Les contes de Pensé contiennent les contes suivants : Grain-de-grenade, Conte d’amour, La jarre d’or, La princesse des eaux, Le bien d’autrui, Le chapeau qui rend invisible, Le conte de l’homme riche, Le roi et le barbier, L’homme et le diable, La chemise ornée de diamants, Aslanzate et Zanpolate, La fille du coffre, Frère agnelet, Crainte, Le lare domestique, Rira bien qui rira le dernier, Talou Orlan, Topal, Le cerf-volant révélateur, Le chasseur Ahmad, Le derviche et les filles, La fille du roi de Chine, Nerso
Contenus
ToggleGrain-de-grenade
Il y avait un roi qui, avant de mourir, fit venir ses trois fils et leur dit :
» Que ceci reste entre nous : où que vous alliez à la chasse, surtout n’allez pas sur le mont en face, il vous arriverait malheur. «
Il dit cela, et il meurt.
Le temps passe. L’aîné dit :
» Mon Dieu ! qu’est-ce que ce mystère ? Je vais aller sur ce mont, je vais voir ce qu’il y a « .
Il marche, il marche, il arrive devant un château. Il s’approche, il voit un oiseau qui s’envole et se pose sur sa tête, sur ses bras, sur son épaule. La porte s’ouvre. Il entre, il voit que l’oiseau s’est transformé en démon et se tient devant lui.
- » Bonjour ! sois le bienvenu, je t’en prie, entre, je sais que tu es un voyageur, que tu es fatigué, assieds-toi, repose-toi, mange un petit pain, que Dieu t’accorde la réussite partout où tu iras » dit le démon.
Arrivé au pied de l’escalier, le démon dit : » monte d’abord ! «
Le jeune homme dit : » Monte, toi ! «
Le démon dit : » Ce n’est pas la coutume chez nous de monter le premier, c’est toi qui dois passer devant. «
Le jeune homme passe devant, le démon le frappe par derrière et le tue. Il ne mange pas sa chair, il le jette dans le puits.
Comme son frère ne revient pas, le cadet part à sa recherche.
Il lui arrive exactement la même chose qu’à l’aîné. Le démon lui coupe la tête.
Le plus jeune frère et sa sœur disent : » nos grands frères sont partis, ils ont disparu. Allons voir ce qu’ils sont devenus, s’ils sont morts ou vivants. «
Ils marchent, ils marchent, ils voient le château, l’oiseau se pose sur la tête du frère, sur ses bras, sur son épaule ; ils arrivent devant la porte, ils entrent, l’oiseau devient démon, il se tient devant eux. Il dit au garçon : » passe devant, on va monter. «
Le garçon dit : » Non, passe d’abord ! «
- » Non, toi d’abord ! «
- oui – non – oui – non , le démon finit par céder. Le garçon le frappe et le tue, il le coupe en mille morceaux et jette tout dans le puits.
Le frère et la sœur voient que cette demeure leur convient : elle est pleine de meubles, de vaisselle, de vêtements…Ils décident d’y rester.
Le garçon allait à la chasse dans la montagne, la fille restait à la maison, elle préparait les repas, faisait le ménage et gardait la maison.
Le frère avait bien recommandé à sa sœur de prendre garde, après avoir balayé le sol, à ne pas jeter les ordures dans le puits, car cela ferait ressusciter le démon.
Or, un jour, la fille balaie et jette les ordures dans le puits.
Aussitôt, le démon réapparaît. Il sort, il ensorcelle la fille, il en fait sa femme. Il demande :
» Où est ton frère ? «
La fille dit :
» Il est parti chasser dans la montagne « .
» Je vais tuer ton frère ! » dit le démon.
» Non, dit la fille, pourquoi le tuer ? Qu’il chasse et nous rapporte le gibier ; nous le mangerons. «
Le soir, le frère rentre. Et que voit-il ? le démon ressuscité, le démon et sa sœur bras dessus bras dessous, se faisant des mamours !
