Voici la célèbre histoire basque du Tartare et Petit Perroquet.
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Comme beaucoup d’autres dans le monde, il y avait une mère et son fils. Ils étaient très malheureux. Un jour, le fils dit à sa mère qu’il devait s’en aller, pour voir s’il pouvait faire quelque chose. Il va loin, loin, très loin. Il traverse de nombreux pays, et continue encore et encore. Voici comment commence l’histoire du Tartare et Petit Perroquet.
Il arrive dans une grande ville et demande s’ils connaissent une place pour un serviteur. Ils lui disent qu’il y en a un dans la maison du roi. Là, ils lui disent qu’il doit être jardinier. Mais il leur dit qu’il ne sait pas du tout se servir d’une houe, mais que, tout de même, il l’apprendrait avec les autres. Il était très beau. Il l’apprit bientôt et fut aimé de tout le monde.
Ce roi avait une fille, et elle remarquait souvent Petit Perroquet, parce qu’il était poli avec tout le monde. Dans cette ville il y avait un prince, et il faisait la cour à cette jeune princesse, et il fut pris d’aversion et de jalousie pour Petit-Perroquet. Un jour ce prince 1 alla trouver le roi. Il lui dit,
« Vous ne savez pas ce que dit Petit Perroquet ?… qu’il pourrait amener ici le cheval du Tartare.
Le roi fait venir Petit Perroquet et lui dit :
« Il paraît que vous avez dit que vous pouviez amener le cheval du Tartare ici ?
« Je ne l’ai certainement pas dit. »
« Oui, oui, » dit le roi, « tu l’as dit. »
« Si vous me donnez tout ce que je demande, j’essaierai. »
Il demande beaucoup d’argent et part. Il voyage encore et encore, et il a dû traverser une large rivière. Il parle au passeur, paye l’argent du passage et lui dit qu’il aura peut-être une lourde charge à son retour, mais qu’il sera bien payé.
Il atterrit de l’autre côté; mais il avait encore un long chemin à parcourir dans la forêt, car le Tartare habitait un coin de la montagne. Il arrive enfin et frappe à la porte. Un . une vieille, vieille femme vient à lui et lui dit :
« Partez d’ici au plus vite ; mon fils sent l’odeur d’un chrétien à une lieue d’ici.
« Me manger ici, ou me manger ailleurs, ça m’est égal. »
Mais il sort et se cache sous un gros tas de fougères coupées. Il y avait à peine un moment qu’il entendit une profonde respiration et un grincement de dents, qui ressemblait au tonnerre. Il s’arrête où il est, tremblant. Le Tartare va chez lui, et demande à sa mère s’il n’y a pas quelque chrétien ou autre caché ici.
« Non, non », dit-elle. « Mais mangez, votre dîner est prêt. »
« Non, non ! Je dois d’abord manger ce chrétien.
Il va à la chasse, cherche, regarde dans tous les coins. Il va au tas de fougères, et en arrache pour les mettre de côté ; mais notre Petit Perroquet était tout à fait au fond. Le Tartare était sur le point de le trouver, mais il se lassa, rentra chez lui et se mit à manger et à boire énormément. Notre Petit Perroquet s’extirpe de ses fougères et s’en va à l’écurie. Le cheval avait une grosse cloche autour du cou, mais il la remplit de fougères (cette cloche était aussi grosse que la grosse cloche de l’église Saint-Jean de Luz).
Il monte sur le dos du cheval, et très vite il arrive au bac, et le passeur vient à sa rencontre. Ensemble, ils font monter le cheval dans le bac du mieux qu’ils peuvent, et ils traversent. Il lui a donné une belle récompense. Dès qu’il fut de l’autre côté, le Tartare apparut, lui criant de lui rendre son cheval et qu’il lui donnerait tout ce qu’il pourrait désirer. Il répond « Non » et part au grand galop. Lorsqu’il arriva près du palais du roi, il enleva la fougère de la cloche, et tout le monde accourut aux portes ou aux fenêtres. Tout le monde s’étonnait de voir revenir Petit Perroquet.
