Y Gododdin

Histoire

Y Gododdin est un poème médiéval en gallois. Il est constitué d’une série d’élégies aux hommes du royaume des Gododdin et à leurs alliés morts en combattant, selon l’interprétation la plus courante, les Angles de Deira et de Bernicie, en un lieu appelé Catraeth. Le poème est généralement attribué au barde Aneirin.

La bataille de Catraeth semble avoir eu lieu vers l’an 600, mais la date de rédaction de Y Gododdin est incertaine. Pour certains historiens, le poème est issu d’une tradition orale née peu après l’affrontement dans le Hen Ogledd, la région de langue brittonique du nord de la Grande-Bretagne. Dans ce cas, sa langue d’origine aurait été le cambrien. Toutefois, d’autres historiens estiment que le poème a été composé au pays de Galles au ixe siècle ou xe siècle, auquel cas il pourrait s’agir d’un des plus anciens poèmes connus rédigés dans une forme de la langue galloise.

Le territoire des Gododdin, appelés Votadini par les Romains, s’étend sur le sud-est de l’Écosse actuelle et sur le Northumberland. Le poème raconte comment trois cents guerriers d’élite sont réunis à Din Eidyn (Édimbourg). Après avoir festoyé pendant une année, ils attaquent Catraeth, communément identifiée à l’actuelle Catterick, et sont presque tous tués au terme d’un affrontement extrêmement inégal. L’accent est mis sur la gloire que recherchent les héros au combat, rappelant la poésie épique, sans toutefois s’agir d’un récit narratif.

Le seul manuscrit du poème, communément appelé Livre d’Aneirin, date de la seconde moitié du xiiie siècle. Il est écrit pour partie en moyen gallois et pour partie en vieux gallois. Certaines stances du manuscrit n’ont aucun rapport avec les Gododdin, et sont considérées comme des ajouts postérieurs. L’une des stances mentionne le roi Arthur : si le poème date effectivement de la fin du vie siècle ou du début du viie siècle, cela en ferait la plus ancienne référence connue à ce personnage.

La Légende

I

Ardeur d’un homme dans la jeunesse,
Courage pour le combat :
Rapides étalons à l’épaisse crinière
Sous les cuisses du superbe adolescent,
Large et léger bouclier
Sur la croupe d’un svelte destrier,
Lames bleues étincelantes,
Vêtements bordés d’or.
Il n’y aura jamais
D’acrimonie entre nous :
Bien plutôt je ferai de toi
Des chansons louangeuses.
La terre baignée de sang
Avant la fête nuptiale,
Nourriture pour corbeaux
Avant les funérailles.
Un juste camarade, Owain ;
Exécrable, son manteau de corbeaux.
Epouvantable m’est ce sol,
Abattu, le fils unique de Marro.

II

Couronné, devant à tout instant,
Sans voix devant une femme, pourvu d’hydromel.
Il rompit le bord de son bouclier, en entendant
Le cri de guerre, il n’épargna aucun de ceux qu’il poursuivait.
Il ne quittait pas un combat avant d’avoir le sang
Versé, comme roseaux il taillait les hommes qui n’avaient pas fui.
Dans les palais, Gododdin le raconte, ne vinrent
Devant la tente de Madawg à son retour
Qu’un seul homme sur une centaine.

III

Couronné, gardien de la frontière, habile aux pièges,
D’un aigle des mers, sa course, quand il s’animait,
Son alliance était maintenue sans faille.
Il accomplit ce qui était prévu, sans déroute,
Devant l’armée de Gododdin ce fut la fuite,
Forte poussée pour le pays de Manawyd.
Il n’épargnait ni cotte de mailles ni bouclier ;
Nul ne pouvait, d’hydromel il était nourri,
Se garder des coups de Cadfannan.

IV

Couronné, toujours devant, fureur du loup,
Portant perles d’ambre, colliers, sa part
Etait d’ambre coûteux. Pour des coupes de vin
Il repoussa l’attaque, abreuvé de sang.
Bien que soient venus les hommes de Gwynedd et de Gogledd
Sur le conseil du fils d’Ysgarran,
Les boucliers furent réduits en pièces.

V

Couronné, toujours devant, armé pour le combat,
Avant sa mort, redoutable dans la mêlée,
Champion chargeant à la tête de l’host,
Cinq compagnies tombèrent sous sa lame.
Des hommes de Deifr et de Brennych, deux milliers
Epousèrent leur destinée en une seule heure.
Avant le mariage, nourriture de loups.
Avant l’autel, morceau de choix des corbeaux.
Avant ses funérailles, le champ baigné de sang.
Pour l’hydromel dans la grand-salle, une centaine d’hôtes.
Tant que les chants dureront, Hyfaidd Hir sera célébré.

VI

Des hommes vinrent à Gododdin, aimant à rire,
Implacables dans la bataille, chaque lame à sa place.
Une brève année ils furent sereins, en paix.
Le fils de Bodgad pris sa revanche en main.
Malgré les pénitences dans les églises,
Anciens et jeunes, humbles et nobles,
Vrai est le récit, la mort les atteignit.

VII

Des hommes vinrent à Gododdin, guerriers rieurs,
Sauvages dans l’assaut de la troupe guerrière,
En rangs serrés, ils tuèrent avec l’épée,
Rhaithfyw, cœur généreux, soutien d’armée.

VIII

Des hommes vinrent à Catraeth, ardente troupe guerrière.
Hydromel clair leur portion, c’était poison.
Trois cents en ordre pour la bataille.
Puis les festivités passées, silence.
Malgré les pénitences dans les églises,
Vrai est le récit, la mort les atteignit.

IX

Des hommes vinrent à Catraeth, troupe nourrie d’hydromel,
Grande la disgrâce si je ne les célébrais pas.
Avec de grandes lances pourpres, gainées noir,
Sévères et inébranlables les chiens de guerre bataillèrent.
De la troupe de Brennych, j’ai peine à le supporter,
Je laisserais un seul homme vivant…
J’ai perdu un ami, qui m’était loyal,
Ardent au combat, le perdre me navre.
Il n’avait pas de désir d’une dot,
Le jeune fils d’Y Cian, de Maen Gwyngwn.

