Glossaire en T U Y (Celtique)

Voici un glossaire de la mythologie celtique : Tailtiu, Taliesin, Tara, Taranis, Teutates (Toutatis), Tristan et Iseut, Tuan Mac Cairill, Tuatha Dé Danann, Uiscias (et l’Epée de Nuada), Ys, Yspaddaden

Glossaire Celtique

Glossaire Celtique

Tailtiu, dans la mythologie celtique irlandaise, est la fille de Mag Mor, « roi d’Espagne » et l’épouse du dernier roi des Fir Bolg, Eochaid Mac Eirc, dont le règne est réputé pour sa justice et sa prospérité. Elle est présente dans le texte mythique Lebor Gabála Érenn (Livre des Conquêtes d’Irlande). Elle défriche la forêt de Breg, pour en faire une plaine cultivable, ce qui la fait mourir d’épuisement. La forêt de Breg fait place à un champ de trefle, plante désormais emblématique. L’étymologie de son nom est commune avec celui de la terre, elle a d’ailleurs laissé son nom à une ville de la province de Meath, Teltown (entre Navan et Kells). Elle est une des incarnations de l’Irlande.

Ayant survécu à la « Première Bataille de Mag Tured » qui voit la défaite des Fir Bolg par les Tuatha Dé Danann, elle devient la mère adoptive du dieu Lug. À sa mort, celui-ci organise des cérémonies en son honneur (Áenach Tailteann) lors de la fête de Lugnasad.


Taliesin serait né vers 534 et serait mort vers 599, il serait le fils de saint Henwg de Llanhennock. Il fait partie des Cynfeirdd, c’est-à-dire les premiers bardes, certains ont émis l’idée selon laquelle son œuvre aurait été composée en Cambrien. Selon l’Historia Brittonum attribuée à Nennius, c’est un contemporain d’Aneirin et l’un des plus grands poètes de Bretagne.

Une douzaine de poèmes du Livre de Taliesin sont authentifiés et lui sont attribués, ce sont des louanges des différents rois au service desquels il a été attaché. Vers 555 il est le barde du roi du Powys Brochfael, puis de son successeur, Kynan Garwyn et enfin du roi de Rheged (actuel Cumberland) Urien et de son fils Owain mab Urien. Le poète Alfred Tennyson (1809-1892), dans son recueil Idylls of the King, l’incorpore à la légende arthurienne et en fait un barde du mythique roi Arthur.

Au XVIe siècle, Elis Gruffydd, un soldat gallois en garnison à Calais (alors ville anglaise) compose Hanes Taliesin : le conte de Taliesin. Ce texte qui raconte la naissance mythique du barde et expose ses pouvoirs magiques à été traduit en anglais au XIXe siècle par lady Charlotte Guest et édité avec les Mabinogion.

* L’histoire de Gwion Bach :

Tegid Voel (le « chauve ») vit au Pays de Galles sous le règne d’Arthur, sa femme s’appelle Ceridwenn, elle est experte en magie, divination et sorcellerie. Ils ont un fils hideux et au comportement odieux, nommé Morvran mais que l’on surnomme Avangddu (c’est-à-dire le Monstre Noir, à cause de la couleur de sa peau) – ils ont aussi une fille Creirfyw, la plus belle de cette l’époque. Le fils est rejeté par tous et pour qu’il soit accepté, sa mère décide de lui donner le don de l’inspiration prophétique. Pour ce faire, il lui faut des plantes ramassées à des moments précis, puis les mettre dans un chaudron empli d’eau et faire bouillir la mixture pendant un an et un jour. Après ce délais, on obtient trois gouttes qui rendent savant et devin celui ou celle sur qui elles tombent. Le reste du bouillon est un puissant poison. Un vieil aveugle, dont nous ignorons le nom, est chargé de surveiller le chaudron, il a un guide nommé Gwion Bach qui s’occupe du feu sous le chaudron, Ceridwenn maintient le niveau de l’eau. Le fils monstrueux est placé près du chaudron, pour recevoir les trois gouttes quand le moment sera venu. Alors que la mère s’est endormie, les gouttes sautent et tombent sur Gwion Bach qui prend prestement la place de Morvran. Le chaudron explose sous l’effet du poison, Ceridwenn se réveille et Gwion Bach devine instantanément qu’elle va décider de le tuer. Il s’enfuit en prenant l’apparence d’un lièvre. C’est l’épisode de différentes métamorphoses : un saumon bleu, un chien, un cerf, un chevreuil, une borne, une corde, une hache, etc. Dans la poursuite, Ceridwenn se transforme autant de fois. Dans une grange, il se transforme en grain de blé, Ceridwenn prend l’apparence d’une poule noire, elle avale le grain de blé et donne naissance à Gwion Bach. Ne pouvant se résoudre à le tuer, elle installe l’enfant dans un coracle et l’abandonne sur la mer.