La fille fait des caprices, elle a envie de grenades ! Elle les mange, et neuf mois après, elle met au monde un garçon.
Cet enfant avait sur le flanc une excroissance en forme de poignard, surmontée d’un grain de grenade. On l’appela donc » Grain-de-grenade « .
Alors que les enfants des étrangers grandissent d’année en année, Grain-de-grenade grandissait de mois en mois, car c’était un enfant de démon, les démons grandissent à toute vitesse.
Un jour, le démon dit à la fille :
» Je ne peux plus supporter la vue de ton frère. Je vais me transformer en serpent et me cacher derrière la porte. Dès que ton frère rentrera, je l’étranglerai et le tuerai. «
Grain-de-grenade l’entend. Le soir, au retour de son oncle, il court au-devant de lui et dit :
» Tonton chéri, prends-moi sur tes épaules, et entrons ensemble ! «
Son oncle le prend sur ses épaules, ils entrent par la porte, le serpent ne peut pas étrangler le frère.
Le lendemain, le démon dit :
» Je vais me transformer en serpent, je vais me cacher sous la porte, quand ton frère passera, je le mordrai au talon ! «
Grain-de-grenade entend les manigances de ses parents. Le soir, quand son oncle rentre, il va au-devant de lui et dit :
» Tonton chéri, hier tu m’as porté, aujourd’hui c’est moi qui vais te porter « .
Il prend son oncle sur ses épaules, ils entrent par la porte, le serpent ne peut pas mordre le frère.
Alors le démon dit à sa femme :
» Eh bien, je vais me transformer en oiseau, je me percherai dans l’arbre ; quand ton frère rentrera, tu lui diras de me tuer, tu mettras de côté ma chair. Et mes os, tu les jetteras dans le puits. Tu feras du feu, de mes restes tu feras un pâté, tu le serviras à ton frère, il le mangera et mourra. Tu jetteras son corps dans le puits par-dessus mes os, je ressusciterai et nous reprendrons notre vie commune. «
Grain-de-grenade entend les propos de ses parents. Ce soir-là, l’oncle n’avait pas de gibier, il rentrait les mains vides. Sa sœur dit :
» Frère, ton beau-frère n’est pas là et toi tu arrives les mains vides. Je n’ai rien à manger, va voir sur l’arbre, il y a un oiseau, tue-le, je le ferai cuire. «
Le frère tire sur l’oiseau et le tue. La sœur fait un pâté avec la chair et jette les os dans le puits. Pour elle et son fils, elle fait un pâté avec une bonne viande. Ils se mettent à table.
Grain-de-grenade dit : » Maman, une souris! Une souris ! «
La mère se retourne ; l’enfant échange les pâtés de l’oncle et de la mère.
Ensuite, il raconte tout à son oncle.
Ils se libèrent du démon et de sa femme.
Ils se mettent en route.
Après avoir longtemps marché, l’oncle est fatigué ; il s’assied à l’ombre d’un arbre, et dit :
» Ah ! si seulement je pouvais fumer ma pipe, dommage qu’il n’y ait pas de feu ! «
Grain-de-grenade regarde, il voit au loin une petite fumée qui s’élève.
» Tonton, dit-il, allonge-toi, repose-toi, je vais aller te chercher du feu. «
Grain-de-grenade s’en va, il voit quarante démons autour d’un feu où rôtit de la viande dans un chaudron de cuivre. Il les salue et dit :
» Veuillez écarter votre chaudron, je voudrais porter du feu à mon oncle, pour qu’il allume sa pipe. «
Les démons disent :
» Nous, nous ne pouvons pas soulever ce chaudron, si toi tu peux, écarte-le et prends du feu .