X

Des hommes vinrent à Catraeth à l’aube :
Ayant fait fuir toutes leurs frayeurs.
Trois cents affrontèrent dix milliers.
Ils teintèrent leurs lances du rouge du sang.
Il tint ferme, le plus brave dans la bataille,
Devant les hommes de Mynyddawg Mwynfawr.

XI

Des hommes vinrent à Catraeth à l’aube :
Leur grand cœur abrégea l’empan de leur vie.
Ils burent l’hydromel, doré et doux, ce leurre ;
Une année les bardes furent joyeux.
Rouges leurs épées, laissons les lames
Souillées, blancs boucliers et lances à quatre pointes,
Devant les hommes de Mynyddawg Mwynfawr.

XII

Des hommes vinrent à Catraeth au matin.
Il rendit assurée la honte des armées ;
Elles rendirent nécessaires les cercueils.
Les plus sauvages lames de la Chrétienté,
Il établit, pas d’appel à la trêve,
Un chemin de sang et la mort pour ses ennemis.
Lorsque Neirthiad était en avant de la troupe de Gododdin,
Ses hauts faits révélèrent son cœur audacieux.

XIII

Un homme vint à Catraeth au matin.
Il buvait avidement l’hydromel à minuit.
Un désastre, meilleur des compagnons,
Fut son combat, tueur bouillonnant.
Ne marcha sur Catraeth
Nul héros dont le cœur
N’aspirait autant à la fête,
Nul de telle qualité
Ne vint de la forteresse d’Eidin.
Il obligea les ennemis à la fuite,
Tudfwlch Hir, loin du foyer et du pays natal.
Il tuait des Saxons au moins tous les huit jours.
Longtemps son courage sera célébré,
Gardé en mémoire par ses nobles compagnons.
Quand Tudfwlch vivait, pilier de son peuple,
Carnage des rangs de porteurs de lance, fils de Cilydd.

XIV

Un homme vint à Catraeth à l’aube.
En cercle contre lui un rempart de boucliers,
Vive la presse de l’attaque, la prise du butin,
Sonore comme le tonnerre le fracas des boucliers.
Valeureux, prudent, héros,
Il déchirait et perçait des pointes de sa lance,
Sanglante boucherie de la lame,
Dans la lutte, têtes sous l’acier sévère.
A la cour ce pourfendeur se courbait humblement.
De grandes armées se lamenteraient, en face d’Erthgl.

XV

De la bataille de Catraeth le récit
Dit les hommes tombés, longtemps pleurés.
Armées ou hordes, ils combattaient pour leur pays
Avec le fils de Godebawg, peuple sauvage.
Longs cercueils pour les hommes trempés de sang.
Misérable fut le sort, la réclamation du destin,
Alloué à Tudfwlch et Cyfwlch Hir.
Pourtant aux chandelles nous avions bu cet hydromel éclatant,
Malgré sa saveur agréable, longtemps détesté.

XVI

Premier hors de la brillante forteresse d’Eidin,
De loyaux hommes d’armes à son service.
Au premier rang, sur des coussins, il faisait circuler
La corne à boire dans son palais.
La première vantardise qui se préparait était sienne ;
Avant tout il aimait l’or et la pourpre ;
Sous lui le premier choix de coursiers racés à la belle robe :
Avec un cri ardent, son cœur noble les méritait.
Premier à battre le rappel quand les rangs se défaisaient,
Guide sur le chemin, dernier à se retirer.

XVII

Champion sur la ligne de front,
Soleil dans la prairie :
Où pourrait-on trouver
Seigneur de Bretagne si glorieux ?
Gué emporté par son assaut,
Bouclier pour s’abriter.
Resplendissant le seigneur
Dans la grand-salle d’Eidin,
Magnifique sa gloire.
Son hydromel enivrait les hommes,
Il buvait du vin de grand cru.
Un moissonneur dans la guerre,
Il buvait le vin doux.
L’esprit tourné vers la bataille,
Il moissonnait les épis de la bataille.
La troupe éclatante du combat
Chantait un chant de guerre
Préparée au combat,
Axe du combat,
Son bouclier fut rendu bien mince
Par les lances dans la lutte.
Les compagnons étaient tombés
Dans la tâche guerrière.
Effrayant son cri de guerre,
Irréprochable son action,
Envoûtante sa frénésie,
Avant que l’herbe ne couvre
Sa tombe, Gwrfelling Fras.

XVIII

Ils révéraient la loi.
Trois lances teintes de sang
Cinquante, cinq cents.
Trois molosses, trois cents :
Trois étalons de guerre
De la riche Eidin,
Trois compagnies vêtues de mailles,
Trois rois aux colliers d’or.
Trois sauvages étalons,
Trois pairs dans la bataille,
Trois sautant comme un seul,
Ils écrasaient durement les ennemis,
Trois dans un rude combat,
Trois lions abattant les ennemis,
De l’or dans le combat rapproché,
Trois seigneurs parmi les hommes
Qui vinrent de Bretagne,
Cynci et Cynon,
Cynrein d’Aeron.
Les rusés du clan
De Deifr demandèrent :
Les Bretons ont-ils un homme
Meilleur que Cynon,
Serpent qui mord son ennemi ?

XIX

Dans la grand-salle je bus vin et hydromel.
Nombreuses étaient ses lances ;
Dans la confrontation des hommes
Il prépara un festin pour les aigles.
Quand Cadwal chargea dans le vert de l’aube
Un cri s’éleva là où il passait.
Il aurait laissé les boucliers rompus, en fétus.
Des lances inflexibles, ce tailleur
Les aurait fendues dans la bataille,
Déchirant les premiers rangs.
Le fils de Sywno, un magicien l’avait prédit,
Donna sa vie pour acquérir
Une noble réputation.
Il tranchait d’une lame acérée.
Il tua tant Athrwys que Affrel.
Il est avéré, il vivait pour l’assaut :
Il modela les cadavres
Des hommes braves dans la bataille,
Chargeant à la tête du Gwynedd.

