Contes basques 20

Contes basques

Voici divers contes basques : le septième commandement, le cailloux et la bouse de vache, le serpent d’Alçay

contes basques

Le septième commandement

Un jour, tandis que le seigneur Jésus et saint Pierre allaient ça et là, dans le pays basque, saint Pierre entra dans une violente colère. Il observait que, à gauche, à droite, maîtres et serviteurs, vendeurs et acheteurs, travailleurs et fainéants, tout le monde se livrait au vol.

– » Seigneur, vous devez infliger une bonne correction à ces coquins de voleurs !. »
– » Tais-toi, Pierre ! comme si c’était là des voleurs !… « 
– » Ils ne sont pas des voleurs ! Que sont-ils donc ? »

– » Pour qu’il y ait des voleurs, il faudrait un septième commandement. Or, depuis pas mal longtemps, d’entre mes commandements les hommes ont rayé le septième. Voilà pourquoi il n’y a plus ni vol, ni non plus de voleurs. »
– » Mais, c’est que, vous, vous n’avez pas rayé ce commandement !… »
– » C’est cela même, Pierre, aussi, que les hommes le veuillent ou pas, il y a toujours – hélas !- des voleurs qu’il faudra châtier. »


Le cailloux et la bouse de vache

Le seigneur Jésus et saint Pierre s’en allaient un jour ensemble. Saint Pierre, s’étant mis a regarder aux alentours, heurta du pied une grosse pierre, et le pauvre en prit bien mal ! Il se fâcha et pris la pierre dans ses mains pour la lancer à tour de bras.

Mais le seigneur Jésus, alors, lui dit:
-« Ne te fâche pas ainsi ! De cette rude pierre je ferai le basque. »
Et ainsi fit-il. Plus loin, tandis qu’ils cheminaient encore, saint Pierre glissa sur une bouse de vache et failli tomber de tout son long.

L’infortuné se fâchait encore, mais le seigneur Jésus lui dit:
– « Ne te fâche donc pas, Pierre ! Prends garde seulement où tu pose le pied ! Q’allons-nous faire de cette bouse de vache ?
– « Faites- en le gallego, seigneur.
– « Nous allons donc en faire un gallego, Pierre. »
Et ainsi fit le seigneur Jésus.


Le serpent d’Alçay

A la lisière du bois de Zouhoure, un pâturage est sur le versant de la montagne Azaléguy, et, au milieu du versant, un antre dominant un abîme.
Autrefois les pasteurs d’alentour perdaient leur bétail et n’en trouvaient trace nulle part.

Un jour, un effroyable serpent sortit de l’antre pour aller boire. On vit sa tête à l’eau du ruisseau, et la queue encore près de l’antre. Il attirait les brebis par sa seule aspiration et les engloutissait. Que fallait-il donc faire ?.

En ce temps, il y avait à Athaguy un chevalier, cadet de cette maison, qui n’avait peur de rien. Il voulut savoir s’il serait maître du serpent. Il mit une peau de vache pleine de poudre sur sa monture et s’en fut.

Quand il arriva à Harburia, il attacha sa monture à une aubépine. De la crête de la montagne d’Azaléguy, il fit rouler par bonds et par sauts la peau au-devant de la caverne. Ah ! Bien ! Le Bon Dieu lui avait donné l’agilité.

Il monta son cheval, comparable à l’éclair, descendit le vallon, et se tourna vers Alçay. Il arrivait au col de Hangaitz, lorsqu’il entendit comme un bruit de cent clochettes derrière lui. Le serpent ayant avalé la peau de vache, la poudre avait pris feu. Il roula en bas du bois d’Ithe, fracassant les jeunes hêtres du bout de sa queue. Par Aussurucq il arriva à la mer et s’y noya. Pour le chevalier d’Athaguy, le sifflement du serpent et le bruit convertirent son sang en eau ; il entra dans son lit et mourut. «