plus long – C’est évident, dit Frâech, voilà trois jours et trois nuits que nous jouons aux échecs. « 

Là-dessus, Mève se leva; elle trouvait honteux d’avoir laissé les jeunes gens sans manger. Elle alla vers Ailill et lui dit :  » Nous en avons fait de belles! Les jeunes gens venus du dehors n’ont pas eu à manger! – Tu as mieux aimé jouer aux échecs, dit Ailill. Cela n’empêche pas de distribuer de la nourriture aux gens dans la maison. – Il y a trois jours et trois nuits, dit-elle, mais il n’y a pas à compter la nuit à cause de l’éclat des pierres précieuses dans la maison. – Dites-leur donc, dit Ailill, de cesser leurs lamentations jusqu’à ce que la distribution leur soit faite.  » On leur distribua à manger; ils furent satisfaits et ils continuèrent à festoyer trois jours et trois nuits.

Puis Frâech fut appelé dans la maison par Ailill et Mève et ils lui demandèrent ce qui l’avait amené. –  » Je désirais, dit-il, vous faire visite. – La maisonnée n’est pas fâchée de vous connaître, dit Ailill; votre présence vaut mieux que votre absence. – je resterai donc, dit Frâech, une autre semaine avec vous.  » Alors ils restèrent dans le château jusqu’à la fin de la quinzaine, et chaque jour ils chassaient et rapportaient le produit de leur chasse au château. Les Connaciens venaient les visiter.

Frâech était ennuyé de n’avoir pas eu d’entretien avec la fille, ce qui était le motif qui l’avait amené. Un jour il s’était levé à la fin de la nuit pour se laver les mains à la fontaine. A ce même moment, elle était venue aussi avec sa servante à la même fontaine pour se laver les mains. Il lui prit aussitôt les mains :  » Reste à causer avec moi, dit-il; c’est pour toi que nous sommes venus. – Ce serait une bonne fortune pour moi, dit la jeune fille, si je le pouvais, mais je ne puis rien pour toi. – Dis-moi, t’enfuirais-tu avec moi? dit Frâech. – Je ne m’enfuirais certes pas, dit Findabair, car je suis fille de roi et de reine. Ta pauvreté n’est pas telle que tu ne puisses m’obtenir de ma famille, et je préférerais aller avec toi. C’est toi que j’ai aimé. Prends cet anneau, dit la fille, et ce sera un gage entre nous. Ma mère me l’a donné à garder et je raconterai que je l’ai perdu.  » Puis ils se séparèrent l’un de l’autre.

 » Je crains, dit Ailill, la fuite de cette jeune fille-là avec Frâech. – Toutefois on pourrait la lui donner; ce ne serait pas perdu, dit Mève, à condition qu’il vînt avec son bétail nous aider dans la razzia.  » Alors Frâech vint dans la maison pour leur parler :  » Est-ce un secret qu’il y a entre vous? dit-il. – Quel qu’il soit, tu peux cependant y prendre part, dit Ailill. – Voulez-vous me donner votre fille?  » dit Frâech. Alors les gens se regardent les uns les autres.  » On te la donnera, dit Ailill, si tu me donnes le douaire que je te demanderai. – Tu l’auras, dit Frâech. – Je demande trois vingtaines de chevaux gris foncé pour moi, dit Ailill, avec leurs mors d’or et d’argent, douze vaches laitières dont chacune donne du lait pour cinquante personnes, et chacune avec un veau blanc aux oreilles rouges; je te demande aussi de venir avec nous avec toute ta troupe et tes musiciens, à la razzia de Cualngé; ma fille sera à toi, pourvu que tu viennes à l’expédition. – Je jure par mon bouclier, par mon épée et par mes armes, dit Frâech, que je ne donnerais pas un tel douaire, même pour Mève de Cruachan.  » Alors il les quitta et sortit de la maison.