Grain-de-grenade soulève le chaudron pour le poser à côté, mais il renverse toute la viande. Les démons furieux l’entourent. Grain de grenade les attaque, il les tue tous, il prend du feu, il emmène aussi la femme du chef, il arrive auprès de son oncle. L’oncle allume sa pipe et ils se remettent en route.
Ils marchent, ils marchent, ils arrivent dans une ville. Tout au bout, ils s’arrêtent dans une auberge.
Le patron était en train d’observer le ciel avec une longue-vue.
Grain-de-grenade lui demande :
- Brave homme, qu’est-ce que tu regardes ?
- Je suis astrologue, j’observe les étoiles, je vois qui va mourir, qui va vivre, sous quelle étoile vont naître tels garçons, telles filles, qui aura de la chance, qui n’en aura pas, qui sera riche, qui sera pauvre…
- Eh bien, dit Grain-de-grenade, voici une poignée d’or, si j’ai des ennuis, viens à mon secours
L’oncle, la femme et Grain-de-grenade se remettent en route. Sur leur chemin, ils rencontrent un pêcheur qui avait attrapé un joli petit poisson et l’avait mis dans l’eau d’un seau.
- Brave homme, dit Grain-de-grenade, que fais-tu ici ?
- Frère, dit le pêcheur, je suis embarrassé, je me demande si je dois faire frire et manger ce petit poisson ou si je dois aller le vendre.
- Tu ne vas ni le tuer ni le vendre, dit Grain-de-grenade, en lui remettant deux poignées de pièces d’or. Tu vas le garder sain et sauf dans ton seau, s’il meurt tu sauras que je suis en danger, tu devras venir à mon secours
L’oncle, la femme et Grain-de-grenade s’éloignent. Ils marchent, ils marchent, ils arrivent dans la ville du père de l’oncle. Ils voient que tout a changé. L’oncle de l’oncle est devenu roi. L’oncle se souvient de son père, de sa mère, de ses frères. Il est triste.
Quelques jours plus tard, Grain-de-grenade se rend chez le roi. Quand la reine le voit, elle tombe amoureuse de lui. Le roi le remarque, il fait venir une sorcière et lui dit :
- Je ferai ta fortune si tu me débarrasses de Grain-de-grenade et le tue.
La vieille sorcière se concentre. Elle apprend que sous la dernière côte de Grain-de-grenade pend une excroissance en forme de poignard et que si on l’arrache, il meurt.
La vieille va dans la maison de l’oncle, elle fait la connaissance de la femme, elle se fait embaucher comme gouvernante.
Un jour, elle voit que Grain-de-grenade s’est déhabillé et couché. Elle entre et arrache son excroissance. Il meurt.
L’astrologue voit que l’étoile de Grain-de-grenade s’est éteinte. Il se met en route, il va chez le pêcheur. Celui-ci lui demande : » Astrologue, où cours-tu si vite ?
L’astrologue lui répond : » l’étoile de Grain-de-grenade s’est éteinte. Je vais voir ce qui est arrivé.
Le pêcheur va voir le poisson, il voit qu’il est mort.
» Ah ! quel malheur, Grain-de-grenade est mort !
L’astrologue et le pêcheur accourent à la ville du roi, ils demandent où se trouve la maison de l’oncle, ils la trouvent, ils entrent et remarquent que Grain-de-grenade est dur comme du bois.
L’astrologue met son œil à la longue-vue et dit : » un fragment de l’étoile de Grain-de-grenade a été détaché. Pêcheur, rattache-le et notre ami se relèvera. «
Le pêcheur regarde et voit qu’un poignard en peau a été jeté à côté du corps. Il le ramasse et en frappe le mort. Aussitôt,Grain-de-grenade s’assoit, en pleine forme.
La reine vient le chercher. Elle fait descendre le roi de son trône, en fait son vizir.
Grain-de-grenade et la reine montent sur le trône, ils gouvernent le pays.Ceux-là ont réalisé leurs vœux, que les vôtres aussi se réalisent !