XX

Puisque j’avais bu, je traversai la frontière, morne destin.
Il n’est pas vain le cœur téméraire.
Plantureux, le festin de lion que tu préparas,
Nombreuses les lances hostiles en fuite.
Quand tous reculaient, tu bondis à l’assaut.
Etait-ce vin, le sang de ceux que tu blessais,
Pour trois ans, pour quatre, vaste cave
Pour ton intendant, que tu diminueras.
La félicité céleste sur toi pour ton intransigeance :
Très célèbre était Breichiawl l’inébranlable.

XXI

Des hommes vinrent à Catraeth, ils étaient renommés.
Vin et hydromel dans des coupes d’or, leur boisson,
Une année de cérémonial noble.
Trois cents et soixante-trois hommes aux torques d’or.
De tous ceux qui s’élancèrent, après trop boire,
Seuls trois revinrent libres par le courage dans la lutte,
Deux chiens de guerre d’Aeron et du coriace Cynon,
Et moi-même, trempé de sang, par égard pour mes chants.

XXII

Mon parent, mon ami, jamais vacillant
Hors des banquets, dragon sauvage.
A la cour il n’aurait jamais manqué d’hydromel.
Il abattait tuile sur tuile de ses coups,
Impavide dans le combat, impavide dans l’agitation.
Lorsqu’il chargea à la frontière, grande était sa gloire,
Il mérita son vin, guerrier au collier d’or.
Il donnait libéralement, rangs brillants, noble héros,
Cent hommes liges, seigneur gracieux.
Noble sa nature, cavalier étranger,
Fils unique de Cian, d’au-delà le Mont Bannawg.
Gododdin ne saurait dire, après le combat,
Quand reviendra un plus ardent que Llif.

XXIII

Armes éparpillées,
Colonnes fracassées, tenant tête.
Grande dévastation,
Le héros repoussa les Angles.
Il ficha les flèches,
Dans les premières lignes, dans le tumulte des lances.
Il abaissa des hommes,
Rendit des épouses veuves, avant de mourir.
Le fils d’Hoywgi flamboya
Devant les lances qui formaient rempart.

XXIV

Héros, bouclier ferme sous son front tacheté,
Sa foulée, d’un jeune étalon.
Il y eut le vacarme du combat, il y eut des flammes,
Il y eut des lances ardentes, il y eut le soleil,
Il y eut nourriture de corbeaux, bénéfice de corbeaux.
Avant qu’il ne soit perdu près du gué,
Comme la rosée tombait, aigle plein de grâce,
La vague roulant près de lui,
Les bardes du monde l’estime grand de cœur.
Son jeu guerrier dilapida ses forces ;
Exterminés ses chefs et leurs hommes.
Avant les funérailles près d’Eleirch
Fre, il y avait de la valeur dans sa poitrine,
Son sang ruissela sur son armure,
Intrépide Buddfan fab Bleiddfan

XXV

Un tort de le laisser sans éloge, très vaillant,
Il ne laissait pas une brèche hors de craintes.
Sa cour ne laissait pas les bardes sans récompenses,
Il gardait toujours mémoire du Nouvel An.
Sans labours sa terre pourtant dévastée,
Combat trop amer, puissant dragon.
Dragon ensanglanté après un festin de vin,
Gwenabwy fab Gwen combattit pour Catraeth.

XXVI

Vérité, comme l’aurait dit Catlew,
Nul cheval dressé ne pouvait rattraper Marchlew.
Il plantait des lances dans le combat
Bondissant sur son destrier, solidement harnaché,
Quoiqu’il ne fût pas né pour porter des fardeaux.
A sa place, sauvage, son coup d’épée.
Il plantait flèches de frêne d’une main
Régulière, chevauchant un étalon écumant.
Cher seigneur, il partageait le vin, sans réserve ;
Il taillait d’une lame acérée, teintée de sang.
Comme le moissonneur moissonne quand la saison vient,
Ainsi Marchlew faisait ruisseler le sang d’abondance.

XXVII

Issac, le plus honoré des hommes du Sud,
Comme l’océan montant, sa course,
Affable et généreux,
Courtois en buvant l’hydromel.
Là où il inhuma ses armes
Il parla d’indemnité.
Sans tache, pur, sans faute, impeccable.
Son épée résonne à la mémoire des mères.
Muraille dans le combat, le fils de Gwydneu était loué.

XXVIII

Ceredig, prisée sa renommée.
Il prit et sauvegarda sa gloire.
Lionceau choyé, paisible avant que son heure
Ne vienne, brillant par sa courtoisie.
Qu’il vienne, ami honoré du chant,
Au pays céleste, foyer familier.

XXIX

Ceredig, souverain prisé,
Un héros déchaîné au combat,
Bouclier incrusté d’or du champ de bataille,
Lances réduites en éclats, en fétus,
Ni humble, ni débile son coup d’épée,
Comme un homme il maintint la ligne de front.
Avant douleur mortelle, avant angoisse,
Ferme dans sa résolution, il tint sa position.
Qu’il soit bienvenu dans la communauté,
Réuni avec la Trinité.

XXX

Lorsque Caradawg chargeait dans la bataille,
Comme un sanglier farouche, tueur de trois seigneurs,
Taureau de la troupe guerrière, meurtrier dans la lutte,
Sa main pourvoyait les loups en nourriture.
Je jure ceci : Owain fab Eulad,
Et Gwrien et Gwyn et Gwriad,
De Catraeth, de la catastrophe,
De Bryn Hyddwn avant sa chute,
Après avoir tenu l’hydromel éclatant en main,
Pas un seul ne vit son père.

XXXI

Les hommes se lancèrent à l’assaut, avançant comme un seul.
Brève leur vie, enivrés de pur hydromel,
La troupe de Mynyddawg, renommée au combat.
Pour un festin d’hydromel ils donnèrent leur vie,
Caradawg et Madawg, Pyll et Ieuan,
Gwgan et Gwiawn, Gwyn et Cynfan,
Peredur armé d’acier, Gwarddur et Aeddan,
Une troupe guerrière intrépide au combat, boucliers fracassés.
Et bien qu’ils fussent massacrés, ils tuaient.
Pas un seul ne retourna dans sa contrée.

