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Voici trois contes basques : Les deux frères, l’âge du diable, Don diego et Mari
Les deux frères
Une femme avait deux fils, l’un sage et l’autre fou. Le sage dirigeait la maison, parce que la mère était malade. Comme remède à ses douleurs, elle prenait des bains que le sage préparait fort bien. Or, un jour que le sage était sorti, le fou fut chargé de préparer le bain. Très content de cet emploi, il s’imagine qu’il est obligé de surpasser son frère dans la préparation ; il fait mettre sa mère dans la baignoire et y verse une chaudière d’eau bouillante. La pauvre femme en fut cuite incontinent.
Ainsi, il ne resta que les deux frères à la maison. Ils allèrent un jour au marché pour acheter un cochon. L’achat terminé, le sage, ayant encore affaire sur le marché, confie le cochon à son frère pour le conduire à la maison avec une corde. En route, le cochon parlait dans son langage ; et le fou, ennuyé de l’entendre :
– » Parions, dit-il, à qui le plus tôt arrivera chez nous ».
Il lâche la corde, et se met à courir. Le soir venu, le sage rentre et s’informe du cochon. Le fou raconte ce qui s’était passé.
– » Une autre fois, dit le sage, retiens que tu dois toujours tirer par la corde ce que tu as acheté au marché ».
– » Bien, dit le fou ».
Au marché suivant, les deux frères vont acheter une cruche, que le fou est chargé de rapporter. Mais comme il n’avait pas oublié le conseil de son frère, il attacha une corde à la cruche qu’il se mit à traîner sur la route : elle fut brisée en mille pièces. Le sage, voyant qu’il ne réussissait à rien, et que, d’ailleurs, les ressources lui manquaient, fit entendre au fou qu’ils étaient réduits à mendier. Ils partent, et le sage, étant sorti le premier, dit au fou de tirer la porte ; après quoi il alla devant.
Le fou comprit qu’il devait mettre la porte sur son dos. Il la fit donc sortir de ses gonds et la prit avec lui. Et, quoique son frère lui eût déclaré que cela ne servirait de rien, il refusa de s’en dessaisir. Le soir, ils arrivèrent dans une forêt et, pour ne pas se coucher sur la terre nue, grimpèrent sur un arbre, le fou tenant toujours sa porte. A minuit, dix voleurs s’arrêtèrent au pied de l’arbre pour y faire le partage d’un sac d’or.
Pendant qu’ils faisaient le compte, le fou dit à son frère :
– » Je ne puis plus soutenir cette porte, et il la laissa choir. Les voleurs, effrayés, crurent que Dieu jetait sur eux un morceau du ciel et décampèrent en toute hâte. Le sage ne s’embarrassa pas à compter l’or. Les deux frères se bâtirent un beau château et vécurent à leur aise.
L’age du diable
Il y avait une fois un pauvre charbonnier qui avait tant d’enfants qu’il ne pouvait les nourrir, quelque peine qu’il se donnât. Un jour qu’il était occupé à son travail, il vit arriver près de lui un vieux, vieux homme qui, après l’avoir regardé longtemps, lui demanda enfin, avec un semblant d’intérêt, s’il était bien content de sa position.
– » Comment pourrais-je l’être ? dit le charbonnier. J’ai beau suer et peiner après ce maudit fourneau, du matin au soir et souvent du soir au matin ; malgré tout, ma femme et mes enfants, dont je ne sais le compte, souffrent de la faim ».
Le vieux, prenant un air doucereux, dit au charbonnier:
– » Laborieux et honnête comme vous paraissez, vous méritez d’être plus heureux, je le vois bien. Or, j’ai désir de vous être agréable et je vous promets autant d’argent que vous en pourrez porter, à une seule petite condition : c’est que vous me disiez mon âge, d’ici à huit jours ».
Le charbonnier aussitôt accepta. Toutefois, la réflexion lui venant ensuite, il jugea bon de parler du marché à sa femme. La femme du charbonnier n’était pas sotte :
– » Ne t’inquiète pas, dit-elle à son mari ; à la huitaine, je trouverai moyen de connaître l’âge de ce vieux ».
La semaine écoulée, le charbonnier et sa femme vont à la forêt. Arrivée auprès du fourneau à charbon, la charbonnière se dépouille de ses habits, se frotte de miel et se met à barboter dans une barrique pleine de plumes, apportée là à cette intention. Le vieux arrive à l’heure marquée et il voit sortir de la barrique une bête fantastique, ni quadrupède ni oiseau, et gambadant devant lui, avec toutes sortes de grimaces et de gestes extraordinaires.
Il s’étonne et sans y penser :
– » Voilà neuf cent ans bien comptés que je suis au monde, et je n’ai jamais rien vu de pareil ».
La-dessus, la femme emplumée disparait, et le charbonnier, d’un air fin, vient prendre le bras du vieux et lui dit à l’oreille :
– » Vous, vous avez neuf cent ans.
– » Je ne puis le nier, dit le vieux, et tu as gagné ton sac d’or ».
Le sac étant pesant, et le charbonnier, sa femme et tous ses enfants, quelqu’en fût le nombre, n’eurent plus à souffrir de la faim.
Don Diego et Mari
Don Diego Lopez de Haro était un très bon montagnard. Un jour il était allé à la chasse au sanglier lorsqu’il entendit sur une hauteur, une femme chanter à très haute voix. Il s’approcha, il vit qu’elle était très belle et très bien vêtue, il en tomba fortement amoureux et lui demanda qui elle était.
Elle lui dit qu’elle était de très haut lignage. Il lui dit que puisque c’était le cas il se marierait avec elle si elle le souhaitait, car il était le Seigneur de cette terre.
Elle accepta mais à une condition, qu’il lui promette de ne jamais faire le signe de la croix.
Il lui promit, elle partit avec lui. Cette Dame était très belle, elle avait un corp bien fait à part ceci, elle avait un pied de chèvre.
Ils vécurent longtemps ensemble et eurent deux enfants, garçon et fille. Le fils s’appella Iñigo Guerra.
Puis, un jour, Don Diego se signa alors qu’il était à table et qu’il mangeait avec sa famille. A l’instant, sa femme se jeta hors de la pièce avec sa fille, par la fenêtre du palais et elle s’enfuit à travers les montagnes, de telle sorte qu’on ne la vit plus; ni elle ni sa fille.