Conte Basque : Errua

Errua signifie blâme, faire faillite, reprocher en basque. Voici l’histoire d’Errua, l’homme fou.

Errua, le Fou

Comme beaucoup d’autres dans le monde, il y avait un homme et une femme qui avaient un. fils. Il était très méchant, et ne faisait que du mal, et était d’un caractère complètement dépravé. Les parents ont décidé qu’ils devaient le renvoyer, et le garçon était tout à fait disposé à partir.

Il part alors, et va loin, loin, très loin. Il vient dans une ville et demande s’ils veulent un serviteur. Ils en voulaient un dans une (certaine) maison. Il y va. Ils règlent leurs conditions à tant par mois, et que celui qui n’est pas satisfait doit arracher la peau du dos de l’autre.

Le maître envoie son serviteur dans la forêt pour récupérer les morceaux de bois les plus tordus qu’il puisse trouver. Près de la forêt, il y avait un vignoble. Que fait le serviteur sinon tout découper et le porter à la maison. Le maître lui demande où est le bois. Il lui montre le bois de vigne coupé. Le maître ne lui dit rien, mais il n’était pas content.

Le lendemain, le maître lui dit : « Conduis les vaches dans tel champ et ne perce aucun trou dans la clôture.

Que fait le garçon ? Il coupe toutes les vaches en petits morceaux et les jette peu à peu dans le champ. Le maître était encore plus en colère ; mais il ne put rien dire, de peur d’avoir la peau arrachée. Donc, que fait-il? Il achète un troupeau de porcs et envoie son serviteur à la montagne avec le troupeau.

Le maître savait bien qu’il y avait un Tartare dans cette montagne, mais il l’y envoie tout de même.

Notre fou marche, marche, marche. Il arrive à une petite hutte. La maison du Tartare était assez proche de la sienne. Les Cochons du Tartare et ceux du fou sortaient ensemble. Le Tartare lui dit un jour :

« Voulez-vous parier sur qui lancera la pierre le plus loin ? »

Il a accepté le pari. Ce soir-là, notre fou était très triste. Pendant qu’il était en prière, une vieille femme lui apparut et lui demanda :

« Qu’est-ce qui t’arrive ? Pourquoi es-tu si triste ?

Il lui raconte le pari qu’il a fait avec le Tartare. La vieille lui dit :

« Si ce n’est que ça, ce n’est rien »

Alors elle lui donne un oiseau et lui dit :

« Au lieu d’une pierre, jetez cet oiseau. »

Le fou en fut très content. Le lendemain, il fait comme la vieille femme lui a dit. La pierre du Tartare est allée énormément loin, mais enfin elle est tombée ; mais l’oiseau du fou n’est jamais descendu du tout.

Le Tartare s’étonna d’avoir perdu son pari, et ils en firent un autre, lequel des deux jetterait le plus loin une barre de fer. Le fou accepta à nouveau. Il était tristement dans sa petite maison en prière. La vieille femme réapparaît. Elle lui demande–

« Quel est ton problème? »

« J’ai encore fait un pari, lequel des deux lancera le plus loin la barre de fer, et j’en suis bien désolé. »

« Si ce n’est que cela, ce n’est rien. Lorsque vous saisissez la barre de fer, dites: ‘Lève-toi, barre de fer, ici et Salamanque.' » (Altchaala palenka, hemen eta Salamanka.) 1

Le lendemain, le Tartare prend sa terrible barre de fer et la jette terriblement loin. Le jeune homme pouvait à peine soulever une extrémité, et il dit :

« Lève-toi, barre de fer, ici et Salamanque. »

Quand le Tartare a entendu cela (il a crié) –

« J’abandonne le pari, vous avez gagné », et il lui enlève la barre de fer. « Mon père et ma mère habitent Salamanque ; ne jetez pas, je vous en supplie, je vous en supplie, vous les écraserez.

Notre fou s’en va très content.

Le Tartare lui dit encore :

« J’arracherai le plus gros chêne de la forêt et tu en arracheras un autre. »

Il dit: « Oui. » Et plus il tardait dans la journée, plus il devenait triste. Il était à ses prières. La vieille femme revient vers lui et lui dit :

« Quel est ton problème? »

Il lui raconte le pari qu’il a fait avec le Tartare, et comment il va arracher un chêne. La vieille femme lui donne trois pelotes de fil et lui dit de commencer et de les attacher à tous les chênes de la forêt. 1

Le lendemain, le Tartare arrache son chêne, énormément, énormément gros ; et le fou se met à nouer, à nouer, à nouer.

