Quelques années après que Tafa’i soit descendu au royaume des Ténèbres pour récupérer son père, Tafa’i participe à deux épreuves pour conquérir la main de la belle princesse hawaïenne Te’uraitea’i : le Kava et le cochon Moiri.
Contenus
ToggleLes deux épreuves de Tafa'i : le Kava et le cochon Moiri
Les cinq cousins de Tafa’i, fils de Pua’ari’itahi, décidèrent d’aller briguer sa main et préparèrent une pirogue double à cet effet. Tafa’i déclara à sa mère qu’il avait également l’intention d’y aller ; celle-ci saisit une gaine de fleurs de cocotier et la posant sur la mer, la transforma en une splendide pirogue qu’ils nommèrent Niu (Cocotier) et qui fut bientôt prête pour le voyage.
Sa mère lui annonça que son requin ancestral Tere-mahia-ma-hiva (voyage rapide avec la flotte) l’accompagnerait et qu’il devrait le considérer comme son ancêtre gardien protecteur (Taura), ce qu’il promit de faire.
Les deux pirogues partirent en même temps. La double avait un équipage de marins expérimentés, un pilote et un astrologue. Dans la pirogue simple Tafa’i était tout seul escorté par le fidèle requin, et il eut tôt fait de laisser ses cousins derrière. Lorsque les cinq frères approchèrent du rivage de Hawaii, ils aperçurent leur cousin Tafa’i qui fut le premier à leur souhaiter la bienvenue. La famille royale de Havai’i du Sud reçut très aimablement les jeunes chefs qui venaient s’offrir à la princesse.
Quelques jours plus tard il fut décidé de mettre les jeunes Tahitiens à l’épreuve et la jeune princesse fut désignée comme arbitre. Ils étaient tous ceinturés et armés de lances pour l’occasion.
La première épreuve consistait à arracher par les racines un arbre géant, un kava (pometier enivrant) qui était possédé du démon et qui avait provoqué la mort de ceux qui le dérangeaient. Chaque homme devait se présenter suivant son âge.
Le jeune homme s’élança et enfonça sa lance à la base du tronc ; immédiatement l’arbre, devenant une chose vivante, lança ses racines sur lui le perçant de part en part. Puis vint le second frère Ta-oe-a-pua qui subit le même sort ainsi que les trois autres frères Orooro-i-pua, Te-mata-tauia-ia-ro’o et Te-mata- a’a-ra’i.
Voyant qu’ils étaient tous morts la princesse dit à ses parents : « Cela suffit peut-être ». Mais ceux-ci déclarèrent que le dernier devait essayer lui aussi ; c’était le tour de Tafa’i et la princesse fui dit : « O Tafa’i attends ! Tafa’i à la peau qui fit surgir Hawaii, fils de Hema, mes sympathies vont vers toi ! Viens arracher cet kava et mâche-le pour en faire de la boisson et enivrer Hawaii ».
Sans s’émouvoir le noble géant s’avança et enfonça sa lance à la base du tronc et au moment où les racines cherchaient à le saisir, il tint sa lance solidement par l’extrémité et les racines vinrent s’enrouler dessus comme les tentacules d’une pieuvre, puis il continua à enfoncer sa lance jusqu’à ce que l’arbre tout entier cédât. Il l’arracha alors, le souleva au bout de sa lance, battit et meurtrit les racines pour qu’elles perdent toute puissance, puis reposa l’arbre sur le sol. Enfin, se tournant vers ses cousins qui gisaient sans vie, il les fit revenir à la vie au grand émerveillement des spectateurs.
Dès que les Tahitiens furent prêts à préparer la boisson avec les racines d’ava, ils demandèrent un cochon et d’autres victuailles pour compléter les réjouissances. La famille royale accéda à leurs désirs en leur désignant le fameux cochon Moiri, monstre qui dévorait les gens et dont la réputation était parvenue depuis longtemps à Tahiti. La mise à mort de cette plaie de l’humanité devait être la dernière épreuve à laquelle on devait soumettre les jeunes gens et, comme pour l’épreuve précédente, ils devaient se présenter d’après leur âge.
Quand ce fut le tour de Tafa’i, celui-ci plongea sa lance dans la gueule du cochon au moment où celui-ci allait l’avaler ; une terrible lutte s’ensuivit, dont Tafa’i sortit victorieux. Aussitôt il fit dépecer le cochon et en sortit ses cousins qui revinrent à la vie. Des applaudissements sans nombre saluèrent cet exploit et Tafa’i fut reconnu sans conteste comme le plus grand héros que Havai’i-à eût jamais vu. Le cochon fut apprécié de tous, et le kava que les Tahitiens avaient préparé fut jugé excellent et réjouit le cœur des buveurs.
Enfin le moment vint pour le héros de réclamer sa princesse. Le roi et la reine étaient prêts à accepter Tafa’i et la princesse qui avait conçu une grande admiration pour lui était prête à lui donner sa main.
La stupéfaction fut grande lorsque le héros, parlant en son nom et au nom de ses cousins, leur dit : « la ora na ra ’outoa, te ho’i nei matou ito matou fertua » (Et maintenant adieu, nous allons rentrer dans notre pays). C’est alors que les Hawaiiens comprirent qu’ils avaient offensé les Tahitiens en les traitant trop durement et malgré leurs protestations ils ne purent les faire changer d’avis.
Les Tahitiens repartirent exactement comme ils étaient venus. Une fois rentrés chez eux après leur inutile expédition, ils renoncèrent à rechercher des beautés célèbres d’autres pays et, parmi leurs compatriotes, trouvèrent des épouses qui leur convinrent fort bien. Tafa’i épousa une belle et jeune cheffesse du Nord de Tahiti appelée Hina ; elle était connue pour ses magnifiques cheveux noirs qui descendaient jusqu’à ses pieds. Leur attachement l’un pour l’autre fut long et durable.