* L’histoire de Taliesin :

L’écuyer Gwyddno Garanhir tient une pêcherie à Caer Ddegannwy, dans l’estuaire de la Coonwy. Chaque 1er novembre lui apporte une grande quantité de saumons. Il a un fils Elffin qui est serviteur à la cour du roi Maelgwn. Le 1er novembre Elffin, aidé de ses amis, va recueillir la pêche habituelle, mais la nasse est vide à l’exception d’un coracle. Il tranche les cordons de cuir et un front blanc (tal-iesin) apparaît. C’est le nourrisson Gwion Bach qui erre sur la mer depuis quarante ans. Elffin met le sac sur un cheval pour l’emmener chez lui et Taliesin entame un chant qui doit consoler l’infortuné pécheur : sa trouvaille a beaucoup plus de valeur que les saumons. De ce jour, la fortune d’Elffin s’accroît considérablement, de même que sa réputation à la cour du roi. Aussi, il se vante d’avoir un barde plus savant que tous les bardes du roi et que sa femme est la plus estimable du royaume ; ce qui lui vaut d’être emprisonné. Le roi dépêche son fils Rhun au château d’Elffin pour qu’il séduise l’épouse de l’impudent. Taliesin qui sait l’avenir, remplace la femme par une de ses servantes que Rhun endort avec un philtre, il s’en rend maître et lui coupe un doigt, porteur d’une bague. Le roi fait venir Elffin et lui présente le doigt, Elffin lui démontre par trois arguments que ce doigt n’est pas celui de son épouse, furieux le roi le renvoie en prison. Taliesin explique à la femme d’Elffin comment il va libérer son maître. Le barde arrive à la cour du roi, dans la grande salle, il s’installe à l’écart. Les bardes de la cour, passent devant Taliesin qui leur jette un sort, arrivés devant le roi pour lui rendre hommage, ils ne savent dire que « blub, blub ». Tancé, Heinin leur chef, explique au roi qu’ils sont victimes d’un sortilège et il désigne le responsable qui est sommé de s’expliquer. Taliesin prend la parole et se présente en récitant un poème, affirmant ses origines bibliques et ses exploits au cours de l’Antiquité. Puis il enchaîne un autre chant dans lequel il prédit la libération de Elffin et un autre qui déclenche une formidable tempête ; le roi fait libérer Elffin. Taliesin demande à Elffin de faire un pari avec le roi, il affirme posséder un cheval plus rapide que tous ceux du roi. Une date de concours est arrêtée, le roi arrive avec 24 chevaux mais c’est celui d’Elffin qui remporte la course. Taliesin fait alors creuser un trou et l’on découvre un chaudron plein d’or, c’est la récompense du sauvetage de l’enfant du coracle.


Tara est la capitale mythique de l’Irlande, située dans la cinquième province de Meath, au centre ; en irlandais, c’est « Teamhair na Rí », la colline des rois. Le récit Suidigud Tellach Temra (Fondation du domaine de Tara) expose la suprématie de la ville sur le reste de l’île.