XXXII

Les hommes se lancèrent à l’assaut, comme un seul nourris
De miel toute une année, grand leur dessein.
Combien triste leur récit, insatiable attente,
Amère leur foyer, pas d’enfant pour le chérir.
Combien long le chagrin après eux et le deuil,
Pour ces hommes ardents des pays nourris de vin.
Gwlyged de Gododdin, chaleureux dans son accueil,
Il prépara le festin renommé de Mynyddawg,
Son coût, la bataille de Catraeth.

XXXIII

Des hommes vinrent à Catraeth avec un cri de guerre,
Destriers rapides et noires armures et boucliers,
Des lances, les hampes haut dressées et les pointes acérées,
Et des cottes de mailles étincelantes et des épées.
Il ouvrait la marche, frayant le chemin à travers les armées,
Cinq compagnies tombèrent sous son épée.
Rhufawn Hir offrait de l’or à l’autel,
Et une riche récompense au barde.

XXXIV

Jamais ne fut bâtie grand-salle si acclamée,
Si puissante, si démesurée la tuerie.
Tu méritas ton hydromel, Morien, torche lumineuse,
Nul ne dit que Cynon ne laisserait pas de cadavres après lui :
Un lancier en armure au cri sonore,
Son épée résonnait au sommet du rempart.
Pas plus qu’un roc à large base ne s’ébranlerait
Il ne serait ébranlé, Gwyd fils de Peilthan.

XXXV

Jamais ne fut bâtie grand-salle si acclamée.
Hormis pour Morien, autre Caradawg,
Venu là pour le combat, noble son allure,
Personne d’aussi redoutable que le fils de Fferawg.
Brave dans la lutte, forteresse pour les effrayés,
Devant la troupe de Gododdin, son écu
Fut brisé, il resta ferme contre l’assaut.
Ce jour de colère il était alerte, triste le coût.
Les hommes de Mynyddawg méritèrent le don d’hydromel.

XXXVI

Jamais ne fut bâtie grand-salle si grandiose.
Il n’y eut jamais de guerrier plus brave
Que Cynon au bon cœur, seigneur paré de bijoux.
Il était assis au haut bout de la table.
L’homme qu’il frappait ne l’était plus.
Très acérée sa lance,
Blanc bouclier déchiré, il écrasait les armées.
Très rapide son destrier, galopant en première ligne,
Ce jour de colère l’épée de Cynon était mortelle
Lorsqu’il chargea dans le vert de l’aube.

XXXVII

Jamais ne fut bâtie grand-salle si parfaite.
Si généreux, fureur d’un lion géant,
Est Cynon au bon cœur, seigneur si noble.
Forteresse du combat, sur l’aile éloignée,
Porte robuste de la troupe guerrière, la plus noble des bénédictions.
De tous ceux que j’ai vus et vois dans le monde
Maniant les armes de guerre, le plus brave.
Il tuait les ennemis avec une lame très acérée,
Comme roseaux ils tombaient sous sa main.
Fils de Clydno, longtemps je chanterai, seigneur, ton éloge,
Eloge sans fin, sans repos.

XXXVIII

Il se rua au premier rang de la bataille.
Il repoussa l’attaque, menant les hommes,
Seigneur jouant de la lance, riant au combat.
Magique, son courage, à l’égal d’Elffin,
Eithinyn le renommé, mur du combat, taureau de la lutte.

XXXIX

Il se rua au premier rang de la bataille.
En échange de l’hydromel et du vin à la cour,
Il plaça son épée entre deux armées,
Magnifique cavalier devant Gododdin,
Eithinyn le renommé, mur du combat, taureau de la lutte.

XL

Il se rua au combat avant que le bétail ne s’éveille.
Tu as la semblance d’un lion,
A Gwanahon, pour l’hydromel, le plus grand courage,
Et lent à tomber à terre, chef splendide,
Eithinyn le renommé, fils de Boddw Adaf.

XLI

Hommes excellents, ils nous quittèrent.
De vin et d’hydromel ils furent nourris.
Par le banquet de Mynyddawg
Je suis accablé de douleur,
Par la perte d’un guerrier :
Comme les grondements du tonnerre
Résonnaient les boucliers
Sous les coups de l’épée d’Eitninyn.

XLII

Il se rua au combat avant que le bétail ne s’éveille.
Une troupe de guerre bien entraînée, boucliers en lambeaux.
Bouclier rompu avant que le troupeau de Beli ne meugle.
Un seigneur plongé dans le sang, gardien du flanc,
Nous soutient, grisonnant, contre un assaillant,
Un destrier fringant, féroce bœuf au torque d’or.
Le sanglier fit un pacte en première ligne,
Agréable discours, cri de refus :
 » Seigneur qui nous appelle au ciel, sauve-nous ! « 
Il brandit ses lances pour le combat.
Cadfannan, nom fameux pour son butin,
Nul ne déniait que l’armée serait son pavage.

XLIII

Pour un festin, le plus triste, le plus précieux,
Pour l’effondrement, pour un pays dévasté,
Pour la chute des cheveux d’une tête,
Parmi les soldats, un aigle, Gwydyen.
Avec sa lance il combattit pour Gwyddug,
Un Organisateur, un laboureur, son maître.
Trois sangliers hérissés, tournés vers la destruction,
Morien emporté avec sa lance,
Myrddin des chants, donnant la meilleure
Part de sa santé, notre force et soutien.
Remparts résonnant, la troupe guerrière combattant
Avec les Saxons , les Irlandais et les Pictes,
Il porta le cadavre rougi, raidi, de Bradwen,
Main habile, Gwenawy fab Gwen.

XLIV

Pour un festin, le plus triste, le plus précieux,
Pour l’effondrement, pour un pays dévasté,
Fracassés les boucliers au combat.
Féroces les coups d’épée sur la tête,
En Angleterre des hommes tués par trois cents seigneurs,
Son gantelet faisait du bon travail
Contre les Saxons, les Irlandais et les Pictes.
Comme s’il prenait une peau de loup, sans une arme,
Toujours brave, dans sa troupe réduite,
Dans la bataille de colère et de ruine
Il périt, Bradwen ne revint pas.

