La seconde partie de grande légende tahitienne de Tafa’i, l’un des héros mythique de la culture polynésienne, raconte le mariage de Hina et les aventures de son fils Hema et de son petit fils Tafa’i. La première partie de cette légende racontait le tragique amour de Hina et de Monoihere.
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ToggleL’histoire de Hema et de la jeunesse de Tafa’i
Quelque temps après ses aventures avec sa mère Nona, Hina épousa le jeune chef No’a qui l’avait protégée et délivrée, elle donna naissance à deux garçons, le premier nommé Pûa’ari’i-tahi (Grappe de premières petites racines) et le second, Hema.
Les deux garçons devinrent de beaux adolescents et étaient des experts en surf. Un jour qu’ils se préparaient à sortir pour pratiquer leur sport favori, Hina demanda à son fils aîné Pu-a’a-ri’i-ahi de lui peigner les cheveux et comme il refusait elle lui dit « Ah ! Ta femme ne sera pas une femme de haut rang».
Elle demanda ensuite la même chose à Hema et celui-ci accepta avec empressement. Tandis qu’il peignait ses longues tresses et les nattait, il aperçut un pou qu’il montra à sa mère, celle-ci lui dit : « Ta femme sera une femme remarquable ».
Un peu plus tard Pua’a ri’i tahi prit pour femme Te’ura. Elle lui donna cinq fils nommés Arihi nui apua , Ta oe a pua , Orooro-i-pua, Te mata tui’au ia ro’o et Te mata a’a ra’i.
Un jour, sa mère lui dit : « Lève-toi de bon matin et va creuser un trou dans la rive droite de la rivière Vaipoopoo à la pointe de Haapape (Mahina). Cache-toi dans cette excavation et bientôt tu verras venir se baigner une femme des régions souterraines d’une grande beauté. Par derrière, saisis-lui les cheveux, car elle est très vigoureuse, emporte-la et ne la laisse pas toucher terre avant d’avoir, sur ton chemin, dépassé quatre maisons.
Ainsi fit Hema: au moment où les premiers rayons du soleil apparaissaient, il terminait son trou et s’y cacha soigneusement. Bientôt, il vit paraître la déesse qui entra tranquillement dans l’eau, plongea, nagea, jouant dans l’eau comme un poisson. Son bain fini, elle dénoua sa longue chevelure qui recouvrit ses formes admirables et s’assit sur la berge tournant le dos à Hema.
Ce dernier s’approcha sans bruit, saisit une poignée de cheveux qu’il entoura vivement autour de son poignet et, malgré sa résistance, emporta dans ses bras la déesse qui se débattait. Il fuyait vers sa maison, mais quand il eut dépassé, deux habitations, elle le supplia de la poser un peu à terre. Il accéda à son désir pensant qu’elle marcherait tranquillement à son coté.
Mais, à peine eut-elle touché le sol qu’elle s’enfuit et disparut dans une crevasse qui se referma sur elle. Hema rentra chez lui désespéré et raconta à sa mère ce qui lui était arrivé. Celle ci lui conseilla de retourner le lendemain matin au même endroit, lui recommandant bien de ne pas déposer la déesse avant d’avoir passé devant quatre habitations,
Hema ne put manger de toute la journée et le lendemain, à l’aube, il était dans sa cachette au bord de la rivière. La déesse vint plus tôt que le jour précédent pensant ainsi échapper à son poursuivant; elle se baigna en hâte et, ne voyant personne, elle s’assit de nouveau sur la berge tout près de Hema. Celui-ci la saisit comme la veille et, malgré ses efforts pour s’échapper et ses supplications, il l’emporta jusqu’à sa maison.
Alors, voyant que les habitants du monde supérieur l’avaient aperçue dans les bras de Hema et la considéraient comme sa femme, s’étant d’ailleurs attachée au jeune homme, elle consentit à demeurer avec lui. Et elle, une déesse épousa un mortel selon les rites religieux de ce temps-là.
On lui donna le nom de Hina Tahutahu (la magicienne) à cause de son origine mystérieuse et de son pouvoir surnaturel, car elle guérissait les malades, pouvait lire dans la pensée et prévoir l’avenir.
Hina Tahutahu donna à son mari Hema deux enfants : Arihi-nui-apua et un géant blond qui était poilu comme son grand-père et auquel on donna le nom de Tafa’i-iri’ura (Tafa’i a la peau rouge) qui est connu plus simplement sous le nom de Tafa’i.
Dès son plus jeune âge, Tafa’i montra qu’il avait hérité des pouvoirs surnaturels de sa mère et qu’il était en rapport avec les dieux. Son frère aîné ne fut jamais qu’un chef simple mortel éclipsé par la gloire de son cadet. La tendre enfance de ces deux garçons se passa agréablement à jouer avec leurs cousins et d’autres enfants, leurs jeux étaient la toupie, les petits bateaux à voile, le jeu de balle, les bains et la natation.
Mais un jour vint où ils désirèrent de nouveaux jeux. Les cousins de Tafa’i faisaient des boules d’argile qu’ils faisaient rouler sur le sol et celui dont la balle se brisait en roulant était le perdant.
Tafa’i alors demanda à sa mère comment on pouvait façonner des boules bien solides et elle lui conseilla de prendre du sable fin de la plage, de le mélanger à l’argile et de bien faire sécher les boules avant de les utiliser. Ainsi fait, il s’en fut jouer avec ses cousins qui lui crièrent : « Ah ! cher Tafa’i, viens et fais rouler la tienne »
Mais Tafa’i répondit : « Non, le premier doit être le premier, et le dernier le dernier » .
Ils se mirent à faire rouler leurs boules les unes après les autres et toutes se brisèrent à l’exception de celle de Tafa’i, qui sortit vainqueur du jeu.
Ensuite, Tafa’i et ses cousins ont joué au Titiraina, une pirogue jouet que l’on pousse avec un bâton et qui est stabilisé par une nervure de feuille de cocotier faisant office de balancier.
Le jouet a été placé à la surface des vagues un peu dans la mer, d’où il a flotté sur le rivage. Des courses entre ces jouets se déroulaient au bord de la mer. Le gagnant du jeu étaient celui dont le Titiraina arrivait à terre le premier. Tafa’i, sur les indications de sa mère, réalisa sa pirogue avec une tige de liane Pohue dont la légèreté le faisait gagner à chaque fois.
Ses cousins furieux et jaloux de le voir toujours gagner, se précipitèrent sur lui et le frappèrent avec une telle violence que, le croyant mort, ils l’enterrèrent dans le sable. Mais sa mère apprenant au même instant ce qui se passait se rendit à l’endroit où se trouvait le corps et le ramena à la vie. Mais lorsqu’elle le questionna pour connaître les responsables, il s’efforça de les disculper.
C’est ainsi que Tafa’i excellait dans tout ce qu’il entreprenait et bien souvent ses cousins par jalousie et dépit le frappaient avec violence, le laissant pour mort, mais sa mère qui le ramenait aussitôt à la vie ne l’entendait jamais se plaindre. A la fin Hema, son père, désolé du traitement que ses neveux infligeaient à son fils, quitta ce monde et descendit au Pô (Ténèbres) pour y vivre.
Alors que Tafa’i n’était encore qu’un adolescent sa mère lui transmit tout son pouvoir magique dont il se pénétra en ouvrant la bouche au-dessus de la tête de sa mère , aussitôt après il sentit le besoin de voyager et d’accomplir de grands exploits.