Contes basques 4

Contes basques

Voici divers contes basques : les astronomes d’espagne, le dragon des Arbailles, Mari et le séminariste

contes basques

Les astronomes d’Espagne

Il y en avait deux, les premiers du monde, à les entendre, et ils venaient en France pour tirer parti de leur savoir. En attendant la fortune, ils allaient à pied, à petites journées, en faisant petite dépense. Au sortir des montagnes, la nuit les surprit dans un pauvre village, où jamais il n’avait été question d’auberge, ni même de cabaret. Les deux astronomes frappèrent à la porte de la première maisonnette, habitée par une seule vieille femme, qu’ils prièrent de les héberger pour cette nuit.

– » Volontiers, messieurs, dit la vieille, le galetas est assez grand pour vous deux, et si vous partagez mon souper, que pouvez-vous demander de plus ? Mais qu’est-ce qui vous amène chez nous où pas un étranger ne s’est arrêté depuis vingt ans ? Et qui êtes-vous ?
– » Nous sommes deux astronomes, les plus habiles qu’il y ait en Espagne.
– » Je n’en doute pas ; mais qu’est-ce que des astronomes ?

– » Des savants qui connaissent tout ce qui se passe au ciel et prédisent, en regardant le ciel, ce qui doit arriver sur la terre.
– » Voyez-vous ça ? En sorte que vous pourriez dire si le temps sera beau demain ? Car je dois récolter un carré de pommes de terre, et ce n’est pas agréable pendant la pluie ».

Les deux astronomes levèrent les yeux vers le ciel et ne virent ni nuages ni brouillards, mais seulement des étoiles brillantes. Puis, s’étant consultés :
– » Ma bonne dame, nous pouvons vous annoncer un temps sec et chaud pour demain, dirent les astronomes. La bonne femme secoua la tête :
– » Je crains le contraire, dit-elle ; mon âne s’est roulé cinq ou six fois sur la poussière, et quand cette fantaisie lui prend, la pluie arrive toujours ».

Après avoir ainsi donné son opinion, la vieille dame alluma une lampe et conduisit ses hôtes dans le galetas. Tout le monde fut bientôt endormi. Au milieu de la nuit un des astronomes se lève et descend dans la rue. Il pleuvait à verse.

– » Camarade, dit-il à l’autre, décampons au plus tôt. Nous avons mal pronostiqué le temps, et c’est l’âne qui avait raison. Échappons aux railleries de notre hôtesse. Il n’y a rien à gagner pour nous en France si les ânes y sont plus avisés que les astronomes d’Espagne.


Le dragon des Arbailles

Près de Ahuski se trouve la grotte d’Azalegi. Autrefois y demeurait le « herensuge ». C’était un serpent à sept têtes. Avec son haleine, il aspirait jusqu’à lui le bétail de la montagne et le mangeait.

Le fils d’un comte de Zaro, d’Alzay, le tua.
Il écorcha un jeune taureau et remplit sa peau de poudre et d’allumettes. Il la cousit, prit un cheval et s’avança avec cette peau-là jusqu’à la partie supérieure de la grotte. Et là se mit à siffler. Puis, quand il se rendit compte que Herensuge commençait à se secouer et à bouger, il jeta la peau. Le serpent aspira la peau avec son haleine et l’avala.

Le comte, alors, retourna en arrière. Et il vit Herensuge en flamme volant à travers les airs vers la mer. En passant par-dessus un bois, celui-ci faucha la cime des hêtres. Le comte mouru de peur. Herensuge ne reparut plus jamais.


Mari et le séminariste

Un jour, une jeune fille, Mari, était bergère à Intzezelai. De jeunes séminaristes la virent alors qu’ils venaient du Guipuzcoa et se dirigeaient vers San Miguel.

Au moment de s’en retourner chez eux, l’un d’entre eux dit qu’il ne voulait pas se faire prêtre et il monta à Intzezelai pour tenir compagnie à Mari.

Alors qu’ils gardaient tous deux les brebis, il se mit à tonner. Ils allèrent se réfugier sous un hêtre bien feuillu d’Intzezelai. C’est alors que la foudre tomba sur eux et ils moururent.

Depuis cette époque ce hêtre est appelé Pagomari (hêtremari).