XLV

De l’or sur le mur
Audacieux l’assaut,
Offense de ne pas forcer l’attaque.
Un saxon abattu
Etait nourriture pour les oiseaux,
Valeureux, le cri de guerre.
Ceux qui vivent parleront
Des seigneurs des lanciers,
D’un semblable à l’éclair.
Aucun des vivants ne dira
Que le jour de tuerie
Cynhafal refusa son soutien.

XLVI

Quand tu étais un fameux guerrier
Défendant les champs de blé des montagnes,
De droit nous étions connus comme des hommes de qualité.
C’était une porte solide, forteresse solide dans la défaite,
Accueillant pour ceux qui imploraient son aide,
Forteresse pour une armée qui se fiait à lui.
Là où il se trouvait, était le Paradis.

XLVII

————————–

XLVIII

Je ne suis seigneur lassé,
Je ne me venge en vain,
Je ne ris aucun rire,
Sous des pieds de reptile,
Mes jambes de tout leur long
Dans une maison de terre,
Une chaîne d’acier
A chaque cheville,
A cause de l’hydromel, de la trompe,
Des cavaliers de Catraeth.
Moi, pas moi, Aneirin,
Taliesin le sait,
Maître de l’art des mots,
J’ai chanté pour Gododdin
Avant que le jour ne blanchisse.

XLIX

La vraie valeur du Nord un homme la possédait,
Cœur aimable, naturel magnanime.
Nul ne marche sur la Terre, nul mère n’a engendré,
Un si juste, si fort, noir comme l’acier.
D’une troupe guerrière sa brillante lame me sauva,
D’une sinistre cellule de terre il me fit naître,
D’un lieu de mort, d’une rude contrée,
Cenan fab Llywarch, hardi, intrépide.

L

Nulle honte ne venait de la cour
De Senylt ni de ses coupes emplies d’hydromel.
Il consacrait son épée à ses parents,
Il consacrait ses courses à la guerre.
Il porta des hommes maculés de sang dans ses bras
Devant l’armée de Deifr et de Brennych.
L’allure de sa cour : coursier rapide,
Lances et noir équipement de guerre,
Longue hampe brune dans sa main,
Et impétueux dans sa colère,
Sourire faisant place au reproche,
Maussade et aimable tour à tour.
Personne ne vit ses pieds s’enfuir,
Porteur de coupe, protecteur de tous pays.

LI

————————–

LII

Ses ennemis tremblaient devant sa lame,
Aigle féroce, riant dans le combat.
Aigus les bois de ses cerfs, plus aigu ses bois de cerf.
Des doigts souillés écrasent une tête.
Variée son humeur, affable, funeste,
Variée son humeur, songeur, joyeux.
Avec détermination Rhys marcha vers la colline du combat,
Pas comme ceux dont l’assaut peut hésiter.
Nul ne peut échapper à ce qui s’abat sur lui.

LIII

Honteux que le bouclier fût percé
De Cynwal au bon cœur.
Honteux ses cuisses reposant
Sur un coursier aux longues jambes.
Noire la brune hampe de sa lance,
Plus noire sa selle.
Dans son repaire un Saxon
Grignote la jambe d’un
Bouc : que rare soit
Le butin de ses courses.

LIV

Cela arriva vraiment, Addonwy, comme tu me l’avais promis.
Ce que Bradwen faisait, tu le faisais : tu massacrais, tu brûlais.
Tu ne faisais pas plus mal que Morien.
Tu ne quittais ni les ailes éloignées, ni la ligne de front :
Œil sûr, ne cillant jamais,
Tu ne vis pas la grande houle des cavaliers.
Ils massacrèrent, ils n’épargnèrent pas les Saxons.

LV

————————–

LVI

Les guerriers se levèrent ensemble, bien entraînés,
Pour Catraeth, une troupe avide et rapide.
Une vague bat, étincelante voyageuse,
Au lieu où les nobles daguets sont assemblés :
Vous ne pourriez voir une planche de la borne.
Une valeur noble soumise à aucune pression
Morial n’accepte pas la marque de la honte,
Féroce lame, prête au carnage.

LVII

Les guerriers se levèrent ensemble, bien entraînés,
Un pays fort sera appelé à suivre.
Il a abattu par flèche et par épée
A coups de pied furieux chassé des hommes au combat.

LVIII

Les guerriers se levèrent ensemble, formant les rangs.
Avec une seule pensée ils attaquèrent.
Courte leur vie, longtemps leurs parents les attendront.
Sept fois leur compte d’Angles ils tuèrent :
Leur lutte tourna des épouses en veuves ;
Nombreuses mères aux paupières emplies de larmes.

LIX

Pour un festin de vin et d’hydromel
Ils jurèrent de faire de grands ravages.
Digne d’éloges pour ses paroles,
Il fit devant la colline,
Devant le versant de Buddugre,
Se lever les corbeaux, levée d’un nuage.
Des soldats tombaient
Sur lui comme un essaim :
Pas un mouvement de fuite.
Prévoyant, très mobile,
Contre les blancs coursiers une haie d’épée,
Contre le mur un coup d’épée.
Premier pour le festin, inlassable,
Dans le sommeil aujourd’hui,
Le fils de Rheiddun, seigneur du combat.

LX

A cause d’un festin de vin et d’hydromel ils nous quittèrent,
Hommes en cottes de mailles, je connais la douleur de la mort.
Avant leurs cheveux gris vint leur meurtre.
Des hommes de Mynyddawg, grand est le malheur,
De trois cents, un seul homme retourna.

LXI

A cause d’un festin de vin et d’hydromel ils chargèrent,
Hommes fameux dans la bataille, sans souci de la vie.
En rangs brillants autour des coupes, ils joignirent le festin.
Vin, hydromel et hâblerie, c’était leur lot.
Du banquet de Mynyddawg, la douleur accable mon esprit,
Nombre de mes compagnons j’ai perdu.
De trois cents champions qui chargèrent à Catraeth,
C’est tragique, mais un seul homme revint.

LXII

Tel qu’il était lorsqu’ils se levèrent tous,
Comme une balle rebondissante,
Tel il a été jusqu’à son retour.
Tel furent le vin et l’hydromel
De Gododdin dans Eidin,
Impitoyable dans la lutte, ferme dans le rang.
Et sous Cadfannan un troupeau
De rouges destriers, cavalier sauvage, à l’aube.

