Nerso

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Nerso

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Nerso

Il y avait trois frères : le grand frère, le moyen frère et le petit frère. Le petit frère s’appelait Nercès, on l’appelait Nerso. Le père mourut, leur laissant beaucoup de biens et de marchandises en héritage.

Le grand frère et le moyen frère se mirent d’accord pour priver Nerso de sa part d’héritage :

Le grand frère dit :

Comment ça, n’est-ce pas un péché ? dijo el hermano mediano.

Ecoute-moi, pas d’objection ! dijo el hermano mayor.

Como desées, dijo el hermano mediano.

Ils appellent Nerso :

Nerso, c’est toi le plus petit de nous,non ? les petits doivent écouter les grands, non ?

Es justo, Dijo Nerso.

Eres el más pequeño de nosotros, no trabajaste con el sudor de tu frente, no tienes derecho a la herencia.

Et pourquoi ? Ne suis-je pas le fils de notre père ?

Sí es usted, intervino el hermano mediano, mais notre grand frère te l’a dit, tu n’as pas travaillé à la sueur de ton front, pourquoi hériterais-tu ?

Por lo tanto…dijo nerso

Por lo tanto, dicen los dos hermanos, va gagner ta vie !

Es como si a Nerso le hubieran clavado un cuchillo en el corazón, como si le hubieran degollado, lo hubieran arrinconado. Piensa, piensa, tiene que ganarse la vida, escupe a sus hermanos y se marcha.

Il marche, il marche, il arrive dans la ville du sultan de Turquie, au bord de la mer. Il erre de ci, de là, il trouve un khan, il s’installe dans un coin. Dans ce khan souterrain vivaient de nombreux portefaix, originaires de Mouch, Van, Sivas, Erzeroum ; chassés de mille endroits par la misère. Ils étaient venus travailler, amasser un peu d’argent, économiser pour pouvoir rentrer chez eux.

Parmi ces portefaix, il y avait un homme originaire de Mouch, qui s’appelait Boghos. Il avait l’air sage et expérimenté. Il vit Nerso, l’appela près de lui et lui demanda :

D’où viens-tu ?

Del campo, de los alrededores de Mouch, respondió Nerso.

De quel village ?

De Pil.

Ah ! Pil ? je connais, je connais, j’y suis allé plusieurs fois. Nous allions moissonner les champs. C’est un gentil village.

Puisque tu y a été, tu connais des gens ?

No, nadie, eso quedó en el pasado.

Nerso lanza un profundo suspiro.

Eh bien ! raconte ! qui as-tu laissé au village ? Père, mère, frères, sœurs ?

Mon père et ma mère sont morts, je n’ai pas de sœur, j’ai deux frères, ils ne m’ont pas gardé, ils m’ont privé de ma part d’héritage, ils m’ont dit :  » va, va vivre à ta guise « . Je les ai laissés, je suis parti.

Oh oh ! el viejo se sorprende, esto no se ajusta a las costumbres de los habitantes de Mouch. Actuaron contigo como si estuvieras muerto.

Nerso vuelve a suspirar profundamente.

No te preocupes, hija mía. Dios cierra una puerta y abre mil. Yo seré tu padre y tú serás mi hijo.

El corazón de Nerso está apesadumbrado. Llora.

No llores, mi pequeña. Los campesinos no lloran fácilmente. Dios que nos creó te hará vivir. Dicen que la fortuna es ciega, pero de vez en cuando abre los ojos. Llegará el día en que tus hermanos se arrojarán a tus pies. Escalarás montañas, cruzarás ríos, tu parte de herencia será siempre tuya, tus hermanos te rogarán.

Ne dis rien. Moi, je mourrai ; toi, tu resteras valide, tu verras !

Nerso devient portefaix. Tous les matins, de bonne heure, il va au marché proposer ses services ; il travaille. Le soir, il rentre, il voit son ami le vieillard arrivé avant lui, qui lui a préparé du pain, qui lui a fait cuire des fèves.

