Il y a quelques deux ou trois cents ans, les Lamiñak, dit-on, avaient une demeure à Saint-Pée, sous le pont d’Utsalea. Mais, on avait beau y regarder, personne ne pouvait rien savoir de cette retraite. Une fois, cependant, raconte-t-on, un de ces Lamiñak allait mourir. Ses compagnons savaient fort bien que son heure était venue; et, fatalité, il ne pouvait absolument pas trépasser, sans qu’un être humain – qui ne fût pas un Lamiña – fût venu le voir et eût récité devant lui une prière, si petite fût-elle !
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PalancaLaminak en el puente de Utsalea
Les Lamiñak avaient un ami à Gaazetchea ; l’un d’entre eux s’en fût au près de lui : Par grâce, vous allez venir jusque chez nous !… Un de nos compagnons est très mal, et il ne pourra exhaler son dernier souffle que vous ne l’ayez vu et que vous n’ayez dit une petite prière pour lui. Vous aurez un beau salaire : une somme de cinquante francs, sans compter quelques étrenne.
Cinquante francs n’étaient pas alors faciles à gagner… La femme de Gaazetchea se résout donc à l’expédition, et advienne que pourra !…
Tandis qu’ils s’acheminaient tous les deux vers le pont d’Utsalea, le Lamiña dit à sa compagne :
– » S’il vous arrive d’entendre quelque bruit, tout à l’heure, tandis que vous sortirez de chez nous, ne regardez pas, je vous prie, en arrière ! Allez toujours votre chemin, droit devant vous. Sans cela, vous perdrez votre cadeau, et vous ne vous en serez même pas doutée ».
– « C’est bien. Je ne vais certes pas regarder en arrière ! »
Les voilà donc près du pont d’Utsalea. Il leur fallait traverser, pour entrer dans la maison. Le Lamiña frappe l’eau avec une sienne baguette, et, tout de suite, l’onde de divise en deux parts. Tous deux ils passent ; et, derechef, de sa baguette, le Lamiña frappe l’eau qui reprend immédiatement sa place. La femme pénètre dans la maison ; elle dit une prière devant le Lamiña expirant et s’apprête à sortir. Mais les Lamiñak n’entendaient pas qu’elle s’en allât ainsi, sans s’être du tout restaurée : Elle mangerait bien une bouchée tout au moins !
Ils lui servent donc un fort bon repas ; et puis, en plus d’une somme de cinquante francs, ils lui remettent une tabatière en or. Ravie, elle s’en retournait donc chez elle. Tout à coup, entendant quelque bruit, elle tourne la tête… Adieu ! Sans même qu’elle s’en rende compte, elle perd… sa tabatière en or ! Toujours avec son Lamiña, elle arrive au bord de l’eau. Comme précédemment, le Lamina prend sa baguette et frappe. Mais, cette fois, l’eau ne s’est point divisée. Il frappe encore une fois ; mais, encore une fois bien inutilement.
Dès lors, le Lamiña savait pourquoi l’eau ne se divisait pas ; mais il n’osait pas s’en ouvrir à sa compagne. Une dernière fois, il frappe avec la baguette… Et l’eau de demeurer toujours immobile ! Le Lamiña dit alors à la femme :
– « Vous devez avoir, sur vous, quelque petite chose à nous et que vous aurez prise par mégarde ? »
Ella quiere esconderse y responde:
– » Je ne crois pas, Madame Lamiña !… à moins que ce ne soit quelque épingle… Elle se fouille et dit : Non, non, je ne trouve rien ».
– « Cependant, je n’arrive pas à diviser l’eau !… Et dès lors, si vous ne dites pas votre larcin, nous voilà ici pour un moment ! »
Y la buena mujer decir entonces:
– » Tout ce que j’ai sur moi, c’est un tout petit peu de votre pain que j’ai pris dans le coin de mon mouchoir, afin de montrer chez moi combien il est blanc ». (Il l’était, dit-on, plus même que la neige.)
– « C’est une chose qui peut arriver à tout le monde… Mais on ne peut rien emporter de chez nous. Voilà pourquoi vous me rendrez ce pain, je vous prie, personne ne devant jamais rien voir de ce qui nous appartient ».
La brave femme lui rend donc le pain, et à peine la baguette a-t-elle effleuré l’eau, que, tout de suite, cette eau s’entr’ouvre et se range. En même temps aussi s’évanouissait le Lamiña…
La pauvre femme de Gaazetchea, cette nuit, y gagna d’avoir fait son voyage pour rien, car, tandis qu’elle s’en revenait, les cinquante francs fondirent eux aussi dans sa poche ! Voilà pourquoi, de nos jours encore, nous ne savons pas au juste des Lamiñak, ni ce qu’ils sont, ni de quoi ils se nourrissent, ni dans quelles habitations ils vivent.