LXIII

Barrage contre la horde de Deifr,
Serpent à la piqûre redoutable,
Roc inébranlable
Devant l’armée,
Ours terrifiant,
Tueur, broyeur,
Il marcha sur les lances
Quand vint la bataille
Dans une tranchée d’aulne.
L’héritier du seigneur Nedig,
Sa colère servit
Un festin aux oiseaux
Dans le vacarme du combat.
Tu es à bon droit nommé, pour ton action féroce,
Le premier seigneur, rempart de la troupe de guerre,
Merin ap Madain, bénie ta naissance.

LXIV

Magnifique le chant, une troupe de guerre était là,
Les soldats encerclant Catraeth firent la guerre.
Mélange de sang, piétiné et foulé.
Les guerriers étaient piétinés,
Vengeance, tribut de l’hydromel,
Et cadavres, bien que le coût fut lourd.
Clipno ne dira pas, après la bataille,
Bien qu’il ait communié, qu’il a eu son dû.

LXV

Magnifique le chant, noble troupe de guerre,
Grondement du feu du tonnerre et du flot.
Courage superbe, cavalier entraîné au combat,
Rouge moissonneur, il avait faim du combat.
Combattant ardent, partout où il entendait
Le choc avec la horde de ce pays il chargeait,
Bouclier contre bouclier. Il aurait levé une lance
Comme un verre de vin pétillant. D’argent
Son pot à hydromel : il méritait l’or.
Nourri de vin était Gwaednerth fab Llywri.

LXVI

Magnifique le chant, étincelantes troupes de guerre.
Avant la venue de la ruine, verrou de la porte d’Aeron,
Les aigles gris donnaient du prix à la main
Du chef : il subvenait aux oiseaux de proie.
Pour l’amitié de Mynyddawg, meneur d’hommes,
Il se lança contre d’hostiles lances.
Devant Catraeth, ardents étaient les hommes aux torques d’or :
Ils frappèrent, ils tuèrent ceux qui tenaient ferme.
Là ils vinrent de leurs pays, rejetons de la guerre,
Là ils se battirent mais rare, parmi les Bretons
De Gododdin, un homme meilleur que Cynon.

LXVII

Magnifique le chant, troupe de guerre bien entraînée.
Une salle animée, il était généreux,
De tous côtés il gagnait les éloges des bardes
Pour l’or, les grands destriers et l’hydromel enivrant.
Mais quand il vint pour la bataille ils louèrent
Cyndilig d’Aeron, hommes éclaboussés de sang

LXVIII

Magnifique le chant, étincelantes étaient les troupes de guerre.
Dans l’expédition de Mynyddawg, seigneur des hommes,
Et de la fille d’Eudaf, la lutte de Gwananhon,
Là s’en trouvait un vêtu de pourpre, pays d’hommes écrasés.

LXIX

Nul couard n’aurait supporté le tumulte de la grand-salle.
Avant le combat un combat anéantit
Ces furieux comme un feu qui s’embrase.
Le mardi ils revêtirent leur noire armure,
Le mercredi, acerbe leur rencontre,
Le jeudi, les conditions étaient acceptées,
Le vendredi, mort d’hommes en petit nombre,
Le samedi, sans peur, ils œuvrèrent comme un seul,
Le dimanche, pourpres lames étaient leur lot,
Le lundi, des hommes étaient trouvés poitrines noyées de sang.
Après la défaite, le Gododdin dit,
A son retour devant la tente de Madawg
Il ne revint qu’un seul homme sur une centaine.

LXX

Tôt il se leva, au point du jour,
Pour un combat de lance devant le front.
Une brèche, une percée flamboyante,
Comme un sanglier il chargea la colline.
Il était courtois, il était grave.
Féroces étaient ses noires lances.

LXXI

Tôt il se leva, aux matines.
Quand les guerriers chargèrent en bande,
A la tête, menant, poursuivant,
Avant des centaines le premier à charger.
Il était aussi impatient pour le massacre
Que pour boire l’hydromel et le vin.
Si féroce il était,
Il massacra les ennemis,
Ithael, hardi dans l’attaque.

LXXII

Il plongea dans la fosse, tête la première,
Pas un dessein dans sa tête intelligente.
Eclatante sa gloire pour la tuerie sur le mur,
L’exploit d’Owain, escalader le rempart,
Vigoureuse sa lance avant sa chute,
Recherchant la mort, chants de destruction.
Elégants ses mouvements, offrir et affliger.
Mort blafarde, la tâche de son gantelet,
Il portait dans sa main, des cottes de mailles délestées.
De son cercueil ne fut pas déversé
Un butin royal en terre.
Glacée et amère sa gloire, joues blafardes,
Beau au jugement des femmes,
Maître de destriers, pièges noirs et boucliers à l’éclat de neige
Compagnon dans le combat, escaladant, tombant.

LXXIII

Chef de guerre, il mène au combat.
La troupe guerrière du pays aimait la moisson féroce.
Sol ensanglanté pour une tombe fraîche,
Equipement de guerre pour son vêtement pourpre.
Piétinant les armures, armure piétinée,
La fatigue tombe comme la mort.
Les lances éclatent quand commence le combat,
Pas de voie claire pour le coup de lance.

LXXIV

J’ai chanté noblement combien ravagées seraient
Vos pièces et vos chambres.
Digne de l’hydromel doux et envoûtant,
Un assaut de champion à l’aube.
Butin magnifique, une troupe de guerre angle
Il affligea tant qu’il resta vivant.
Le peuple de Gwynedd entendra dire sa gloire.
Gwananhon sera sa tombe.
L’inébranlable Cadafwy de Gwynedd,
Taureau de la troupe guerrière dans un conflit de rois.
Avant un lit de terre, avant le sommeil,
Une tombe à la frontière de Gododdin.

LXXV

Il se battit avec un ennemi féroce,
Assassin noir, une troupe pirate.
Il n’était pas caché, un hors-la-loi,
Il n’était pas un ami aigre-doux.
De gris destriers s’ébrouaient sous sa main.
Rien ne fut abandonné de la terre de Pobddelw,
Il n’abandonna, taureau de guerre, pas un acre,
Maintien inébranlable, Llywyrddelw.