Sois le bienvenu ! assieds-toi, mon enfant. Comme tu es fatigué !

Viajé por toda la ciudad, Dijo Nerso.

Maudite soit la ville ! tu ne regrettes pas ta campagne ?

  • tu n’as pas dîné ?
  • Oh ! est-ce que j’ai envie de manger tout seul ?

Cuanto más pasa el tiempo, más se apegan el viejo y Nerso, caminan juntos, se cuidan de no molestarse, trabajan juntos, regresan a casa por la noche, comen lo que Dios les ha dado.

Une ou deux années passent. Nerso se familiarise de plus en plus avec la ville, il connaît toutes les rues, et il a tellement de travail qu’il lui arrive même d’en refuser. Un soir, au coucher du soleil, une dame s’approche de lui et lui dit :

  • Porte mes bagages, jeune homme !
  • Lo siento, estoy agotado, me voy a casa.

Esta señora era una turco Levantino, Griego ou juive, qui sait ? Quand elle dévoila son visage, Nerso en eut le souffle coupé : un front lumineux, de grands yeux noirs comme des raisins de Halvarentz, une petite bouche de perdrix, enfin si jeune et si mignonne que Nerso en perdit la tête.

  • Alors, tu ne veux pas les porter ?
  • Oh si ! je les porte, Madame, je les porte, et je ne veux pas d’argent !

La señora le dedicó una encantadora sonrisa.

Ella delante, él detrás, caminan, caminan. Llegan a una calle, entran en una casona con portón, la señora se quita el velo, mira tiernamente a Nerso.

  • Joven, ella dice, je n’ai pas vu dans toute la ville un joli garçon comme toi. Mon mari est mort il y a quelques mois, je suis restée veuve, ne veux-tu pas m’épouser ?
  • Yo, campesino, portero, y tú, gran señora de la ciudad, dijo Nerso, estce concevable ?
  • Dios mio, dijo la señora, pourquoi un garçon comme toi ferait-il le portefaix ? Moi, j’ai de grandes richesses, beaucoup de biens dont tu seras le maître, soyons mari et femme !

Le cœur de Nerso bondit, mais il ne le montre pas. Il dit :

Madame, je ne vous promets rien ; je vais aller au khan où mon père m’attend. S’il est d’accord, je serai aussi entièrement d’accord.

– Va, dijo la señora.

Mientras la mujer se sienta y llora, Nerso corre a toda velocidad hacia el khan.

  • Mon enfant, où t’es-tu perdu ? pregunta el viejo.

Nerso cuenta toda la historia.

No, dijo el viejo, una gallina no puede casarse con un ganso, una dama rica no puede ser tu esposa. Su mundo no es el mismo que el tuyo.

Bien, dijo Nerso, si je ne t’écoute pas toi, qui écouterais-je ?

La nuit s’achève. Le matin, ils se lèvent pour aller travailler, ils entendent le crieur public :

 " C’est la guerre ! c’est la guerre ! Le roi des griegos s’est jeté sur nous, il veut la bataille. Le sultan a donné ordre à tous ceux qui savent se servir d’une arme de se rassembler devant son palais pour aller se battre. C’est la guerre ! c’est la guerre !

  • C’est quoi les Grecs ? pregunta Nerso.
  • es un pueblo, dijo el anciano.
  • Ellos son turcos ou Chrétiens ?
  • Son cristianos, su cruz es como la nuestra, pero un poco torcida.

Que faire ? Ordre du sultan ! Nerso se rend devant le palais, on lui donne un sabre, on le met avec les autres, on le fait monter dans un bateau, on le conduit près du pays des Grecs, il entre dans la bataille.

Quelle bataille ! On dirait deux montagnes qui se heurtent ; le canon tonne, les sabres s’agitent, le sang coule, on enlève les cadavres.

