A la Havanne en une nuit

Voici l’histoire des sorcières qui ont voyagé à la Havanne en une nuit.

la Havanne en une nuit

La Havanne en une nuit

Un jour de tempête, des bateaux de pêche entrèrent au port de Elantxobe. Ils restèrent amarrés au port après avoir sorti les voiles rames etc… Il ne restait que des paniers à bord et les hommes d’équipage rentrèrent dormir à terre.

Peu avant minuit, un vieux pêcheur retourna au bateau et comme a son habitude, s’allongea dans un des paniers pour fumer une pipe. Fatigué qu’il était de cette journée de travail, il ne tarda pas à s’endormir profondément. Il se réveilla en sursaut entendant des voix féminines et nota que l’embarcation voguait à vive allure.

Au lieu de se lever il resta bien tranquille dans sa cachette improvisée tout en surveillant ce qui se passait. Il découvrit qu’effectivement la barque voguait de manière vertigineuse et que ceux qui ramaient si vigoureusement étaient deux femmes vêtues de robes rouges.

L’embarcation qui semblait voler ne tarda pas a arriver à La Havane où elle fut amarrée à une plage de sable fin illuminée par une lune aux couleurs d’argent et parfaitement circulaire. Les femmes sautèrent à terre et disparurent.

Suspectant qu’il s’agissait de sorcières, le vieux pêcheur sauta lui aussi à terre et ramassa un fruit exotique sur une branche du premier arbre qu’il vit. Aussitôt il retourna à sa barque et se cacha dans son panier. Toujours comme à son habitude il alluma sa pipe quand les sorcières revinrent après avoir fait dieu sait quelle sorcellerie, l’une d’elle s’exclama:
– Ici, ça sent la pipe, ici, ça sent la pipe !
– voyons s’il ne s’est pas caché un quelconque homme ! lança la seconde.

Se maudissant pour son étourderie, le pêcheur éteignit comme il pu sa pipe et se tint bien tranquille au fond de son panier, retenant sa respiration.

Les sorcières regardèrent par ci par là mais ne voyant personne, montèrent à bord et reprenant les rames dirent:
– A chaque ramée cent lieues.

Aussitôt l’embarcation fendit les eaux de l’atlantique comme l’éclair et un moment plus tard se retrouva de nouveau amarré au port de Elantxobe comme si elle n’avait jamais bougé de cet endroit. Les sorcières disparurent et le vieux pêcheur sortit de sa cachette.

Lorsque, à l’aube, les autres pêcheurs arrivèrent, le vieux se hâta de leur raconter son aventure nocturne:
– Cette nuit il est venu ici trois sorcières et m’ont amené à La Havane !

Fallait voir les visages que tinrent ses compagnons, les éclats de rires qu’on entendait dans les barques, les commentaires ironiques que du supporter notre vieux pêcheur !.
– Ceci, tu l’a rêvé !
– Tu te l’est imaginé !
– Tu te l’est inventé !
– Tu est en train radoter !

Sans perdre son calme ni se fâcher, le vieux mit devant les yeux de ses compagnons le fruit exotique qu’il avait ramassé à La Havane et leur dit fièrement:
– Vous pensez peut-être que quelque chose comme ceci peut se produit par ici ?

Tous regardèrent ce fruit avec un authentique étonnement et comme plus d’un reconnut en lui un produit typique des caraïbes, ils se turent, soucieux, et reprirent le travail sans mot dire.

En effet, ceci ne pouvait être qu’un acte des sorcières.