Dans le pays basque, il y a un culte des pierres et du soleil. Dans la vallée de Baztan (Navarre) il y a une pierre qui porte le nom de ARRIKULUNKA, et, comme l’indique son nom, bouge en se balançant. On dit que d’autres pierres, généralement grandes, portait des inscriptions. Celle qui se situe à Zegama (Gipuzkoa), Bergara (Gipuzkoa), Kortezubi (Bizkaye), Arano (Navarre), Sare (Labourd)…
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ToggleCulte des pierres et du soleil
Voici ce qui se dit pour cette dernière :
« Au sommet de La Rhune il avait une pierre sépulcrale. Elle se trouvait près du mur de la chapelle. Au-dessus était écrit : « Celui qui me retourne, ne se repentira pas ». Le jour suivant Pentecôte, des jeunes gens arrivent à la retourner et lisent une autre inscription : »Avant j’étais bien et maintenant mieux ».
Dans celle de Bergara, l’inscription disait : »retourne moi » et une fois fait on a pu lire : »Maintenant je suis bien ».
Celle de Zegama avait les inscriptions : »retourne moi » et « Je suis bien ».
Le soleil est fondamental pour la vie. Pour cette raison, dans beaucoup de cultures il a été déifié car on se sentait assujetti à lui. Son absence (la nuit) est le temps des êtres effrayants, le jour, au contraire, celui des vivants.
Balin badut iguzkia, ezkoargiaz ez dut antsia.
Si j’ai le soleil, je n’ai pas besoin de bougie.
Quelques coutumes qui perdurent encore aujourd’hui font penser que même au Pays Basque il a été Déifié. Le soleil a plusieurs noms : IGUZKI (Irun en Gipuzkoa), IDUZKI (Aezkoa en Navarre), EGUZKU (Erronkari en Navarre), EKI/EKHI (en Soule) et un plus significatif, JAINKOAREN BEGIA « œil de Dieu » (Ataun en Gipuzkoa).
A Luzaide (Navarre), aujourd’hui encore, les femmes offrent des galettes de farine de maïs le matin.
La vénération qu’a eu le soleil s’est manifestée en beaucoup de choses depuis très longtemps. Les dolmens pré-historiques sont orienté vers l’Est, (c’est à dire vers le lever du soleil). Il en est de même pour les maisons, les tombes et les restes qu’elles contiennent. Dans le cas de la maison, le climat a également une incidence car c’est du Nord et du couchant que peuvent venir le froid et les tempêtes.
Les hommages faits à la lune, comme au soleil, sont de caractère féminin comme on peut le voir dans celle de Zerain (Gipuzkoa) :
« Lune, Madame Sainte mère, que Dieu nous bénisse ; Que mon bon œil ne donne pas de mal ; dis-le ainsi à tout ce que tu vois ».
Une croyance très répandue est que la lune (ILARGIA) était la lumière des défunts – HIL ARGIA – (lumière des morts). Elle a d’autres acceptions : IDARGI, IRETARGI, IRATARGI (en Bizkaye), ILAZKI (en Navarre), ARGIZAGI (en Soule), GOIKOA (en Navarre).
Un jour de la semaine, le vendredi, était dédié à la lune. C’était le jour où l’on croyait que les sorcières se réunissaient. Pour cette raison, on ne devait pas faire certaines choses le vendredi : se marier, mener le troupeau à la montagne, récolter le miel des abeilles etc. Pour d’autres raisons on tenait compte de la situation lunaire : montante, descendante, nouvelle, pleine etc. Selon le cas, on coupait du bois, on tuait le cochon, on se coupait les cheveux etc. En cas d’ignorance, le résultat pouvait être mauvais.
Les Aezkans, par exemple, disaient : « Le bois fait pendant la lune montante a une meilleure flamme et est plus léger que celui fait lors de la lune descendante ».
Les phases lunaires s’employaient, de surcroît, pour mesurer le temps. Le mot « Hil » (mort) est utilisé pour désigner le mois.
Au XIIè siècle, le voyageur Aymeric Picaud a écrit que les Basques nommaient Dieu URCI.
Aujourd’hui ce mot n’est plus utilisé dans ce sens mais on peut trouver quelques indices qui montrent que URTZI/ORTZI a été un Dieu : OSTRIA, ORTZADAR, OSTADAR, ORZAIZKI, OZKORRI, OSKORRI, OSKARBI, OSPEL… Dans ces mots en relation avec le ciel, on voit toujours
la racine or/ost. De fait, utiliser le même mot pour désigner Dieu et le ciel indique qu’ils avaient déifié ce dernier.
Ils ont consacré un jour de la semaine : ORTZEGUNA/OSTEGUNA, (jour de ORTZI), même chose pour la lune. Il semblerait également que ce soit Ortzi qui a créé le tonnerre et les éclairs, comme ces mots peuvent le démontrer : ortziri, ortots, ostroi, ostots, ortzantz,…
On prenait des précautions pour se protéger des tempêtes et des éclairs, généralement en allumant des chandelles bénites.
On peut trouver de nombreuses images du soleil et de la lune à travers tout le Pays Basque, surtout dans les cimetières. On peut également en rencontrer sur les linteaux et assises des églises.
On a recueilli beaucoup de petites prières, Otoitz txikiak, (petites prières) faisant allusion au soleil. On voit en elles différents noms et quelques-uns lui conférant un caractère masculin alors que normalement il est considéré comme féminin. Ces petites prières étaient dites en soirée, quand il se couchait.
O Iruzki Saindia,eman zahuzu biziko eta hileko argia! (Luzaide, Navarre)
Oh ! saint soleil, donne-nous la lumière pour vivre et mourir.
Bihar artio Joanes! Zauri Bihar muga onez! (Luzaide, Navarre)
Au revoir Joanes (Jean) sort demain à la bonne heure.
Adio Iguzki saintua, bihar arte; bihar xauri, egun bezala. Orain eta beti; halabiz. (Banka, Basse-Navarre)
Au revoir, saint soleil, à demain ; sort demain, comme aujourd’hui. Aujourd’hui et toujours ; qu’il en soit ainsi !
Eguzkia joan da bere amagana, biar etorriko da denpora ona bada. (Dima, Bizkaye)
Le soleil est parti vers sa mère, demain il viendra s’il fait beau temps.
Adios, amandre, biarartio. (Baztan, Navarre)
Au revoir, seigneure mère, à demain.