L’Amour de Conall Cernach

Voici l’histoire de l’Amour de Conall Cernach, de la branche rouge de la mythologie irlandaise.

Amour de Conall Cernach

Amour de Conall Cernach

Il y avait un homme farouche parmi les hommes d’Ulster, Conall le Victorieux, le fils de Amorgen, le meilleur guerrier qui était en Irlande. Grande fut sa hardiesse. C’était un homme qui dès son enfance, tant qu’il eut une lance à la main, ne revenait pas sans porter la tête d’un homme du Connaught. Il menait une guerre mortelle contre les hommes du Connaught, car ils avaient tué ses frères. Cependant, il n’y avait pas un homme parmi les hommes du Connaught, dont il n’avait pas tué le fils ou le frère ou le père. Et il avait tué trois fils d’Ailill et de Medb, et c’est lui également qui avait tué Belchu de Brefne et ses trois fils, et c’est lui qui avait tué les sept fils de Magu de Connaught, c’est-à-dire Anlúan fils de Magu, et Docha fils de Magu, et Mac Corb fils de Magu, et Find fils de Magu, et Scandlán fils de Magu, et Cet, et Ailill fils de Magu. Et c’est lui qui avait tué Ailill fils de Mata Muresc de Connaught, car Mata Muresc était sa mère (à Ailill) , et il était le fils de Ross le Rouge de Leinster. Et il (Ailill) alla vers l’est contester la royauté du Leinster, et il saisit la royauté de Connaught à l’Ouest, au nom de sa mère, et de la terre de sa mère vient le nom du fils (i.e. mac Mata) qui lui fut donné à l’ouest.

A la fin cependant, la débilité et la tristesse vinrent sur Conall le Victorieux, après que ses frères nourriciers Conchobar et Cuchulinn eurent été tués, de sorte que beaucoup de tristesse et de misère et que la lèpre vinrent sur lui, si bien qu’il n’y avait pas de force dans ses pieds pour aller et venir. Et il considéra en lui-même en quelle maisonnée il devrait aller pour être chéri et nourri.

« Ailill et Medb, en vérité », dit-il, « ce sont les deux qui sont en mesure de prendre soin de moi. Mais pourtant, ma haine à leur égard est grande. Toutefois, si grande qu’elle soi, il faut que j’y aille. »

Alors seul, il alla jusqu’à ce qu’il atteigne Rath Cruachan, et entra dans le Rath où étaient Ailill et Medb. Et Ailill lui souhaita la bienvenue.

« Tu es le bienvenu », dit Medb, « O Conall *** Tu seras en effet bienvenu », dit Medb. » Une maison sera faite (pour toi) sur le rempart du rath. « 

Une maison fut bâtie pour lui, et un cochon et un veau et les nouvelles de Medb et Ailill et douze gâteaux et un mouton et la marmite de bouillon furent amenées (à lui), et il consomma tout cela en une seule fois. Il fait *** le rempart du rath, et il a à sa faim chaque soir par les hommes de Connaught, et avant le matin, il revient à la maison.

De cette façon, ils lui donnèrent à manger une année complète, en lui donnant le même festin que cette fois-là (la première). Voici ce qui amusait les hommes du Connaught chaque jour, qu’il leur raconte comment il avait tué leurs fils et leurs frères et leurs pères. Les hommes de Connaught lui apportaient leurs lances pour qu’il les prépare, et les aiguise, et il les préparait avant que les vaches ne s’éveillent.

Maintenant, grande était la puissance et l’honneur et la dignité de Medb, et grand était son désir en chaque chose, à savoir, elle allait avec une trentaine d’hommes chaque jour, ou avec Fergus seulement. Son mari, cependant, était du même âge qu’elle, c’est-à-dire Ailill, un homme sans tache, à savoir, sans jalousie, sans crainte, sans mesquinerie. Belles étaient la forme et la force de cet homme et bon son jugement, à savoir, quand un homme jouait contre Ailill, si un serviteur de Medb venait le convoquer à une réunion avec elle. Voici ce que Ailill avait l’habitude de dire: «Attendez un peu jusqu’à ce que le jeu soit terminé ». Il avait également l’habitude d’avoir des rendez-vous avec d’autres femmes, au mépris de sa femme, et elle était jalouse sur ce point, alors elle prit Conall Cernach dans sa maison (pour surveiller) Ailill, afin qu’il ne fît pas une telle chose contre sa permission.