Le Tartare lui demande :

« Pourquoi tu fais ça ? »

« Vous (en avez tiré) un, mais moi tous ceux-ci. »

Le Tartare répond,

« Non ! Non ! Non ! Que ferai-je pour engraisser mes cochons sans glands ? Vous avez gagné ; vous avez gagné le pari. »

Le Tartare ne savait qu’en penser, et vit qu’il en avait trouvé un plus intelligent que lui, alors il lui demanda s’il viendrait passer la nuit chez lui.

Le fou dit : « Oui ».

Il se couche alors avec le Tartare. Mais il savait qu’il y avait un mort sous le lit. Quand le Tartare dormait, que fait le fou ? Il place le mort à côté du Tartare et se met lui-même sous le lit. Au milieu de la nuit, le Tartare se lève, prend sa terrible barre de fer et fait pleuvoir coups sur coups, ping pan, ping pan, aussi longtemps et aussi fort qu’il peut en donner.

Le Tartare se lève comme d’habitude, et va voir ses cochons, et le fou sort aussi de dessous le lit ; et il va aussi voir les cochons. Le Tartare est tout étonné de le voir venir, et ne sait qu’en penser. Il se dit qu’il a affaire à un plus malin que lui ; mais il lui demande s’il a bien dormi.

Il répond : « Oui, très bien ; seulement j’ai senti quelques piqûres de puces.

Leurs cochons s’étaient mélangés, et comme ils étaient gras, il dut les séparer pour partir avec le sien. Le Tartare demanda au fou quelle marque avaient ses cochons.

Le fou lui dit: « Les miens ont certains d’entre eux un point, certains d’entre eux deux points. »

Ils se sont mis au travail pour les regarder, et ils avaient tous ces mêmes marques.

Notre fou s’en va alors avec tous les porcs. Il marche, marche, marche, avec tous ses cochons. Il vient dans une ville où c’était juste jour de marché, et les vend tous sauf deux, gardant cependant tous les queues, qu’il a mises dans ses poches. Comme vous pouvez le penser, il a toujours eu peur du Tartare. Il le voit descendre de la montagne. 

Il tue un de ses porcs et met les entrailles dans son propre sein sous son gilet. Il y avait un groupe d’hommes près de la route. En passant devant eux, il a sorti son couteau, l’a enfoncé dans la poitrine et a extrait les entrailles du cochon, et notre fou s’est mis à courir beaucoup plus vite qu’avant, avec son cochon devant lui.

Lorsque le Tartare s’approche de ces hommes, il leur demande s’ils ont vu un tel homme.

« Oui, oui, il courait vite, et pour aller plus vite juste ici, il s’est poignardé, et a jeté ses entrailles, et toujours il a continué d’autant plus vite. »

Le Tartare aussi, pour aller plus vite, s’enfonce son couteau dans le corps et tombe mort. 1

Le fou va chez son maître. Près de la maison il y avait un marais assez plein de boue. Il y met son cochon vivant, et toutes les queues aussi. Il entre dans la maison et dit au maître qu’il est là avec ses cochons. Le maître est stupéfait de le voir.

Il lui demande : « Où sont les cochons, alors ? »

Il lui dit : « Ils sont allés dans la boue, ils étaient si fatigués. »

Tous les deux sortent, et commencent à sortir le vrai cochon, et entre les deux ils le sortent très bien. Ils essaient de faire la même chose avec les autres; mais ils ne tiraient que des queues.

Le fou dit : « Tu vois comme ils sont gros, c’est pour ça que les queues sortent toutes seules. »

Il envoie le serviteur chercher la bêche et la houe. Au lieu de les amener il se met à battre la maîtresse, zut ! battre! et il crie au maître : « Un ou les deux ?

Le maître lui dit : « Les deux, les deux. »

Et puis il bat la servante presque en pièces. Il va alors chez le maître, emportant avec lui la bêche et la houe, et il se met à le battre avec la bêche et la houe, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus se défendre, puis il lui arrache la peau du dos, et prend son porc et s’en va chez son père et sa mère; et comme il a bien vécu, il est bien mort aussi.