LXXVI

Ses destriers de guerre portaient de sanglants pièges de guerre,
Rouge harde à Catraeth.
Blaenwydd nourrit une armée de pur-sang bouillants,
Chien de guerre courroucé chargeant le versant.
Le renom, l’honneur éclatant, est nôtre.
De la main d’Hedyn, l’acier est semé.

LXXVII

Un seigneur de Gododdin est honoré,
Un noble protecteur est pleuré.
A Eidin, force du feu, il ne viendra pas.
Il plaça ses hommes d’élite sur le front,
Formant un mur avant la bataille.
Avec une force brutale il mena l’assaut.
Puisqu’il avait mangé et bu, lourd fardeau.
De la troupe guerrière de Mynyddawg il ne revint
Qu’une lame unique, amère, ruisselante.

LXXVIII

Avec la perte de Moried, un bouclier manquait.
Ils portèrent, ils honorèrent un héros.
Il tenait des lames bleues dans ses mains,
De lourdes lances présage de péril.
Sur un cheval gris pommelé, courbant le cou,
Redoutable la tuerie de ses lames.
Quand il revient du combat, pas un homme à fuir,
Il mérite l’éloge, l’hydromel doux et envoûtant.

LXXIX

—————————–

LXXX

Chanceux, triomphant, souple épine dorsale d’hommes craintifs,
Sa lame bleue repoussant les ennemis étrangers,
Robuste, vigoureuse, puissante sa main,
Intrépide, avisé, ils forcèrent contre lui.
Son exploit, bondir
Contre neuf champions,
Au milieu des amis et ennemis,
Et les défier.
J’aime le siège triomphant qui est sien,
Cydillig d’Aeron, audacieux héros.

LXXXI

J’ai apprécié son attaque de front contre Catraeth
En paiement de l’hydromel et du vin à la cour.
J’ai apprécié son manque de mépris pour une lame
Avant qu’il ne soit tué à cause de son maladroit Uffin.
J’ai apprécié, éloge supplémentaire, son concours au carnage.
Il déposa son épée à la lisière de la forêt.
Gwrlydr dit devant Gododdin
Que le fils de Ceidiaw excellait au combat.

LXXXII

Infortuné je suis, ma vigueur consumée,
Portant la souffrance de la mort dans la douleur,
Et surtout, le lourd chagrin de voir
Nos guerriers tombant, têtes sous les sabots.
Et sans fin la douleur et le deuil
Pour les soldats vaillants de nos campagnes,
Rhufawn et Gwgawn, Gwiawn et Gwlyged,
Aux places les plus rudes, inébranlables sous la poussée.
Que leurs âmes soient, après le combat,
Bienvenues aux célestes terres d’abondance.

LXXXIII

Il repoussa l’attaque par des flots de sang.
Il massacra comme un héros des rangs qui attendaient fermement.
Vif mouvement de la main, il avala un verre
D’hydromel, avant que les rois ne lancent les armées.
Il appela au combat là où beaucoup restaient
Muets : bien que serré rudement, il ne céda pas
Avant la ruée des haches et des épées acérées.

LXXXIV

Sa valeur est connue,
Il est proclamé à voix forte
Refuge des troupes,
Refuge, son épée,
Armée à l’avant-garde,
Place d’honneur
Au jour du combat,
Cerné dans la bataille.
Ils étaient pleins de colère,
Ayant été abreuvés
Et buvant l’hydromel.
Aucun salut
A tenir au loin
La ruée puissante des ennemis.
Quand le dit est dit,
Rompue la charge
Des destriers et des soldats,
Destin résolu des hommes.

LXXXV

Quand une foule de pensées
M’assaille, esprit mélancolique,
Mon souffle défaille
Comme à la course, alors je pleure.
Un être cher je déplore,
Un être cher que j’aimais, noble cerf,
Douleur pour l’homme
Qui fut un jour dans les rangs d’Argoed.
Il se donna entier
Pour ses compatriotes, pour l’amour d’un prince,
Pour des bois taillés grossièrement,
Pour un flot de douleur, pour les festins.
Entouré d’amis il nous mena à un feu ardent,
A des sièges de blanches peaux à du vin pétillant.
Gereint venu du Sud poussa le cri de guerre,
Lumineux et loyal, noble était son visage,
Seigneur de la lance généreux, seigneur digne d’éloges,
Si gracieux, je connais bien sa nature,
Je connaissais bien Gereint : bienveillant et noble.

LXXXVI

Eloge sincère d’un héros,
Ancre inébranlable dans le combat.
Aigle puissant des hommes pleins de colère,
Soutenant le choc de l’assaut, Eldef brillait vivement.
Il mena la charge sur des étalons rapides
Dans la bataille, lionceau nourri de coupes de vin.
Avant une tombe fraîche, les joues se décolorèrent,
Il était fait pour les festins riches en hydromel éclatant.

LXXXVII

Incessante la montée du flot sur chaque rivage :
Pour Hafal, la même abondance.
Déchiré la face de son bouclier,
Impulsif, coléreux,
Gardien de Rhywoniawg.
Une fois de plus furent vus sur les rives d’Aled
Des chevaux de guerre aux harnais sanglants.
Qu’ils soient inébranlables,
Que leurs talents soient grands,
Combattants féroces
Quand ils sont en fureur.
Sévère dans la lutte, il a taillé de l’épée :
De profondes cicatrices de guerre une centaine
Les porteront. Il eût écrit un chant pour le Nouvel An ;
Là s’avance vers le jeune homme sans défaut,
Là s’avance vers le sanglier altier,
Même une jeune fille, vierge et reine.
Et puisqu’il était fils d’un roi juste,
Seigneur de Gwynedd, du sang de Cylydd Gwaredawg,
Avant que la terre ne couvre ses joues,
Bienfaisant, prudent, sans crainte,
Prompt en présent et en éloge.
Une tombe garde Garthwys Hir de Rhywoniawg.

