La Mort de Celtchar mac Uthechair

Voici l’histoire de la Mort de Celtchar mac Uthechair de la branche rouge de la mythologie irlandaise.

la Mort de Celtchar mac Uthechair

La Mort de Celtchar mac Uthechair

1. D’où vient la mort tragique de Celtchar mac Uthechar ?
Ce n’est pas difficile à dire. Il y avait un homme célèbre parmi les hommes d’Ulster, Blái Briuga lui-même, l’Hospitalier. Il possédait sept troupeaux de bovins, sept centaines de bêtes dans chaque troupeau et un couple de boeufs pour labourer dans chaque troupeau. Il tenait aussi une auberge. Maintenant c’était un geis pour lui qu’une femme dans une compagnie ne devait entrer dans sa maison sans qu’il dorme avec elle, à moins que son mari ne soit dans cette compagnie. Alors Brig Brethach, la femme de Celtchar, alla à sa maison. « Ce n’est pas bien ce que vous avez fait, la femme, » dit Blái l’Hospitalier. « Venir à moi comme vous êtes venue est un geis pour moi. » « C’est un homme misérable, » dit la femme, »celui qui viole son propre gessa. » « C’est vrai. Je suis un vieil homme et de plus tu me provoques, » dit-il. Cette nuit-là, il dormit avec elle.

2. Celtchar le sut; et il alla chercher sa femme. Blái l’Hospitalier partit jusqu’à ce qu’il soit à côté de Conchobar dans la Maison royale. Celtchar partit aussi jusqu’à ce qu’il soit sur le plancher de la Maison royale. Là étaient Conchobar et Cuchulainn jouant au jeu de Fidchell; et la poitrine de Blái l’Hospitalier était entre eux, au-dessus du plateau de jeu. Et Celtchar planta une lance à travers lui si bien qu’elle se prit dans le clayonnage du mur derrière lui, si bien que de la pointe de la lance une goutte (de sang) tomba sur le plateau.

3. « En vérité, Cuchulainn! » dit Conchobar. « En vérité, en effet, Conchobar!  » dit Cuchulainn. Le plateau de jeu est mesuré à partir de la goutte, par ici et par là, pour savoir lequel des deux était le plus proche. De fait la goutte était plus proche de Conchobar et il était le plus long à tirer vengeance. Blái l’Hospitalier, cependant, mourut. Celtchar s’échappa jusqu’à ce qu’il soit dans le territoire des Déisi de Munster au sud.

4. « C’est mauvais, Conchobar! » dirent les hommes d’Ulster. « Cela signifie la mort de deux hommes. C’est assez que nous devions perdre l’homme qui est mort, laisse Celtchar revenir dans sa terre, » dirent les hommes d’Ulster. « Laissez-le venir, alors, » dit Conchobar; « et que son fils aille le chercher et qu’il soit sa sauvegarde. » En ce temps-là, chez les hommes d’Ulster le crime d’un père ne retombait pas sur son fils, ni le crime du fils sur le père. Donc il alla jusqu’à ce qu’il soit dans le sud pour le convoquer.

5. « Pour quelle raison es-tu venu, mon fils ? » dit Celtchar. « Pour que tu reviennes dans ta terre, » dit le garçon. » Quelle est ma sauvegarde ?  » « Moi, » dit le garçon. « Vraiment », dit-il. « subtile est la trahison que les hommes d’Ulster pratiquent sur moi, que je doive aller avec la garantie de mon fils. » – « Subtil sera son nom et le nom de sa descendance, » dit le druide. « Reste [ici], garçon, » dit Celtchar, »et j’irai là-bas. »

6. Cela est accompli, de là vient Semuine dans le territoire des Déisi.

7. Cependant, voici le prix qui fut exigé pour la mort de Blái l’Hospitalier, les délivrer des trois pires fléaux qui viendraient en Ulster à son époque.

8. Alors Conganchness mac Dedad vint venger son frère, Curoi fils de Daire mac Dedad lui-même, sur les hommes d’Ulster. Il dévasta énormément l’Ulster. Les lances ou les épées ne le blessaient pas, mais rebondissaient sur lui comme sur la corne.

