Contes basques 13

Contes basques

Voici divers contes basques : La française à cheval, le pont de Licq, Basa Jaun et les vachers

contes basques

La française à cheval

Une française passait à cheval près de la maison Anderregi, sur le bord du chemin qui va de Oiartzun à Irun.
Elle s’arreta à la chapelle dédiée à Santiago et San Felipe et vola le rosaire pendant des mains de la vierge.

Elle s’éloignait avec sa monture lorsque, à un jet de pierre, une personne lui apparut lui intimant l’ordre de rendre ce qu’elle avait volé.
Elle répondit en niant le fait et se parjurant elle dit:
« Arribiur !. Que je me convertisse en pierre si ce que je dis n’est pas la vérité ! »

Dieu la punit, comme elle était il la pétrifia.


Le pont de Licq

Depuis longtemps les gens de Licq désiraient avoir un pont sur le gave. Mais l’endroit était dangereux et personne n’osait l’entreprendre. Un beau jour, ils convinrent d’en charger les lamiñak. Ils les mandent au village et exposent leur embarras.

– » Nous ferons votre pont, dirent les lamiñak, et en bonne pierre de taille, dans la nuit de demain, avant que le coq ait chanté, mais sous une condition.
– » Quelle est, dirent les Licquois, votre condition ? »
– » Vous nous donnerez en paiement la plus belle fille de Licq ».

C’était un grand crève-cÅ“ur pour les Licquois de livrer la plus belle de leurs filles; mais ils étaient obligés d’en passer par là et ils acceptèrent. La nuit suivante les lamiñak se mirent à l’oeuvre. Or tout le monde sait bien qu’en tout pays les belles filles ne manquent pas d’amoureux. La belle fille de Licq avait aussi le sien. Averti de ce qui se passait, l’amoureux vient à la brune se poster près de l’endroit où travaillaient les lamiñak, et il voit avec terreur que du train dont ils y vont, la besogne sera terminée avant la moitié du temps fixé.

Le coeur malade, pris d’une sueur froide, il s’ingénie et trouve enfin une ruse. Il se dirige vers un poulailler, en ouvre doucement la porte et, avec ses mains, simule le bruit des quatre ou cinq coup d’ailes que donne le coq avant de chanter. Le coq se réveille en sursaut, craignant d’être en retard, et crie:

– » Coquerico ».
Il était temps. Les lamiñak avaient soulevé la dernière pierre à moitié de sa hauteur. Au chant du coq, ils la jetèrent dans l’eau et avec grand bruit s’échappèrent en disant:

– » Maudit soit le coq qui a jeté son cri avant l’heure ».
Depuis, disent les anciens, personne n’a pu faire tenir dans la place vide ni cette pierre ni d’autres.


Basa Jaun et les vachers

Autrefois, il y avait à Estérençuby, sur la frontière d’Espagne, quatre vachers, l’un desquels était un jeune garçon. Lorsqu’ils étaient endormis, dans leur cabane venait se chauffer BASAJAUN , le seigneur sauvage. Et quand il s’était chauffé, il mangeait de leur nourriture. Les bergers recevaient un pain et d’autres mets, et en laissaient un morceau tous les soirs, la part de BASAJAUN.

Une nuit, voyant que la part n’avait pas été faite, le petit garçon dit :
– Où avez-vous la part de BASAJAUN ?
– Donne-lui la tienne si tu veux, lui répondirent les autres.

Le garçon laissa sa part sur la planche habituelle. Le seigneur sauvage arriva comme à l’ordinaire. Après s’être chauffé, il mangea la part du petit garçon. Bien réchauffé et repu, il partit, emportant les vêtements des vachers, sauf ceux du petit garçon.

Cette nuit-là, il neigea très fort. Le lendemain matin, les vachers, ne trouvant pas leurs vêtements, dirent au garçon :
– Va chercher nos vêtements.
– Moi ? Non.
– Va, nous t’en prions.
– Quelle récompense me donnerez-vous ?

Ils avaient une mauvaise génisse et la lui promirent.
Le garçon part, et en arrivant à la citerne où était le seigneur sauvage, il cria :
– BASAJAUN, donnez-moi les vêtements de mes camarades.
– Tu ne les auras pas.
– Je vous en prie, donnez-les moi ; ils m’ont envoyé les chercher.

– Que te donne-t-on pour ta peine ?
– Une mauvaise génisse.
– Prends-les donc, et prends aussi cette baguette de coudrier. Marque ta génisse et donne-lui cent et un coups, le cent unième plus fort que les autres.

Le garçon fit ce qu’avait dit BASAJAUN. Il donna à sa génisse cent et un coups, et après un court espace de temps, la génisse lui produisit un troupeau de cent et une belles bêtes.