Là-dessus Ailill et Mève conférèrent ensemble chez eux. Ils dirent :  » S’il prend notre fille, cela nous mettra mal avec maints rois et seigneurs d’Irlande. Ce qui vaudrait mieux serait de se jeter sur lui et de le tuer sur-le-champ, avant qu’il ne nous détruise. – C’est mal, dit Mève, et c’est un déshonneur pour nous. – Ce ne sera pas un déshonneur, dit Ailill, de la manière que j’emploierai. « 

Ailill et Mève entrent dans le palais.  » Sortons maintenant, dit Ailill, pour voir les chiens chasser jusqu’à midi et jusqu’à ce qu’ils soient fatigués.  » Puis ils s’en vont tous à la rivière pour se baigner.  » On m’a raconté, dit Ailill, que tu es bon dans l’eau, ô Frâech; va dans l’étang, que nous te voyions nager. – Comment est cet étang? dit-il. – Nous n’y connaissons aucun danger, dit Ailill, et on s’y baigne fréquemment.  » Alors Frâech ôte ses vêtements et va dans l’étang, laissant à terre sa ceinture. Ailill ouvre la bourse, y trouva l’anneau et le reconnut aussitôt.  » Viens là, dit Ailill, ô Mève!  » Mève vint à l’endroit où était Ailill, et il lui présenta l’anneau.  » Le reconnais-tu? dit-il. – Certes, je le reconnais « , dit Mève. Ailill le jette dans la rivière. Mais Frâech s’en aperçut : il vit le saumon sauter dessus et le mettre dans sa bouche. Frâech saute sur le saumon, le prend par les ouïes, l’emporte sur la terre et le pose dans un endroit caché sur la rive. Puis il se mit à sortir de l’eau.  » Ne sors pas de l’eau, dit Ailill, sans m’apporter une branche de ce sorbier là-bas, sur le bord de la rivière. Je trouve ses baies jolies.  » Alors il part pour atteindre le sorbier, brise une branche de l’arbre et, la portant sur son épaule, traverse l’eau pour revenir. Findabair remarque que, quelque belle chose qu’elle eût vue, elle trouvait plus beau de voir Frâech sur l’Étang Noir de Brei : son corps très blanc, sa très belle chevelure, sa jolie figure, ses yeux bleus, tendre jeune homme sans aucune défectuosité : le visage étroit du bas, large du haut; sa taille droite sans défaut; la branche avec ses sorbes entre son cou et sa figure blanche. Voici ce que dit Findabair :  » Je n’ai rien vu qui, à moitié ou au tiers, approchât de sa beauté. « 

Alors, de l’eau, il leur jeta les branches :  » Les baies sont splendides et superbes; apporte-nous-en encore « , dit Ailill. Frâech retourne au milieu de l’eau. La Bête l’y saisit :  » Passez-moi un glaive, dit-il, la Bête me tient.  » Mais il n’y avait sur la rive aucun homme qui osât lui en donner un, par crainte d’Ailill et de Mève. Alors Findabair enlève rapidement ses vêtements et se jette à l’eau, avec l’épée de Frâech. Son père lui lance un javelot à cinq pointes à la distance d’une portée; le javelot traverse ses deux tresses, mais Frâech l’attrape à la main, et le lance vers la terre, avec la Bête encore à ses côtés; il le jette avec une telle adresse qu’il traversa la robe de pourpre et la tunique d’Ailill. Alors les jeunes se groupent autour d’Ailill. Findabair sort de l’eau et laisse le glaive à Frâech; celui-ci coupe la tête à la Bête; elle resta sur le côté et il la ramena avec lui à terre. De là vient le nom de l’Étang Noir de Frâech, dans la Bray, sur le territoire de Connacht.

Ensuite Ailill et Mève revinrent en leur château. –  » Voilà une belle affaire que nous avons faite! dit Mève. – Nous nous repentons de ce que nous avons fait contre cet homme, car il n’est pas coupable. Quant à notre fille, dit-il, ses lèvres mourront demain soir, et ce ne sera pas la faute d’avoir apporté le glaive qui lui sera imputée. Préparez un bain pour cet homme! dit Ailill, un bouillon gras frais de viande de génisse coupée au couperet et à la hache, et apportez-le-lui dans le bain.  » Tout fut fait comme il l’avait dit.

Les sonneurs de cor, avant cela, allèrent au château. Ils sonnèrent de telle sorte que trente des propres amis d’Ailill et de Mève moururent du charme plaintif de la musique. Puis Frâech entra dans le château et se mit dans le bain, et les femmes s’assemblèrent autour de lui près de la cuve pour le frotter et lui laver la tête; puis on le sortit du bain et on lui fit un lit.