9. « Libère-nous de ce fléau, Celtchar! » dit Conchobar. « Sûrement je le ferai, »dit Celtchar. Et un certain jour il alla s’entretenir avec Conganchness pour le tromper, lui promettant sa fille, à savoir Niam fille de Celtchar, ainsi que la fourniture d’un dîner pour cent chaque après-midi. Alors la femme le trompa, lui demandant : « Dites-moi, » dit-elle, »comment vous pouvez être tué. » – « On doit pousser des pointes de fer chauffées au rouge à travers mes plantes de pied et mes tibias.  » Alors elle dit à son père qu’il devrait faire deux grandes pointes, et mettre un sort de sommeil sur lui, et qu’il devrait rassembler une armée importante avec lui. Et ainsi fut fait. Et ils sont allés sur le ventre, et les lances ont été poussée dans ses plantes de pied avec des marteaux et directement dans sa moelle, de sorte qu’il (Conganchness) est tombé à cause de lui (Celtchar). Et Celtchar lui coupa la tête, sur laquelle un cairn fut élevé, à savoir, une pierre a été placée par tout homme qui est venu là.

10. Et voici le second fléau, c’est-à-dire la Souris Brune, à savoir, un roquet que le fils de la veuve avait trouvé dans le creux d’un chêne, et que la veuve avait élevé jusqu’à ce qu’il soit grand. Finalement il s’en prit aux brebis de la veuve, et il tua ses vaches, et son fils, et la tua elle-même, et se rendit ensuite au Glen de la Grande-Truie. Chaque soir, il dévastait une demeure en Ulster, et chaque jour il dormait. « Libère-nous de lui, Celtchar! » dit Conchobar. Et Celtchar alla dans un bois et en sortit un pied d’aulne, et un trou fut creusé en lui de la longueur de ses bras, et il le fit bouillir dans des herbes parfumées, dans le miel et la graisse jusqu’à ce qu’il soit tendre et résistant. Celtchar se rendit à la caverne dans laquelle la Souris Brune avait l’habitude de dormir et il entra dans la caverne tôt avant que la Souris Brune ne soit revenue après ses meurtres. Elle revint et son museau se dressa haut en l’air à l’odeur du bois. Et Celtchar poussa le bois vers elle dans la caverne. Le chien le prit dans ses mâchoires et y planta ses crocs et les crocs s’accrochèrent au bois dur. Celtchar tira le bois vers lui; et le chien tira de l’autre côté; et Celtchar passa son bras à travers le rondin (à l’intérieur) et lui retira son coeur à travers ses mâchoires si bien qu’il l’eut dans sa main. Et il prit sa tête avec lui.

11. Et ce jour-là, à la fin de l’année suivante, des vachers allèrent du côté du cairn de Conganchness, et entendirent les cris de chiots dans le cairn. Et ils creusèrent dans le cairn et y trouvèrent trois chiots, à savoir, un chien fauve, et un chien avec de petites taches, et un chien noir. Le chien avec les petites taches fut donné en présent à Mac Datho de Leinster, et à cause de lui de nombreux hommes d’Irlande moururent dans la maison de Mac Datho et Ailbe était le nom de ce chien. Et c’est à Culann le forgeron que le chien fauve fut donné, et le chien noir était le propre chien de Celtchar, Dóelchú. Il ne laissait personne l’approcher hormis Celtchar. Une fois Celtchar n’était pas à la maison, et le chien était sorti, et les gens de sa maison ne pouvait pas l’attraper, et il s’en prit au bétail et aux troupeaux, et à la fin il s’attaquait à un être vivant tous les soirs en Ulster.

12. « Libère-nous de ce fléau, Celtchar! » dit Conchobar. Celtchar se dirigea vers la vallée dans laquelle le chien se trouvait, avec une centaine de guerriers, et trois fois il appela le chien jusqu’à ce qu’ils le voient venir vers eux, allant tout droit jusqu’à Celtchar auquel il vint lécher les pieds. « C’est désolant, en vérité, ce que le chien fait », dirent-ils tous. « Je ne veux plus être incriminé à cause de toi! » dit Celtchar, en lui donnant un coup de Luin Celtchar6, de sorte qu’il lui arracha le cœur, après quoi il mourut. « Malheur! » cria tout le monde. «C’est vrai», dit-il, tout en soulevant la lance, quand une goutte de sang du chien courut le long de la lance et passa à travers lui jusqu’à la terre, de sorte qu’il mourut de cela. Et l’on fit sa lamentation, sa pierre et sa tombe furent érigées à cet endroit. C’est donc la mort tragique de Blai l’Hospitalier, et de Conganchness, et de Celtchar le fils de Uthechar.Finit.