LXXXVIII

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LXXXIX

La tristesse vient sur moi, non désirée,
Il n’en viendra jamais de plus grande :
Jamais ne fut nourri à la cour un plus brave
Que lui, ni un plus ferme dans le combat.
A Rhyd Benclwyd ses destriers étaient éminents,
Sa réputation s’étendait loin, un crible son bouclier.
Avant que Gwair Hir fût sous le gazon,
Il méritait les cornes d’hydromel, fils unique de FferFarch.

XC

Trois cents hommes aux torques d’or attaquèrent :
La lutte pour le pays était farouche.
Bien qu’ils fussent massacrés, ils tuèrent,
Jusqu’à la fin du monde, ils seront honorés.
Des compagnons qui allèrent ensemble,
Tragique, mais un seul homme retourna.

XCI

Trois cents, aux torques d’or,
Guerriers, bien entraînés,
Trois cents, altiers, en accord, armés,
Trois cents destriers bouillants
Les menèrent au combat.
Trois chiens, trois cents :
Tragique, pas de retour.

XCII

Féroce dans la guerre, tenace dans la détresse,
Dans le combat il n’aurait fait aucune trêve.
Le jour de colère il n’a pas évité la lutte,
Bleiddig mab Eli avait la fureur d’un sanglier.
Il lampait le vin dans des coupes de verre.
Le jour de la lutte il réalisa un exploit
Sur un étalon blanc avant de mourir :
Cadavres pourpres laissés derrière lui.

XCIII

Bouclier jetant du feu, il ne s’inclinait devant personne,
Il apaisa sa soif de gloire.
Apre réclamation, destriers au cœur du combat,
Ils plantaient des lances, ennemis maculés de sang.
Quand mes compagnons étaient frappés, il frappait les autres :
Il n’aurait supporté aucun déshonneur.
Il resta ferme sur le gué : il était fier
Quand sienne était la part du héros à la cour.

XCIV

Divin havre du ciel, terre longtemps désirée,
Pauvre de nous, pour ce chagrin affligé et sans fin.
Quand les seigneurs vinrent de Din Eidin,
Une armée d’hommes d’élite de chaque région,
En lutte contre les Angles, magnifique armée,
Neuf compagnies pour un homme par toit,
Multitude de destriers, d’armure et de vêtements de soie,
Gwaednerth se défendit dans la bataille.

XCV

La troupe de Gododdin sur des monts couverts broussailles,
Destriers de la couleur des cygnes, harnachement complet,
Combattant pour les richesses d’Eidin et l’hydromel.
Aux ordres de Mynyddawg
Les boucliers furent réduits en morceaux,
Les lames d’épées abattues
Sur des joues blêmes.
Ils aimaient le combat, large rangée à l’attaque :
Ils ne supportaient nulle honte, hommes qui restaient inflexibles.

XCVI

J’ai bu quantité d’hydromel à mon tour,
Nourri de vin avant Catraeth, d’un seul trait.
Quand il massacrait de l’épée, inébranlable,
Ce n’était pas un triste spectacle son combat.
Il n’était pas misérable, protection contre les spectres,
Funeste porte-bouclier, Madawg Elfed.

XCVII

Quand la mêlée survint,
Sa vie ne fut pas épargnée,
Vengeur d’Arfon.
Ils chargèrent, gemmes dorées,
Breton intraitable,
Les chevaux rapides de Cynon.

XCVIII

Qui vint en tant qu’héritier
Quand Heinif manqua ?
Un au-dessus de la masse,
Du plus noble nom,
Il en abattit beaucoup
Par amour de la gloire.
Il tua, le fils de Nwython,
Aux colliers d’or,
Une centaine de princes
Pour se gagner les éloges.
Le meilleur quand il vint
Avec les hommes à Catraeth,
Nourri de vin,
Large sa panse,
Homme grisonnant, déterminé,
Cotte de mailles de large envergure,
Féroce et vif
Sur son étalon.
Là, armé pour le combat,
Prestes sa lance et son bouclier,
Son épée et sa dague,
Pas de meilleur homme
Que Heinif fab Nwython.

XCIX

Par delà la mer Iudew, hardi au combat,
Trois fois aussi féroce qu’un féroce lion,
Bubon ouvragé, irrésistible dans la colère.

C

Sa nature : sur un destrier rapide
Combattre pour Gododdin
Menant des hommes qui aiment la guerre ;
Sa nature : il était comme un jeune cerf leste ;
Sa nature : contre l’armée de Deifr il chargea ;
Sa nature : fils de Galystan, sans être le seigneur,
Quand il parlait son père écoutait ;
Sa nature : pour l’amour de Mynyddawg, boucliers rompus ;
Sa nature : une lance rouge devant le seigneur d’Eidin.

CI

J’ai vu sa lame dans un essaim
Combattant un ennemi féroce.
Au vacarme des boucliers des hommes tremblèrent.
Ils fuirent devant les troupes d’Eidin, innombrables.
Ceux que sa main trouvait
Ne lui échappaient guère.
Un cierge pour lui, un chant.
Opiniâtre, bouclier déformé,
S’il était assailli, il assaillait.
Il poignardait une seule fois.
Il poignardait, il était poignardé.
Souvent après un festin
Son don à l’étranger.
Il était inflexible au combat.
Et avant d’être couvert de mottes de terre
Edar gagna le droit de boire l’hydromel.

CII

Il frappa plus que trois cents, le plus audacieux,
Il faucha le centre et les ailes éloignées.
Il se montra digne, menant de nobles hommes ;
Il donna des destriers de son troupeau pour l’hiver.
Il apporta de noirs corbeaux aux murs
De la citadelle, quoiqu’il ne fût pas Arthur.
Il fit de sa force un abri,
Rempart sur le front, Gwawrddur.

CIII

Sa main donna un banquet aux oiseaux,
Je le loue, un homme qui ne recule pas,
Un homme féroce, un dépeceur.
Son vêtement était d’or
Sur la ligne de front,
Dans le choc impitoyable d’hommes inébranlables.
La lutte de l’échanson aux taches de rousseur,
La troisième des plus terribles,
Epouvante dans l’assaut,
Poursuite dans la lutte,
Féroce hurleur de la troupe guerrière,
Premier d’une longue lignée,
Glorieux était Cipno fab Gwengad.