Les textes médiévaux relatifs à la tradition mythique de l’Irlande nous apprennent qu’elle est divisée en quatre provinces (ou quatre royaumes) : l’Ulster (Ulaidh, en irlandais), le Connaught (Connachta), le Leinster (Laighin) et le Munster (Mumhain) auxquelles s’ajoute celle de Meath (Midhe) qui est constituée d’une partie des autres. Elle est située au centre et on y trouve la ville de Tara, résidence des « ard ri Érenn », les rois suprêmes, conseillés par les druides. Elle est le lieu de toutes les assemblées religieuses, politiques et judiciaires ainsi que de l’intronisation du roi qui est l’occasion du fameux « Festin de Tara ».

À la période historique, la royauté sur Tara aurait été assumée par les rois du Leinster au IVe siècle et Ve siècle, puis par ceux d’Ulster, pour être finalement accaparée par la dynastie de Ui Néill au VIIe siècle et qui deviendra le ri Erenn (le roi d’Irlande).

C’est à Tara qu’a lieu la confrontation entre saint Patrick et Loegaire, c’est aussi à cet endroit que se trouve le talisman de la Pierre de Fal (Lia Fâil – voir Morfessa), symbole de la Souveraineté.


Taranis est, avec Esus et Teutatès, un des Dieux d’une prétendue triade celtique attestée par le poète latin Lucain. C’est un dieu des plus importants du panthéon gaulois. Son nom signifie « le tonnant » (tarann en breton et gallois).

Taranis serait principalement le dieu du ciel, de la foudre et du tonnerre.

Son culte est attesté en Grande-Bretagne, en Rhénanie, en Dalmatie, en Provence, en Auvergne, en Bretagne et en Hongrie. Ses premières représentations prennent forme peu avant la conquête romaine. Époque mouvementée alors que, sous l’influence de ses voisins, la Gaule commence à représenter ses Dieux sous formes de statues et leur élève des autels et des lieux de cultes plus importants que jadis. On a retrouvé sept autels consacrés à Taranis, tous portants des inscriptions en grec ou en latin à travers l’Europe continentale. On peut aussi mentionner le magnifique chaudron de Gundestrup (200 ou 100 avant Jésus Christ) retrouvé au Danemark. Ce chaudron est une des plus belles pièces que nous possédons illustrant, entre autres, le grand Taranis.

Ce Dieu serait le plus souvent représenté comme un homme d’âge mûr, barbu et viril dont les attributs distinctifs sont la roue solaire, un sceptre et des esses (éclairs). Il est parfois accompagné d’animaux : cheval (animal au rôle psychopompe), aigle ou serpent.


Teutatès est un théonyme gaulois que l’on ne connaît que par l’épopée La Pharsale de Lucain, un récit de la guerre civile qui opposa Jules César et Pompée ; il est mentionné avec Ésus et Taranis. C’est une forme archaïque ou une variante de Toutatis, il provient de teutã qui a évolué en touta et totã. Le sens est « père de la tribu, de la nation », c’est le dieu protecteur d’une communauté et de son territoire, avec une connotation guerrière. C’est la même notion que l’on retrouve dans la mythologie celtique irlandaise de tuath (la tribu), avec les Tuatha Dé Danann. Teutatès peut être rapproché du Dagda et comparé au Mars romain. Mais compte tenu de la faiblesse des sources, il n’est guère possible d’en dire plus.


Tlachtga, dans la mythologie celtique irlandaise, est une druidesse (bandrui, ce qui signifie « femme-druide »), réputée pour la puissance de sa magie. Son père est lui-même un des druides les plus fameux d’Irlande, il s’agit de Mog Ruith.

Pendant son initiation, elle accompagne son père dans ses voyages, c’est ainsi qu’elle apprend les secrets de sa magie. Elle découvre notamment des pierres sacrées en Italie. Elle est enlevée et violée par les trois fils de Simon le Magicien. Lors de son retour en Irlande, elle donne naissance à des triplets dont les pères sont évidemment différents. Ils ont pour nom Cumma, Doirb et Muach. La triple naissance est un thème commun dans la mythologie celtique, de même que sa mort provoquée par le chagrin.

