Le Serpent dans le Bois

Voici la légende basque du Serpent dans le Bois.

Serpent dans le Bois

Le Serpent dans le Bois

COMME beaucoup d’autres dans le monde, il y avait un veuf qui avait trois filles. Un jour, l’aînée dit à son père qu’elle devait aller voir le pays. Elle marcha pendant deux heures et vit des hommes couper de l’ajonc et d’autres faucher du foin.

Elle revint à la maison, étonnée d’avoir vu de si belles choses. Elle raconta à son père les choses merveilleuses qu’elle avait vues, et son père répondit :

« Des hommes coupant des ajoncs ! Des hommes fauchant du foin ! »

La deuxième fille demande, elle aussi, d’y aller comme sa sœur, et elle revient après avoir vu les mêmes choses. Et la troisième fille a dit qu’elle devait y aller aussi.

« Enfant, que verras-tu? »

« Moi, comme mes sœurs, quelque chose ou autre. »

Elle s’engagea sur le même chemin que les autres ; et elle, comme les autres, vit des hommes couper des ajoncs et des hommes faucher du foin. Elle alla plus loin, et elle vit des lavandières ; et elle alla encore un peu plus loin jusqu’à ce qu’elle ait marché pendant trois heures, et elle vit des bûcherons coupant du bois de chauffage. 

Elle leur a demandé si elle devait voir quelque chose de plus si elle allait un peu plus loin. Ils lui ont dit qu’elle verrait d’autres bûcherons couper du bois de chauffage.

Elle s’enfonça beaucoup plus loin dans le bois, et elle fut prise et retenue prisonnière par un serpent. Elle resta là à pleurer et incapable de manger quoi que ce soit ; et elle resta ainsi huit jours, bien triste; puis elle commença à se résigner, et elle y resta trois ans. Au bout de trois ans, elle a commencé à vouloir rentrer chez elle. 

Le serpent lui dit de revenir au bout de deux jours ; que son temps était presque fini, et qu’il était le fils d’un roi condamné pour quatre ans (pour être un serpent). Il lui donna une quenouille et un fuseau en vermeil et un mouchoir de soie. Il lui dit :

« Si vous ne me trouvez pas ici à votre retour, vous devrez porter sept paires de chaussures, six en cuir et une paire en fer (avant de pouvoir me trouver). »

Lorsqu’elle rentra chez elle, son père ne la laissa pas retourner dans la maison où elle avait passé si longtemps avec un fils de roi, condamné à être un serpent. Elle dit que son temps était presque fini, et qu’en remerciement elle devait revenir ; qu’il avait dit qu’il l’épouserait. Le père la fit mettre en prison, enfermée dans une chambre très haute. 

Le quatrième jour, elle s’échappa et se rendit à l’endroit, mais elle ne trouva pas le fils du roi. Elle avait déjà des chaussures aux pieds. Elle les avait presque épuisés. Après cela, elle a acheté une autre paire. Elle a continué à voyager et à demander si c’était loin, et ils lui ont dit que c’était très loin. Elle a acheté encore une autre paire de chaussures, et celles-ci aussi se sont usées sur la route. Elle en acheta une cinquième paire, et après elles aussi la sixième.

Elle a alors demandé si elle était encore proche, et ils lui ont dit qu’elle était encore très loin. Puis elle a acheté la septième paire de chaussures, en fer. Et quand elle eut fait un petit bout de chemin dans ces souliers, elle demanda si c’était loin de là jusqu’au fils du roi. La septième paire de chaussures était presque usée lorsqu’elle est arrivée dans une ville et a entendu des sons de musique. Elle a demandé ce qui se passait dans la ville.

« Le fils d’un tel roi se marie aujourd’hui. »

Elle est allée à la maison et a frappé à la porte. Un serviteur est venu.

« Qu’est-ce que tu veux? »

Elle a demandé s’il y avait du travail à filer, et elle le filerait.

Et le serviteur alla le dire à la maîtresse. La dame ordonna à la servante de la faire entrer. Elle la fit entrer. Et quand elle fut dans la cuisine, elle montra le mouchoir de soie que le fils du roi lui avait donné ; et elle a commencé à se moucher avec ça. 

La dame fut tout étonnée de voir la jeune fille se moucher avec un si beau mouchoir, comme si ce n’était rien, alors que son fils en avait un pareil pour le jour de son mariage. Alors elle dit à son fils, quand il revint de l’église, qu’elle avait une vieille fille qui venait de très loin, et lui dit :

« Elle a un mouchoir en soie comme le tien !

Et le fils du roi dit à sa mère :

« Moi aussi, je dois voir cette vieille fille que vous avez là-bas. » Et il a commencé à y aller.

Et sa mère lui dit :

« Mais pourquoi devez-vous la voir ?

« Je souhaite la voir. »

Il alla à la cuisine, et en sa présence elle se servit de son mouchoir de soie.

Il lui dit,

« Montre-moi ça. »

Elle lui dit,

« C’est trop sale pour le mettre entre vos mains, monsieur. »

Le monsieur lui dit :

« Je veux le voir et me le montrer. »

(Puis) il reconnut la jeune fille. Elle lui montra (aussi) la quenouille et le fuseau.

A table, quand tout le monde racontait des histoires, ce roi disait :

« J’ai aussi une histoire à raconter. »

Tout le monde se tut et se retourna pour le regarder et il dit :

« Auparavant, j’avais la clé d’une commode, je l’ai perdue et j’en ai fait refaire une nouvelle. (Après cela, j’ai retrouvé l’ancienne.) »

Et il se tourna vers sa femme :

« Dois-je utiliser l’ancien ou le nouveau ? »

Et elle a répondu :

« Si le premier était bon, pourquoi devriez-vous utiliser le nouveau ? »

Puis il lui a donné cette réponse

« Auparavant, j’avais une femme, et maintenant je vous ai pris. Je vous laisse, et je prends l’ancienne. Allez-vous donc chez vous. »

C’était l’histoire du serpent dans le bois.