QUI, ou qu’est-ce que le Tartaro ou Tartare ? « Oh! vous voulez dire l’homme avec un œil au milieu de son front, » est la réponse rapide et universelle. Le Tartaro est le Cyclope, l’œil rond du soleil, κύκλωψ. Mais le mot Tartaro n’a apparemment rien à voir avec cela. M. Cerquand, dans ses « Légendes et Récits Populaires du Pays Basque », dérive le mot de Tartare, Tartare, de la même manière que le mot français Ogre dériverait de Hongrois, Ugri.
La seule objection à cette dérivation hautement probable (rendue encore plus probable par une variante Souletin, Moiriak) est la date relativement tardive (XIIIe siècle) de la première apparition des Tartares en Europe. Il est d’ailleurs parfaitement vrai que dans beaucoup de contes le Tartaro remplace et s’identifie au géant ou à l’ogre ; mais telle ne nous paraît pas être la conception originelle de ce monstre mythologique, et nous n’avons jamais entendu de la part d’un Basque illettré une telle description de lui.
Pour eux, il est simplement un Cyclope – un homme énorme, avec un œil au centre de son front.
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ToggleLe Tartaro / Tartare
Il était une fois le fils d’un roi qui, pour la punition d’une faute, devint un monstre. Il ne pouvait redevenir un homme qu’en se mariant. Un jour, il rencontra une jeune fille qui le refusa, car elle avait tellement peur de lui. Et le Tartare voulut lui offrir une bague qu’elle n’accepta pas. Cependant, il le lui a envoyé par un jeune homme.
Dès que la bague fut à son doigt, elle se mit à dire : « Toi là-bas, et moi ici. Il criait toujours cela, et le Tartare la poursuivait sans cesse ; et, comme la jeune fille avait une telle horreur de lui, elle lui coupa le doigt et la bague, et les jeta dans un grand étang, et là le Tartare se noya.
Tartaro, version d'Abbadie
Notre histoire suivante fut communiquée par M. d’Abbadie à la Société des Sciences et des Arts de Bayonne. Le narrateur est M. l’Abbé Heguiagaray, Curé d’Esquiule à La Soule :–
Dans mon enfance, j’ai souvent entendu de ma mère l’histoire du Tartare. C’était un colosse, avec un seul œil au milieu du front. C’était un berger et un chasseur, mais un chasseur d’hommes. Chaque jour, il mangeait un mouton; puis, après une sieste, tous ceux qui avaient le malheur de tomber entre ses mains. Sa demeure était une vaste grange, avec des murs épais, un toit haut et une porte très forte, que lui seul savait ouvrir. Sa mère, une vieille sorcière, vivait dans un coin du jardin, dans une cabane construite en tourbe.
Un jour, un jeune homme puissant fut pris dans les pièges du Tartare, qui l’emmena chez lui. Ce jeune homme a vu le Tartare manger un mouton entier, et il savait qu’il avait l’habitude de faire une sieste, et qu’après cela viendrait son tour. Dans son désespoir, il se dit qu’il devait faire quelque chose. Dès que le Tartare se mit à ronfler, il mit la broche dans le feu, la rougit et la plongea dans l’œil unique du géant. Aussitôt il bondit et se mit à courir après l’homme qui l’avait blessé ; mais il était impossible de le trouver.
« Vous n’échapperez pas. C’est très bien de vous cacher, dit-il ; « mais moi seul connais le secret comment ouvrir cette porte. »
Le Tartare entrouvrit la porte et laissa sortir le mouton entre ses jambes. Le jeune homme enlève la grosse cloche du bélier, la met autour de son cou, jette sur son corps la peau du mouton que le géant vient de manger et marche à quatre pattes jusqu’à la porte.
Le Tartare l’examine en le palpant, s’aperçoit de la ruse et s’agrippe à la peau ; mais le jeune homme glisse de la peau, plonge entre ses jambes et s’enfuit.
Aussitôt la mère du Tartare le rencontre, et lui dit :
« Ô, jeune homme chanceux ! Vous avez échappé au cruel tyran ; prenez cette bague en souvenir de votre évasion. »
Il accepte, met la bague à son doigt, et aussitôt la bague se met à crier : « Heben nuk ! Heben nuk ! (« Tu m’as ici! Tu m’as ici! »)
Le Tartare le poursuit, et est sur le point de le rattraper, lorsque le jeune homme, fou de frayeur, et ne pouvant retirer la bague, sort son couteau, se coupe le doigt, le jette, et échappe ainsi à la poursuite du Tartare.