Nerso tiene suerte. Después de la batalla, junto con muchos otros, fue hecho prisionero, los griegos vieron que era un armenio, un Chrétien, ils ne le torturent pas, ils ne le tuent pas ; ils lui disent :Pourquoi est-ce que tu combats contre nous ? Prends ton sabre, tue le Turc infidèle !

 » Je me battrai, je me battrai bien, si j’en ai l’occasion  » Dijo Nerso.

Nerso se lanza a la batalla, realiza hazañas.

Cuando termina la guerra, es llevado ante el rey de los griegos. El rey le cuelga unas medallas en el pecho, lo lleva a su palacio y lo nombra jefe de la guardia.

Nerso n’est pas heureux. Il ne pense qu’à son vieux portefaix. Vit-il encore, ou est-il mort ? Il devait retourner au village, est-il parti ? est-il resté ? où est-il ?

Le pays des Grecs est loin, au-delà des mers, loin de la grande ville turque et du village de Mouch. Que font ses frères ? Ne regrettent-ils pas de l’avoir privé de ses biens ? Qui sait ?

Nerso pensaba y pensaba y no podía dormir.

Enfin, un matin, Nerso ouvre les yeux ; il apprend que le roi est mort, que les hauts dignitaires sont rassemblés pour choisir un nouveau roi.

Qui élire ? Qui ne pas élire ?

Finalmente, deciden que el primero en entrar al palacio será nombrado rey.

Quiso la suerte que sea Nerso quien entre.

Aussitôt, les dignitaires se lèvent :

Eh bien ! Nerso, tu es notre roi ! ellos dicen.

Nerso se convierte en rey. Le ponemos una corona en la cabeza, lo sentamos en un trono.

Aussitôt, les dignitaires entrent, sortent, reviennent. Ils lui disent des mots doux, ils le flattent, ils l’élèvent jusqu’au ciel, chacun voudrait lui soutirer quelque chose, une terre, de l’argent, des médailles… Le roi n’a-t-il pas accès à toutes ces choses ?

Todo esto no puso de buen humor a Nerso, quien ya tenía sus propios dolores y penas. Un rey, un rey, le dice, doit-il aussi gouverner son pays ?

Pensó durante mucho tiempo. De repente aplaude. Inmediatamente entran unos cuantos hombres.

 " Mis hijos, dijo Nerso, allez vite dans la région de Mouch, au village de Til. J’ai là-bas un père adoptif du nom de Boghos. Dites-lui que le roi de votre pays, Nerso, voudrait savoir comment le gouverner. Allez !

Ces hommes montent à cheval, ils trottent, ils trottent, ils vont, ils vont, ils arrivent dans la campagne autour de Mouch, ils s’arrêtent au village de Til et demandent :

 " Llévanos con Boghos, el padre adoptivo de nuestro rey”.

Los campesinos se los llevan al anciano que acababa de regresar de su pueblo de pobreza.

 " Oncle Boghos, le roi de notre pays, Nerso, veut te demander comment le gouverner « .

Le vieillard marmonne, il les emmène dans la plaine, il donne des coups de pieds dans les mauvaises herbes, fait voler les têtes, les aigrettes volent de ci de là (moi je dis dix têtes, toi tu dis dix mille), il se tourne vers les hommes du roi et dit :

 " Racontez au roi ce que vous avez vu ! « 

Los jinetes regresan a la ciudad griega, entran en palacio, se arrodillan ante el rey, cuentan lo que vieron.

Nerso se dit :  » Si tu veux bien gouverner le pays et être tranquille, fais voler comme des mauvaises herbes les têtes de tes ennemis  » .

C’est ce que fera Nerso.

Le temps passe, et Nerso ne voit pas sa peine s’adoucir. Jour et nuit, il pense à son vieillard et à ses frères. Il s’assoit tristement devant la fenêtre, il pense, il pense, tant qu’il en perd le sommeil.

