Contes basques 7

Contes basques

Voici divers contes basques : Le fer à cheval et les cerises, les fileuses d’Eremedio, Le muletier de Bargota

Le fer à cheval et les cerises

Une fois, tandis qu’ils allaient par le Pays Basque, le Seigneur Jésus, lui montrant par terre quelque chose, dit à Saint-Pierre : Ramasse de terre ce fer à cheval. Mais Saint-Pierre, à la dérobée, d’un coup de pied, chasse le fer à cheval, en se disant par devers lui-même :
– » Pourquoi recueillir cette méchante ferraille ?

Le Seigneur Jésus, alors, à la dérobée lui aussi, releva lui-même le fer, et, en arrivant au village, il le vendit deux sous à un forgeron. Ensuite, avec ces deux sous, il acheta des cerises. Et ils se remirent en route. Il faisait atrocement chaud. Saint-Pierre, la bouche desséchée, regardait de tous les côtés, et se disait :
– » N’allons-nous donc pas voir, par ici, une petite source seulement ?

Dans ce même moment, et comme si de rien n’était, le Seigneur Jésus laissa tomber de sa poche une cerise. Saint-Pierre s’en saisit tout de suite et la porta gloutonnement à la bouche, craignant d’être vu par le Seigneur Jésus. Un peu plus loin, une fois, deux fois, dix fois, vingt fois, ce fut le même manège encore : le Seigneur Jésus jetait les cerises, et Saint-Pierre les mangeait jusqu’à la dernière.

Ils s’arrêtèrent ensuite un instant sous le couvert d’un arbre, et le Seigneur Jésus dit à Saint-Pierre :
– » Si, une fois seulement, tu t’étais courbé pour relever le fer à cheval, tu n’aurais pas eu à te baisser vingt fois pour manger les cerises !


Les fileuses d’Eremedio

Dans la maison Eremedio, toutes les nuits, des fileuses se réunissaient. Quelqu’un dit:
« Personne ne peut faire trois fois le tour d’une maison, de nuit ».

L’une des fileuses dit qu’elle pourrait le faire sans peur, son nom était Catalin.
Elle sortit pour le faire. Elle fit deux tours. Au troisième elle disparut.

Ses camarades, inquiètes, se portèrent à l’entrée de la maison:
« Catalin ! Catalin ! »

Elle ne répondit pas.
Plus tard, du pont proche de la maison Erzillegi semble-t-il, une voix se fit entendre et qui disait:
Katalin, bai Katalin !
Katalin Gaueko’ok eaman din
-(Catalin, oui Catalin,
-C’est Gaueko qui l’a emportée)-

On n’eut plus de nouvelle de Catalin. C’est depuis que le pont d’Erzillegi s’appelle Katalinzubi (pont de Catherine).


Le muletier de Bargota

Un muletier passait près de l’église de Bargota (Navarre) avec son troupeau. Il croisa Juanis, le curé de la paroisse.

Il remarqua alors que le bruit des sonnailles du dernier mulet lui parvenait de façon très affaiblie. Il tourna la tête pour voir et se rendit compte avec frayeur du spectacle offert par tous ses mulets déambulants à travers les airs, tout autour du clocher de l’église. Il se mit à crier.

Juanis s’approcha de lui et lui dit:
« n’aie pas peur, je vais te les faire descendre sur le champ ».

Ce qu’il fit. C’est qu’il avait sur lui un étui à aiguilles dans lequel il conservait une armée de petits êtres appelés mamur.

Ils étaient capables de prodiges. Ils pouvaient par exemple, le transporter en un instant dans des pays lointains. Ils pouvaient aussi construire une maison en une seule nuit, provoquer l’apparition de taureaux mystérieux, de compagnies de perdrix et de troupeaux de chevaux.