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Voici divers contes basques : la jument d’Obantzun, la lac de Biarritz, le charbonnier et le Basa Jaun
La jument d’Obantzun
Les voisins de la maison Etsoinberri avaient une jument. Tous les jours ils l’envoyaient paître à la montagne, ils la redescendaient le soir. Le domestique et la domestique se chargeaient de ce travail. Ils avaient pris une habitude: celui qui voyait la bête le premier revenait en la chevauchant.
Un jour ce fut la domestique qui la vit et, tout en disant
« voici notre jument noire », elle courut et la monta en un clin d’oeil.
L’animal s’en alla en direction du gouffre d’Obantzun où elle pénétra avec sa cavalière.
Le domestique resta quelque temps à regarder dans l’abîme; mais aucun signe, ni de la jument ni de la domestique. Il s’en retourna à la maison tout en se demandant:
« quelle jument était-ce donc que celle-là ? » lorsqu’il vit, plus bas, dans un bas-fond, la véritable jument d’Etsoinberri.
Quelque temps après, alors que les gens de la maison allèrent laver leur linge, ils trouvèrent dans la fontaine d’Itturan les boucles d’oreille et la bague de la domestique captive.
Le lac de Biarritz
Certaines fois, à l’entrée de la nuit, le seigneur et saint Pierre, par là quelque part, du coté de la négresse, à Biarritz, toc, toc, toc, frappèrent à la porte d’une pauvre maison et ils demandèrent le logement pour la nuit. Certes on les accueillerait; et on les fit entrer. Le seigneur Jésus demanda s’ils pouvaient avoir à manger, ne serait-ce qu’une bouchée. Et ces pauvres gens lui avouèrent qu’ils n’avaient rien à donner.
– » Fouillez dans la huche à pain.
– » Bien volontiers, seigneur. Mais hélas ! nous savons à quoi nous en tenir sur notre huche à pain. Voyez… »
Et ces gens demeurèrent stupéfaits: ils voyaient la huche… bondée de pains jusqu’au bord… Ils tombèrent à genoux devant le seigneur Jésus. Et le seigneur Jésus, alors, demanda s’ils pouvaient avoir un lit, car ils étaient bien fatigués tous les deux.
– » Un lit, oui, de très grand coeur…. mais, nous n’aurions pas de draps à vous donner.
– » Voyez encore une fois.
– » Oh ! seigneur, nous savons bien le compte de nos draps.
– » Voyez tout de même… »
Et ou il ne devait pas y en avoir un seul, ils découvrirent des draps en quantité. Les pauvres gens en demeuraient tremblants. le seigneur Jésus leur dit alors:
– » Nous avions frappé à toutes les maisons du voisinage, demandant le gîte pour la nuit… personne ne nous l’a offert que vous. Cette nuit, vous entendrez bien du bruit; ne vous en effrayez pas du tout. Nous serons là pour vous protéger. »
Et ils s’en allèrent tous au lit… Le lendemain, emportées par les eaux, toutes les maisons du voisinage avaient disparu, et disparu également tous leurs habitants. La maison qui avait recueilli le seigneur Jésus et saint Pierre fut la seule à demeurer debout…. S’il vous arrive d’aller jamais du coté de la négresse, vous la verrez encore là-bas, au bord du grand lac crée par la pluie, durant cette nuit terrible.
Le charbonnier et le Basa Jaun
A Askoa, une montagne d’Ataun, un Basa Jaun (le Seigneur sauvage en basque) s’associa avec un groupe de charbonniers travaillant dans le coin.
Un de ces charbonniers avait donné un coup de hache tel que le tronc était fendu par le milieu mais l’outil restait coincé. Il appela le Basa Jaun pour que ce dernier mette ses mains dans la fente afin que la hache puisse être dégagée et que l’on puisse attaquer le tronc par l’autre extrémité.
C’est ce que fit le Basa Jaun.
Le charbonnier put sortir sa hache et la fente se referma sur les doigts du Basa Jaun naïf.
Ce dernier, dominé par l’habileté et l’astuce du charbonnier, fut conduit au village d’Ataun afin que tout le monde puisse le voir à sa guise. Puis, le charbonnier le délivra de son piège.
Le Basa Jaun retourna dans sa caverne. Le charbonnier s’en retourna également à ses occupations mais il disparut plus tard, de façon mystérieuse.