Contes basques 21

Contes basques

Voici divers contes basques : la ceinture enchantée, la servante d’Arbeldi, le champ d’Iribarne

contes basques

La ceinture enchantée

En ce temps là les lamiñak qui habitaient la grotte de Sare tinrent conseil pour aviser aux moyens de montrer la vanité du pouvoir des prêtres. Leur décision prise, une lamiña s’adressa à un homme, son voisin, et lui dit:
– » Va vers le curé de Sare et dis lui, de notre part, qu’il vienne sans faute à la grotte, parceque nous voulons nous entretenir avec lui ».

Le pauvre homme, intimidé, se rend au logis du curé de Sare et lui dit:
– » Monsieur, je viens de la part des lamiñak de la vieille grotte, vous dire que vous alliez les trouver et qu’elles veulent absolument s’entretenir avec vous ».
– » J’irai sans faute », répondit le curé, et aussitôt il se mit en route.

Mais la vertu du curé fit une telle peur aux lamiñak qu’elles s’enfoncèrent toutes dans leur trou et qu’aucune n’osa l’attendre. Il s’en retourna donc tranquillement chez lui sans avoir vu une seule lamiña. les lamiñak imaginent alors un autre stratagème.

Elles reviennent à leur messager:
-« Qu’était-ce que cet homme vêtu de noir, disent-elles, qui était ici tout à l’heure ? Voici: tu lui porteras cette ceinture de soie de notre part, et tu lui diras qu’il s’en ceigne jusqu’à ce qu’elle soit usée ».

L’homme, obéissant, va trouver de nouveau le curé et lui dit:
– » Monsieur, je viens encore à vous de la part des lamiñak; et voici une ceinture de soie qu’elles vous envoient pour la porter jusqu’à ce qu’elle soit usée.
– » Avez-vous mesuré la longueur de cette ceinture de soie, demanda le curé.
– » Non monsieur.
– » Eh bien ! vous connaissez le châtaignier qui est près de la grotte. Allez et mesurez combien de fois la ceinture en fera le tour ».

L’homme s’en va, toujours obéissant, et déroule la ceinture autour de l’arbre. Mais, comme il arrivait au bout, voilà que tout d’un coup l’arbre et la ceinture disparaissent et l’homme demeure là, ne pouvant rien comprendre et stupéfié.


La servante d’Arbeldi

Une jeune fille faisait office de servante dans une maison d’Aya, quartier d’Ataun. Elle descendait tous les samedis à sa maison natale. Elle y demeurait avec les siens jusqu’au dimanche, en fin de journée.

A l’heure de partir pour Aya elle n’avait aucune envie, elle était sans ressort. Un dimanche elle se montra encore plus paresseuse que d’habitude, elle ne partit pas de chez elle, et ce en dépit de la soirée qui s’annonçait. Comme la nuit tombait, sa mère, contrariée, la maudit.

Elle finit par partir à Aya. Comme elle passait près du gouffre d’Agamunda, elle vit à son entrée un noisetier chargé de fruits. Elle voulut en prendre quelques uns et monta à l’arbre, mais elle fut si peu chanseuse qu’elle glissa et sombra dans l’âbime.

On ne sut plus rien d’elle jusqu’à ce qu’un soir les gens du quartier Ergoone virent comme une crevasse dans la roche, sous le pont d’Arbeldi.
De là sortait la moitié d’un bras humain. Ils le tirèrent mais du fond de l’anfractuosité une voix se fit entendre: « laissez cela en paix, c’est à moi ».


Le champ d’Iribarne

Iribarne d’Aussurucq, aujourd’hui défunt, allant à sa grange, trouva près de la croix des champs un peigne d’or qu’une lamiña y avait oublié. Quand il revint, la lamiña le pria de lui rendre son peigne; mais Iribarne nia qu’il l’eût trouvé.

La même nuit, le champ d’Iribarne, voisin de la croix, fut couvert de pierres d’une telle grosseur, qu’aucun homme n’aurait pu les remuer; et le matin Iribarne vit avec douleur son champ ruiné et revint conter son malheur à la maison. Son voisin le plus proche lui fit entendre que sans doute il avait blessé les lamiñak, seuls en état de porter ces grosses pierres en une seule nuit.

Iribarne essaya encore de nier, puis finit par avouer qu’il avait trouvé un peigne d’or et refusé de le rendre à la prière de la lamiña. Le voisin lui conseilla de reporter le peigne d’or où il l’avait trouvé, Iribarne y consentit et, dès la nuit suivante, son champ fut débarrassé de toutes les pierres qui l’encombraient.

Depuis ce moment, tout le monde respecta les objets appartenant aux lamiñak.