Alors on entendit sur Cruachan une lamentation, aux environs, et l’on vit trois cinquantaines de femmes en tuniques de pourpre, avec des coiffures vertes, avec des bracelets d’argent au poignet. On envoya vers elles pour savoir l’histoire qui causait leur lamentation. –  » C’est Frâech, fils d’Idach, dit la femme, le fils favori du roi des fées d’Irlande.  » Là-dessus, Frâech entendit la lamentation. –  » Soulevez-moi, dit-il aux siens, c’est la lamentation de ma mère et des femmes de Boinn.  » Aussitôt, on le soulève et on le porte vers elles. Les femmes l’entourent et l’emportent en Cruachan.

Le lendemain, à none, on le vit revenir, avec cinquante femmes autour de lui : il était guéri, sans blessure ni mal; les femmes étaient du même âge, de la même taille, de la même beauté, avec l’aspect des fées, et il n’était pas possible de les distinguer les unes des autres. Peu s’en fallut que les gens ne s’étouffassent en se pressant autour d’elles. Elles le quittèrent à la porte de la cour. Elles continuèrent leur lamentation en s’en allant de sorte que les gens qui étaient dans la cour en devinrent fous, et c’est de là que vient la  » Lamentation des Fées « , chez les musiciens d’Irlande.

Puis il rentre dans le château. Toute l’assemblée se lève devant lui et lui souhaite la bienvenue, comme s’il était revenu d’un autre monde. Ailill et Mève se levèrent et exprimèrent leur regret de ce qu’ils lui avaient fait; ils font la paix avec lui. Puis ce soir-là, ils se mirent à festoyer dans le palais. Frâech appelle à lui un jeune homme de sa troupe et lui dit :  » Va-t’en à l’endroit où je suis entré dans l’eau; j’y ai laissé un saumon; porte-le à Findabair; qu’elle l’apprête et le fasse bien cuire; l’anneau est à l’intérieur. Je crois vraisemblable qu’il en sera question ce soir.  » Puis l’ivresse s’empara d’Ailill et de Mève et ils prirent plaisir aux chants et au jeu.

Ailill dit à son intendant :  » Qu’on m’apporte mes bijoux!  » On les lui apporta tous alors et on les mit devant lui.  » Merveille des merveilles!  » dit chacun dans le palais. –  » Appelez-moi Findabair!  » dit Ailill. Findabair vint à eux avec cinquante filles de rois et de seigneurs de Connacht.  » Ma fille, dit Ailill, l’anneau que je t’ai donné l’an dernier, l’as-tu encore? Apporte-le-moi pour que les jeunes gens le voient; je te le rendrai ensuite. – Je ne sais pas, dit-elle, ce qu’on en a fait. – Trouve-le donc, dit Ailill, il faut que tu le cherches, ou que ton âme s’en aille de ton corps. – Cela n’est pas juste, dirent les jeunes gens; il y a déjà beaucoup de biens ici. – Il n’y a aucun de mes joyaux que je ne donnerais pour ta fille, dit Frâech, parce qu’elle m’a apporté le glaive pour défendre ma vie. – Tu n’as point de joyau qui puisse l’aider si elle n’apporte pas l’anneau, dit Ailill. – Il n’est pas en mon pouvoir de te le donner, dit la fille; fais de moi ce que tu voudras. – J’en jure par le dieu que jure ma tribu, tes lèvres mourront, si tu n’apportes pas l’anneau, dit Ailill. C’est parce que c’est difficile que je te le demande; car je sais que jusqu’à ce que reviennent ceux qui sont morts depuis le commencement du monde, il ne sortira pas de l’endroit où il a été jeté. – Il ne viendra donc pas pour un trésor ou une nécessité, dit la fille, le joyau que l’on demande. Je vais l’apporter, puisque voici bien des fois qu’on le demande. – Tu n’iras pas, dit Ailill, mais envoie quelqu’un le prendre.  » La jeune fille envoya sa servante pour le prendre :  » J’en jure par le dieu que jure ma tribu; si on le trouve, je ne resterai pas plus longtemps sous ton pouvoir, quand même je n’aurais d’autre occupation que la débauche. – Je ne t’empêcherai pas même d’aller trouver le garçon d’écurie, si on trouve l’anneau « , dit Ailill. Là-dessus, la servante apporta le plat dans le palais; dessus était le saumon cuit, avec un assaisonnement au miel que la fille avait préparé, et l’anneau d’or était sur le saumon. Ailill et Mève le considérèrent.