Le roi était en extase. Il ne savait que dire, mais il l’aimait encore plus qu’autrefois, et la princesse aussi. L’autre prince n’était pas du tout content, et il commence à penser à un autre complot. Il s’en va trouver le roi, et il lui dit :
« Ne savez-vous pas que Petit Perroquet dit qu’il pourrait apporter le diamant du Tartare ?
Le roi fait venir Petit Perroquet et lui dit :
« Il semble que vous dites que vous pouvez obtenir le diamant du Tartare? »
« Je n’ai certainement pas dit une telle chose. »
« Oui, oui, vous l’avez dit. »
« Non, non! Je ne l’ai pas dit; mais j’essaierai, si vous me donnez tout ce que je demanderai. »
Et il demande beaucoup d’argent.
Il s’en va, atteint le bac, paie bien le passeur, et s’en va loin, loin, très loin dans la forêt, jusqu’à ce qu’il arrive à la maison du Tartare. La vieille femme lui dit de partir de là; et il va se cacher de nouveau dans les fougères. Et il s’y arrête jusqu’à ce que le Tartare arrive à la maison, comme il l’a fait la première fois. Il retourne presque toutes les fougères et le laisse à peine couvert.
Il s’y arrête tranquillement tout le temps que le Tartare faisait son grand souper, et quand il pense avoir fini, et qu’il fait sa sieste, il sort très, très doucement. Le Tartare met toujours son diamant sous son oreiller, et il l’enlève sans le réveiller, et s’échappe en courant aussi vite que pour se casser les pieds. Le passeur est là, et il le croise, et il le paie bien. Le Tartare apparaît de nouveau de l’autre côté, et l’appelle en lui disant de lui rendre son diamant, et qu’il lui donnerait tout ce qu’il pourrait souhaiter. Il répond : « Non, non ! » et court vers la maison du roi.
Arrivé là-bas, le roi ne savait que faire. L’un le régalait, l’autre le régalait, et tout le monde s’occupait de lui, et tout le monde l’aimait de plus en plus, et la princesse comme les autres. Le méchant prince ne savait qu’en penser. Dévoré de jalousie, il pensa à autre chose et dit au roi :
« Petit Perroquet dit qu’il peut apporter lui-même le Tartare. »
Le roi fait venir Petit Perroquet et lui dit
« Il semble que vous ayez dit que vous amèneriez le Tartare lui-même ici. »
« Non, non, non, je n’ai rien dit du tout comme ça; mais si vous me donnez tout ce que je demande, j’essaierai. Vous devez avoir une voiture en fer, d’un demi-mètre d’épaisseur, et trois des chevaux pour le tirer, et beaucoup d’argent. Quand tout sera prêt, je partirai.
Il demande aussi un tonneau de miel, un autre de plumes et deux cornes, et part.
Quand il arrive au bac, ce n’est pas facile de faire monter cette voiture dans le bateau. Quand il est arrivé de l’autre côté, il se met d’abord dans le tonneau de miel, puis dans le tonneau de plumes, et attache les cornes à sa tête, puis monte en postillon. Il vient alors à la maison du Tartare, et juste à ce moment-là, il se trouve être chez lui. Petit Perroquet frappe à la porte. Le Tartare lui-même vient ouvrir et demande :
« Qui es-tu ? Toi !
« Moi !! – Je suis le plus vieux de tous les démons de l’enfer. »
Il lui ouvre la portière et lui dit :
« Entrez là-dedans.
Le Tartare embarque, et Petit Perroquet, tout content, s’ébranle et arrive au bac. Il traverse, comme il peut, avec sa voiture et ses chevaux. Il paye généreusement le passeur et vient au palais du roi. Ils furent tous terrifiés quand ils virent qu’il y avait le Tartare. Ils ont essayé de lui tirer dessus avec du canon, mais il a attrapé les balles et les a renvoyées comme s’il s’agissait de balles pour jouer. Ils ne pouvaient pas le tuer de cette façon, alors ils l’ont achevé avec d’autres armes.
Comme Petit Perroquet l’avait bien gagnée, ils lui donnèrent la princesse en mariage. Il envoya chercher sa mère à la cour, et comme ils vivaient bien, ils moururent heureux. C’était l’histoire de Tartare et Petit Perroquet.