 " Je suis roi, je suis roi, le dice, mais tant que je n’irai pas dans mon village voir mon vieillard et mes frères, ça n’ira pas. Je veux savoir comment ils vont, ensuite je reviendrai. La mort règne en ce monde. « 

Il monte sur son cheval, il emporte deux sacs d’or, quelques cavaliers l’accompagnent. Til, où es-tu ? J’arrive ! Il galope, à bride abattue, il arrive, il arrive, il arrive ; enfin voici Til ! Il s’arrête devant sa porte, il voit son grand frère et son moyen frère, la figure amaigrie, le regard sombre, assis l’un en face de l’autre.

Les frères voient un jeune homme, en habit de roi, tel Saint Sarkis (Serge), debout devant eux. Son cheval joue avec les nuages. Les frères ne reconnaissent pas Nerso. Il leur dit  » bonjour « . Ils disent aussi  » bonjour « . Nerso leur demande :

  • N’êtes-vous pas les fils d’Un-Tel ?
  • Oui, disent-ils
  • Où est votre père ?
  • Notre père est mort depuis longtemps.
  • N’avez-vous pas un petit frère ?
  • Oui, nous avons un petit frère.
  • Comment s’appelle-t-il ?
  • Nerso
  • Appelez-le !
  • Comment l’appeler, ami, il nous a quittés il y a longtemps, nous ne savons pas s’il est mort ou vivant.

Nerso se tourne vers ses cavaliers :

 » Allez chercher mon vieil ami Boghos ! « 

Il se tourne vers ses frères :

  •  » Voyons, quelle est votre situation ? « 
  • Quelle situation ? Après la mort de notre père, dit le moyen frère, nous avons vécu tous les deux ensemble, nous n’avons pas trouvé de femme, nous nous sommes disputés, nous nous sommes séparés, nous sommes devenus pauvres, nous sommes dans la misère.
  •  » Votre frère ne vous aide pas ? « 
  • Quel frère ?
  •  » Votre petit frère « .
  • Quel petit frère ? Le diable est entré en nous, nous l’avons privé de sa part d’héritage, il est parti Dieu sait où, nous ne savons pas s’il est encore en vie, ni où il est, jamais nous n’aurions dû faire une telle chose !

Nerso se détourne ; il s’essuie les yeux.

Les cavaliers arrivent avec le vieillard.

 » Bonjour, petit père ! comment vas-tu ? « 

 » Bonjour, jeune homme ! tu vois, je vis. « 

Tout en parlant, le vieillard met sa main en visière. Il regarde, il regarde, tout à coup il reconnaît Nerso.

  • Ah ! Nerso ! Je rêve ! c’est toi ?
  • C’est moi, cher petit père.
  • Je m’étonne de ton apparence, mon enfant, ne serais-tu pas devenu roi ?
  • Mais oui, je suis devenu roi !

Nerso descend de cheval, il serre son vieil ami dans ses bras, le vieillard dit :

 " Quand je te disais que Dieu ferme une porte et en ouvre mille, tu ne me croyais pas. Tu vois ? maintenant tu es devenu roi. Quel bonheur ! Viens, allons ensamble chez moi, ma brave femme te fera des keuftés à t’en lécher les doigts. « 

  • Oui, oui, nous irons, mais attends un peu, j’ai un petit travail à faire.

Nerso donne l’ordre de descendre les deux sacs d’or, il se tourne vers le vieillard : » Mon très cher petit père, je voudrais que tu partages devant moi ces deux sacs d’or entre toi et mes frères. Ils contiennent cent pièces d’or, tu en prendras quatre-vint-dix pour toi, tu en donneras cinq à mon grand frère et cinq à mon moyen frère. C’est un ordre du roi. « 

Le vieillard partage l’or comme le roi l’a ordonné, puis il l’emmène chez lui.

Le grand frère et le moyen frère se regardent, ils ne trouvent pas un mot à dire.

Chacun retourne chez soi, la tête basse. Ils se demandent pourquoi ils ont joué un si méchant tour à leur petit frère.

Ils comprennent enfin que lorsque l’homme meurt, son nom demeure. Lorsque le bœuf meurt, sa peau demeure.