La classe sacerdotale des Celtes était ouverte aux femmes et plus particulièrement la fonction de prophétie, assumée par les vates (voir par exemple les Gallisenae de l’Île-de-Sein).


Tuan Mac Cairill (Tuan fils de Cairill) est le seul rescapé du cataclysme qui décima le peuple mythique des Partholoniens.

Selon le Lebor Gabála Érenn (Livre des Conquêtes d’Irlande), les Partholoniens (du nom de leur chef Partholon) sont arrivés en Irlande, 312 ans après le Déluge, le jour de la fête de Beltaine (1er mai). Leur règne va durer 5000 ans, on leur attribue l’invention du druidisme, de l’agriculture, de l’élevage, de la métallurgie. Parallèlement, ils doivent lutter contre les Fomoires.

Tuan est à la fois l’Homme et le Druide primordial. Il ne doit sa survie qu’à des métamorphoses animales successives, pour finalement revenir à l’état humain, afin de transmettre sa science. Sous Partholon, c’est un homme durant cent ans ; puis à l’époque de Nemed, il est un cerf pendant trois cent ans ; il est un sanglier (ou un bouc) sous Senion pendant deux cents ans ; il est un rapace sous Beothach durant trois cents ans ; et encore cent années sous le règne de Mile, il a la forme d’un saumon. Sous cette forme il est attrapé par un pêcheur qui l’offre à la reine Cairill. Elle le mange et il redevient humain avec le nom de Tuan Mac Cairill.


Les Tuatha Dé Dânann (gens de la déesse Dana) sont des dieux qui viennent de quatre îles du nord du monde : Falias, Gorias, Findias et Murias ; de ces villes mythiques ils apportent cinq talismans : la lance de Lug, l’épée de Nuada, le chaudron et la massue de Dagda et la pierre de Fal.

Quand les Tuatha Dé Dânann arrivent en Irlande, le jour de la fête de Beltaine, l’île est occupée par les Fir Bolg qui vont être vaincus lors du « Cath Maighe Tuireadh » (la Bataille de Mag Tuireadh) (c’est la troisième conquête).

Les Tuatha Dé Dânann que l’on retrouve dans nombre de récits sont le peuple mythique de l’Irlande, mais pas exclusivement puisqu’ils se retrouvent, sous des formes différentes et généralement d’autres noms, dans tout le monde celtique. Ce sont des dieux, des déesses, des héros, des magiciennes (Bansidh). Ils maîtrisent le Druidisme, le Savoir et les Arts. Manannan Mac Lir leur fournit des cochons magiques qui confèrent l’immortalité. Mais face aux Milesiens, ils doivent se replier dans le Sidh. Il est à noter que les dieux s’effacent devant les humains, puisque les « fils de Mile » sont les Gaèls.

Leurs trois druides primordiaux sont Eoloas (Connaissance), Fiss (Savoir) et Fochmarc (Recherche).


Uiscias, dont le nom se rapporte à l’eau, était le druide qui gouvernait l’île de Findias (le sens du toponyme est « la Blanche »). C’est de là que vient le talisman de l’Épée de Nuada qui représente la Souveraineté et la Guerre. Cette arme est infaillible, ses blessures mortelles.


Yspaddaden, dans la mythologie celtique galloise, est le chef des géants, qui apparaît dans le conte médiéval, Kulhwch et Olwen. Une malédiction veut qu’il perde la vie lorsque sa fille, la très belle Olwen (« trace blanche »), se mariera. Inévitablement, un prétendant se présente : Kulhwch. L’accueil est violent, le géant reçoit le prétendant et les gens de sa suite, en leur lançant des pierres et des lances empoisonnées. Ces trois lances lui sont renvoyées, la première lui blesse le genou, la seconde lui transperce la poitrine et la troisième pénètre l’œil pour ressortir par la nuque. Finalement, il impose à Kulhwch une série d’épreuves extrêmement difficiles à réaliser, au terme desquelles il aura Olwen.