Puis on regarda Frâech et celui-ci regarda sa bourse. –  » Il me semble qu’il est attesté que j’ai laissé ma ceinture, dit Frâech. Par ta vraie royauté, dis-nous ce que tu as fait de l’anneau. – Je ne te le cèlerai pas, dit Ailill. C’est à moi qu’est l’anneau qui était dans ta bourse et je savais que c’était Findabair qui te l’avait donné. C’est pourquoi je l’ai jeté dans l’Étang Noir. Par la vérité de ton honneur et de ta vie, ô Frâech, raconte comment tu as pu le rapporter. – Je ne te le cèlerai pas, dit Frâech. Le jour où je trouvai l’anneau à la porte de la cour, je vis que c’était un joyau de prix. Aussi le serrai-je aussitôt dans ma bourse. J’entendis, le jour où j’allai à l’eau, la fille qui l’avait perdu, le chercher. je lui dis :  » Quelle récompense aurai-je de toi si je le trouve?  » Elle me dit qu’elle me donnerait une année d’amour. Par hasard je n’avais pas l’anneau sur moi; je l’avais laissé à la maison. Nous ne nous rencontrâmes plus jusqu’à ce que nous nous trouvâmes, au moment où elle me mit le glaive en main, dans la rivière. Puis je te vis quand tu ouvris ma bourse et que tu jetas l’anneau dans l’eau. Je vis le saumon qui sauta dessus et le prit dans sa bouche. Alors, j’attrapai le saumon, le mis dans un manteau et le passai à la fille. C’est ce saumon que voilà sur le plat. « 

Toute la maisonnée fut pleine de surprise et d’admiration devant cette histoire. –  » Je ne donnerai pas ma pensée à un jeune homme d’Irlande autre que toi, dit Findabair. – Engage-toi à lui, dirent Ailill et Mève; viens avec nous, avec tes vaches, à la Razzia de Cualngé, et quand tu seras revenu de l’Est avec tes vaches, vous vous marierez la nuit même, toi et Findabair. – Je le ferai « , dit Frâech. Ils restèrent là jusqu’au lendemain. Frâech et sa troupe s’équipèrent. Ils dirent adieu à Ailill et à Mève. Puis ils partirent pour leur pays.

Or il était arrivé que ses vaches venaient d’être volées. Sa mère vint à lui :  » Il n’a pas été heureux, dit-elle, le voyage que tu as fait. Il te causera bien de l’ennui. Tes vaches ont été volées, ainsi que tes trois fils et ta femme, et sont dans la montagne des Alpes. Trois des vaches sont dans l’Écosse du Nord, chez les Pictos. – Alors, que faire? dit-il à sa mère. – Tu n’iras pas les chercher; tu ne vas pas donner ta vie pour elles, dit-elle. Tu auras par moi d’autres vaches. – Non, certes, dit-il. Il est de mon honneur et de ma vie d’aller trouver Ailill et Mève, avec des vaches, pour la Razzia de Cualngé. – Tu n’obtiendras pas ce que tu cherches « , dit sa mère. Là-dessus, il la quitta.

Alors il partit avec trois neuvaines d’hommes, un faucon et un chien à laisse, en sorte qu’il arriva sur le territoire de l’Ulster, et rencontra Conall Cernach dans les montagnes de Boirché. Il lui fit part de sa recherche.  » Ce que tu es en train de faire, dit celui-ci, ne sera pas chanceux; tu auras beaucoup d’ennui, quelle que soit ton intention. – Reste avec moi dit Frâech à Conall, pour venir avec moi, à quelque moment que nous nous trouvions. – Je viendrai certes « , dit Conall.