Un jour, tôt le matin de Beltaine, Ailill avait un rendez-vous avec une femme à côté de la forteresse. Cependant, Conall préparait des lances sur le (rempart du) rath. Medb sortit elle aussi, car elle savait qu’ils se rencontraient. Il y avait un buisson de noisetier en mouvement à côté du couple, et Medb le vit. « Eh bien, Conall », dit Medb, « Conall le Victorieux a été ton nom jusqu’à ce jour. A compter de maintenant ton nom sera Conall le Méchant-malheureux. Lorsque tu étais Conall le Victorieux, personne n’aurait osé violer ta garantie. Aujourd’hui, ce scandale là-bas est tout près de toi ». Alors, Conall dit : « En vérité, voici une revanche pour Fergus! » dit-il, et il arma sa lance contre eux de sorte qu’elle traversa Ailill de part en part, ou peut-être qu’il le blessa dans une maison vide à travers le chaume au-dessus. Tout le monde vint à lui (Aillil), et ils le portèrent avec eux dans la maison.

Tous demandent : « Qui a fait ça? » « Conall l’a fait », dit Ailill. « Malheur! Ce n’est pas vrai! » dit Conall. « Cela est vrai », dit Medb. « Si c’est vrai, alors », dit-il, « il y a une vengeance pour Fergus en cela. » «C’est mal à toi ce que tu as fait », dit Ailill, « de m’avoir fait du mal à moi. Eloigne-toi de mon visage avant que je ne meure. Car, après ma mort, les hommes du Connaught vont te tuer. »  » C’est assez pour moi », dit Conall, « si j’atteins mon char devant la forteresse. » « Je ne mourrai pas avant cela », dit Ailill.

Il entra dans son char. Immédiatement Ailill mourut là-bas (dans la maison). Alors, cependant, les hommes de Connaught lancèrent leurs lances contre lui avec véhémence. Il tua un grand nombre d’entre eux. Il y avait un geis sur lui d’aller dans un gué sans que l’eau soit agitée derrière lui. Il y avait des mineurs qui lavaient du minerai dans la rivière au-dessus de lui, et l’eau troublée l’atteignit, de sorte qu’elle le toucha avant tout le monde. Puis il tomba sous leurs coups après avoir porté le massacre dans les hommes de Connaught. Les trois Loups-Rouges de Martine des Fir Maige (Fermoy), ce sont eux qui coupèrent sa tête; ils étaient des Erna, et ils étaient dans la maison de Ailill. Et pour venger Curoi ils lui coupèrent la tête. Et alors qu’ils étaient en train de le tuer, Medb arriva à leur suite. C’est alors que Medb déclara:

« O tête pâle, qu’après l’arbitrage (de la bataille)
Les trois Loups-Rouges de Martine emportent.
C’est le visage d’un héros ***,
La tête de Conall, fils de Amorgen.

Ils emportèrent la tête de Conall avec eux en vengeance de Curoi, dont les Ulates avaient emporté la tête avec eux vers le nord. Et la tête (de Conall) est encore à l’ouest. Quatre veaux âgés d’un an se tiendraient dedans, ou quatre hommes jouant au fidchell, ou un couple sur une litière. Il y a une prophétie pour les Ulates selon laquelle elle doit être rapportée de nouveau au sud, et la même force leur en viendra de nouveau, s’ils boivent du lait à travers elle. Et ainsi dit le proverbe: «La destruction de l’Ulster par la destruction de l’Ulster. »

La Mort d’Ailill et de Conall le Victorieux jusqu’ici.