Les contes de Pensé contiennent les contes suivants : Conte d’amour, La jarre d’or, La princesse des eaux, Le bien d’autrui, Le chapeau qui rend invisible, Le conte de l’homme riche, Le roi et le barbier, L’homme et le diable, La chemise ornée de diamants, Aslanzate et Zanpolate, La fille du coffre, Frère agnelet, Crainte, Le lare domestique, Rira bien qui rira le dernier, Talou Orlan, Topal, Le cerf-volant révélateur, Le chasseur Ahmad, Le derviche et les filles, La fille du roi de Chine, Grain-de-grenade, Nerso
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ToggleLe chapeau qui rend invisible
C’est l’histoire d’un garçon qui voulait voir le monde. Il marche, il marche, il arrive dans un endroit tranquille. A la croisée de deux chemins était assis un vieillard qui fumait sa pipe d’un air pensif. Tous deux se disent « bonjour », puis le garçon demande:
– Bâb, où mènent ces chemins ?
Le vieillard répond:
– Celui de droite conduit vers la chance, celui de gauche vers la malchance.
Le garçon réfléchit et se dit:
– Je serais bête d’aller vers la malchance, je prends le chemin de la chance.
Le vieillard reste à sa place, le garçon prend le chemin de droite.
Il marche, il marche, il arrive dans une profonde vallée. Là, il voit deux hommes qui se disputent, qui s’insultent, qui se battent.
– Mes amis, dit-il, pourquoi vous battez-vous ?
– Bon étranger, dit l’un, mon jeune frère et moi nous nous disputons car nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord sur un partage équitable de l’héritage de notre père. Moi je dis: « ceci est à moi » et lui dit: « non, c’est à moi ! » Donne-nous ton avis.
– En quoi consiste votre héritage ?
– Eh bien, cher ami, dit l’autre, nous avons deux objets magiques: un chapeau et un bâton. Si tu mets le chapeau, tu deviens invisible; situ frappes avec le bâton, il te conduit où tu veux. Voilà notre héritage.
– Mes chers amis, dit le garçon, je veux bien vous rendre un service. Je prends votre chapeau et votre bâton et vous n’aurez plus ni discussion ni dispute entre vous.
– D’accord, ami, béni soit ton père, prends ces objets malfaisants !
Le garçon met le chapeau, prend le bâton et dit:
– Hé, bâton, emmène-moi au château du roi, près de sa jolie fille !
Il part. Les deux frères, naïfs, retournent chez eux, pleins de reconnaissance au fond d’eux-mêmes envers ce jeune homme qui leur a donné un si bon avis et leur a épargné toute discussion et dispute.
Le garçon arrive au château du roi, il entre, il enlève son chapeau et pose son bâton. Le roi le voit et lui demande:
– Comment es-tu entré dans mon château ?
– Messire le roi, dit le garçon, je suis venu te prier de me donner du travail.
– Ce n’est pas le travail qui manque, dit le roi, je vais te donner un travail, mais ce sera très difficile.
– Donne-le moi, si difficile qu’il soit !
– Eh bien, dit le roi, va devant la porte du château de ma fille et veille à ce que nul n’y entre, ni chien ni loup ni fauve ni dragon. Si tu réussis, tant mieux, sinon je te fais couper la tête.
– Je ferai mon possible, dit le garçon.
– Que Dieu t’assiste ! dit le roi.
Le garçon marche, Dieu seul sait s’il marche longtemps ou pas, il arrive sur une hauteur où se trouve le château de la fille du roi. Il se tient devant la porte, il attend longtemps, si longtemps qu’il s’impatiente. Il met son chapeau magique et entre dans la chambre de la princesse.
Il voit une très jeune fille assise, une bougie allumée à la main. Elle est d’une grande beauté. Elle ne voit pas le jeune homme. Peu après, elle se met au lit, et s’endort. A minuit, elle ouvre les yeux, elle ouvre la fenêtre, elle voit un horrible démon, la gueule en flammes, mon Dieu, mon Dieu ! il vient sous sa fenêtre:
– Fille de roi, dit le démon.
– Quoi ? dit la fille
– Je suis venu pour t’emmener !
– où ?
– Dans ma maison pour que tu sois ma femme
Il entre. Dans la chambre, le garçon voit l’horrible démon qui soulève la fille, l’embrasse, l’emmène jusque chez lui où se trouvent son trésor et son or.
– Bâton, dit le jeune homme, emmène-moi dans la maison du démon.
En un clin d’oeil, le bâton l’y conduit. Le voici dans la maison du démon. Il entend:
– Fille du roi, ce trésor et cet or seront à toi. Sois ma femme !
– Laisse-moi le temps de me décider, dit la fille.
– Bon, je te donne jusqu’à demain. Maintenant je vais partir, mais écoute-moi bien: près de ma porte se trouve un grand bâton en os. A l’approche du jour, tu le soulèveras. Si tu frappes trois grands coups, je saurai que tu veux bien être ma femme et moi ton mari. Si tu frappes trois coups légers, cela voudra dire que tu n’es pas d’accord, alors je viendrai, tel un démon, te régler ton compte !
– D’accord, dit la fille.
Le démon, tout content, s’en va. La fille reste seule. Soudain, le garçon apparaît devant elle.
– Ah ! qui es-tu ? dit la fille étonnée.
– Je suis le serviteur de ton père le roi, qui m’a chargé de te défendre et de te protéger
La fille a le coeur brisé. Elle dit:
– Hélas, sauve-toi, le démon te tuera !
– N’aie pas peur pour moi, le démon ne peut pas m’approcher. Viens vite, nous allons prendre le trésor et l’or du démon, et partir. Bâton, emmène-nous près du trésor et de l’or !
Ensuite, tous deux s’envolent et arrivent au château du roi.
Le roi, voyant sa fille, est fou de joie.
– Mon garçon, dit-il, le gardien que j’avais envoyé chez ma fille avant toi n’a pas pu sauver sa tête du démon. Toi, tu as sauvé ta tête et tu m’a ramené ma fille. Comment as-tu fait ?
Le garçon révèle son secret, puis il dit:
– O roi, longue vie à toi, je t’ai ramené ta fille, je t’ai fait confiance, en route nous nous sommes promis l’un à l’autre. Quelle est ta volonté ?
– Je suis de bonne volonté, mon fils, je suis d’accord.
Le garçon dit:
– Il reste quelque chose à faire. Jusqu’à ce que je ne tue pas le démon, tu ne nous marieras pas.
– D’accord, dit le roi. Que Dieu t’assiste !
Le garçon s’en va, il arrive chez le démon. Il voit le démon furieux, enragé. De grandes flammes sortent de sa gueule et de ses yeux. Il n’y a ni chien ni loup, ni fauve ni dragon, ni pierre ni herbe, ni eau ni terre qui ne se mettent à trembler.
Le jeune homme tire son épée, lui coupe la tête et revient au château. Le roi ordonne les préparatifs du mariage. Ils font la noce sept jours et sept nuits.
Ceux-là ont vu leurs voeux se réaliser, que les vôtres aussi se réalisent !