Ils partirent tous les trois; ils traversèrent la mer, le nord de l’Angleterre, la mer des Wight, et arrivèrent au nord de la Lombardie, puis aux montagnes des Alpes. Ils virent en face d’eux une jeune fille qui gardait des moutons. –  » Allons tous deux, dit Conall, ô Frâech, parler à la femme là-bas, et que nos jeunes gens restent ici!  » Ils allèrent donc lui parler. Elle leur dit :  » D’où êtes-vous? – D’Irlande, dit Conall. – Il ne sera pas chanceux pour les hommes d’Irlande de venir en ce pays. Ma mère aussi est d’Irlande. – Aide-moi, dit Conall Cernach, par amitié. Raconte-moi un peu nos voyages. En quelle espèce de pays sommes-nous arrivés? dit-il. – Dans un pays affreux et terrible, avec des jeunes guerriers rudes et rusés qui vont de tout côté enlever des vaches, des femmes et des vêtements, dit-elle. – Qu’est-ce qu’ils ont pris, tout dernièrement? – Les vaches de Frâech, fils d’Idach, de l’ouest de l’Irlande, avec ses trois fils et sa femme, dit-elle. Sa femme est ici chez le roi, dans le château; voici ses vaches dans la terre devant vous. – Tu viendras à notre aide? dit Conall. – Mon pouvoir est petit; je n’ai que de la science, dit-elle. – C’est Frâech qui est là auprès de moi, dit Conall, et ce sont ses vaches, sa femme et ses fils qui ont été amenés ici. – Croyez-vous la femme fidèle? dit-elle. – Nous l’avons crue fidèle quand elle est partie de chez nous; mais elle ne doit pas être fidèle depuis son arrivée ici, dit Frâech. – C’est sans doute vrai, dit-elle. Allez trouver la femme qui garde les vaches, dites-lui votre affaire. Elle est de race irlandaise et, en particulier, d’Ulster. « 

Ils vont aussitôt vers elle, l’abordent, se nomment à elle, et elle leur souhaite la bienvenue. –  » Qu’est-ce qui vous amène? dit-elle. – C’est un grand ennui qui nous amène, dit Conall. C’est à nous que sont les vaches et les fils et la femme qui ont été amenés à ce château, dit Conall le victorieux. – Il ne sera pas chanceux, certes, pour vous, dit-elle, d’aller à la recherche de la femme; plus malaisé que tout, dit-elle, est le serpent qui garde le château. – Je ne suis pas à la recherche de la femme, dit Frâech; je ne la crois pas fidèle; nous savons que tu ne nous trompes pas, parce que nous sommes de l’Ulster. – Quels hommes d’Ulster êtes-vous? – Voici Conall le victorieux à mes côtés, dit Frâech, le meilleur guerrier d’Ulster « , dit-il. Elle entoure de ses bras le cou de Conall le victorieux :  » Voici la destruction, cette fois-ci, dit-elle, puisque tu es venu, ô Conall; car c’est toi qui, d’après une prédiction, détruiras ce château. Je m’en vais donc, dit-elle, à ma maison; je ne trairai pas du tout les vaches ce soir et je dirai que les veaux sont à téter; je laisserai la cour ouverte devant vous, car c’est moi qui la ferme d’ordinaire chaque soir. Vous viendrez dans le château quand les jeunes gens du château seront endormis. Il n’y a de malaisé pour vous que le serpent qui est au château. Bien des gens lui sont abandonnés. – Nous irons, quoi qu’il en résulte « , dit Conall. On attaqua la forteresse au moment de la nuit. Le serpent fit un bond et tomba endormi dans la ceinture de Conall Cernach. Aussitôt ils pillent le château; ils sauvent ensuite la femme et les trois fils, emportant avec eux les plus précieux joyaux du château. Conall délia le serpent de sa ceinture sans que l’un d’entre eux fît aucun mal à l’autre.

Ensuite ils allèrent dans le pays des Pictes du Nord et ils emmenèrent leurs trois vaches qui s’y trouvaient. Puis ils partirent pour le château de Ollach fils de Brian, en Airdh-Ua n-Eachdach, au-delà de la mer, à l’Est. C’est là que mourut Bicné, fils de Loégairé, garçon de Conall Cernach, en conduisant les boeufs. De lui vient le nom  » Embouchure de Bicné  » à Bennchur en Ulster, et c’est là qu’ils firent traverser les vaches, et c’est alors qu’elles perdirent leurs cornes au rivage de Bennchur, et c’est de là que vient ce nom.

Frâech partit ensuite pour son pays avec sa femme, ses fils et ses vaches, en sorte qu’il alla avec Ailill et Mève à la Razzia de Cualngé.