Les contes de Pensé contiennent les contes suivants : Talou Orlan, Conte d’amour, La jarre d’or, La princesse des eaux, Le bien d’autrui, Le chapeau qui rend invisible, Le conte de l’homme riche, Le roi et le barbier, L’homme et le diable, La chemise ornée de diamants, Aslanzate et Zanpolate, La fille du coffre, Frère agnelet, Crainte, Le lare domestique, Rira bien qui rira le dernier, Topal, Le cerf-volant révélateur, Le chasseur Ahmad, Le derviche et les filles, La fille du roi de Chine, Grain-de-grenade, Nerso
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ToggleTalou Orlan
Talou Orlan prenait son bâton, montait à cheval, allait devant la palais du roi et vociférait :
- » Sauvez-vous ! mon cheval va attaquer et vous broyer ! «
A la fin, le roi dit à sa fille :
- » Ce garçon est timbré, tu ne crois pas ? «
La fille dit :
» Il n’est pas timbré, il est intelligent . «
Le roi dit :
» Puisqu’il n’est pas timbré et qu’il est intelligent, je te marie à ce garçon ! «
La parole du roi est sacrée. On donne la fille au garçon.
A peine mariée, la fille du roi fait jeter Talou Orlan à terre, prend son bâton et se met à la frapper de toutes ses forces.
» Fille du roi, dit le garçon, pourquoi tu m’as battu ? «
» Je t’ai battu, dit la fille, pour que tu ne racontes jamais de mensonges, pour que tu dises toujours la vérité. «
Les commerçants de cette ville formaient tous les ans des caravanes qui allaient en Chine, en Inde, en Arabie, à Damas et Alep, pour affaires, ventes et achats. Sur leur chemin, il n’y avait qu’un puits. Celui qui y descendait n’en sortait jamais indemne.
C’est pourquoi tous les ans, ils louaient un homme, lui donnaient un viatique et l’emmenaient avec eux pour puiser de l’eau, pour eux et leurs chameaux.
La fille du roi dit :
» Talou Orlan, tu vas aller avec la caravane des commerçants, gare à toi si tu dis un mensonge ! «
Elle prend le viatique, et envoie son mari avec les commerçants.
La caravane se met en route. Ils marchent, ils marchent, ils arrivent près du puits. Ils déposent les fardeaux. Ils font descendre Talou Orlan dans le puits. Là, il voit un beau jeune homme debout, à côté d’un crapaud. Tous deux se regardent fixement.
Le jeune homme dit :
» Talou Orlan, comment trouves-tu mon crapaud ? A moi il me plaît ; et à toi ?
Talou Orlan hésite, puis il comprend.
» Mon cher, dit-il, comment pourrais-je prétendre que ce crapaud est joli ? «
A ce moment, la recommandation de la fille du roi lui vient à l’esprit. Il ajoute en tremblant : » Kankoul sévane kozal olour » (Ce que le cœur aime paraît beau)
A ces mots, le sortilège est rompu, la peau du crapaud se déchire, et une fille en sort, belle comme le jour,Impossible à décrire avec la langueImpossible à acheter avec de l’argent.
Si Talou Orlan n’avait pas cité ce dicton, le crapaud serait resté crapaud, et lui-même serait resté dans le puits et serait mort.
Il puise l’eau, autant qu’il en faut. La jeune fille lui donne deux grenades et dit :
» Talou Orlan, prends soin de ces grenades, elles contiennent des perles de valeur. «
Les commerçants pensaient que Talou Orlan était resté au fond du puits, qu’il était mort. Quelle ne fut pas leur surprise de l’entendre crier :
» Sortez-moi ! «
Talou Orlan sort ; la caravane se remet en route.
Il croise un caravanier qu’il connaissait. Il lui dit :
» Veux-tu, je te prie, porter ces grenades à la fille du roi et lui dire que Talou Orlan est sorti sain et sauf du puits, et qu’il est reparti avec la caravane ? «
Pendant un an, ou même deux, il accompagne la caravane, il traverse de nombreux pays, il voit beaucoup de villes. Enfin, il revient à la maison.
Ils ouvrent les grenades ; ô surprise ! à la place des grains, ils voient des perles, des diamants, des émeraudes et des saphirs. Ils les vendent, ils s’achètent des maisons, des propriétés, ils plantent des arbres fruitiers, ils font construire un palais, ils incrustent deux rubis au-dessus de l’entrée. Quand le soleil les frappait, ils illuminaient les sept chemins alentour.
Un jour, le roi voit qu’il y a dans sa ville un palais plus somptueux que le sien.
» Je me demande, dit-il, quel est ce négociant qui possède un tel palais, et qu’est-ce qui étincelle ainsi sur sa façade ? «
Il envoie quelqu’un inviter ce négociant. Il le reçoit très aimablement. Ils mangent, ils boivent. Au moment de partir, le négociant dit :
» Longue vie au roi ! Je vous prie de venir me rendre visite avec tout votre entourage. «
Le roi, avec sa cour, va chez le négociant. Ils mangent, ils boivent, ils se réjouissent.
Quand le repas est terminé, la femme du négociant vient baiser les mains du roi, pose deux pierres précieuses inestimables devant lui et dit :
» Père, longue vie au roi ! tu me reconnais ? Je suis ta fille, et celui-ci est mon mari, Talou Orlan ! «