Contes basques 31

Contes basques

Voici divers contes basques : les laminak à Behorlegui-Mendi, les laminak du Mandarrain, le chateau de Laustenia

contes basques

Les laminak à Behorlegui-Mendi

A Behorlegui-Mendi, autrefois, il y avait partout des trous de Laminak.

Un jour, un berger aperçut une Dame Sauvage qui, dans un de ces trous, ce peignait avec un peigne d’or. Et il n’en fut pas peu effrayé !

Mais la Dame Sauvage lui dit de n’avoir point peur. Bien plus, s’il la prenait sur le dos et de son trou la transportait à Apanize, elle lui donnerait de l’argent, à plaisir.
Le berger y consentit : il la transporterait de bon cœur.

Il la prit donc sur le dos. Mais il n’était pas encore sorti de l’antre, que quantité de bêtes surgissaient devant lui. Terrifié, il jeta aussitôt la Dame Sauvage à terre et s’enfuit au plus vite.

La Dame Sauvage, alors, poussa un crie effrayant. Et, dans un hurlement, elle dit :
– Malédiction ! Pendant mille ans, maintenant, il me faut demeurer dans ce trou !
Et depuis, elle est là en effet, dans le prépice. Et jamais un berger ne s’aventure dans ces parages !


Les laminak du Mandarrain

Autrefois, il y avait, dit-on, des Laminak au plus haut de la montagne du Mondarrain.

Tous les matins (mais avant que parût le soleil) la Dame Sauvage allait sur la crête de la montagne, pour se peigner avec un peigne en or. Et cela, tous les bergers des alentours pouvaient le voir.

Une fois, avant le jour, un berger lui dérobe son peigne d’or et prend la fuite.

La Dame Sauvage ne s’en est pas aussitôt aperçue qu’elle se met à le poursuivre. Elle l’a d&eaute;jà presque rattrapé, quand viennent à paraître les premiers rayons de soleil.

Et aussitôt, bon gré, mal gré, la Dame Sauvage dut rentrer dans son antre, et le berger demeura en possession du peigne.


Le chateau de Laustenia

Il y a maitenant bien longtemps, le seigneur de Laustania, trouvant trop pauvre son château, demanda, dit-on, aux Laminak qu’ils lui en fissent un nouveau.

Les Laminak le voulurent bien. Volontiers ils feraient le château ; et même, ils le feront avant le premier chant du coq postérieur au coup de minuit. Une condition : en guise de salaire, le seigneur leur donnerait son âme. Et le seigneur de Laustania en fit la promesse.

Dans la nuit même, les Laminak commençèrent leur besogne. Ils taillèrent parfaitement de belles pierres rouges d’Arradoy. Et puis, ils se les passaient vivement de l’un à l’autre, en se disant à voix basse :
– Tiens, Guillen !
– Prends, Guillen !
– Donne, Guillen !

Et le travail avançait, avançait furieusement. Du haut de l’escalier du poulailler, le seigneur de Laustania regardait les Laminak. Dans une main il tenait un certain paquet gris.

Et voici que les Laminak empoignèrent la dernière pierre :
– Tiens, Guillen !
– Prends, Guillen !
– C’est la dernière Guillen !

Dans le même instant, le seigneur de Laustania mettait feu à un gros morceau d’é ; une grande lueur s’éleva devant le poulailler. Un jeune coq s’effraya, craignant que le soleil ne l’eût devancé ce jour là : il chanta kukuruku et se mit à battre des ailes.

Avec un hurlement aigu, le dernier Laminak dans le gouffre de la rivière jeta la dernère pierre que déjà il tenait dans ses mains : « Maudit coq ! » Et il s’abimâma lui-même dans le gouffre avec ses compagnons.

Cette pierre, jamais personne n’a pu la retirer du gouffre. Elle est toujours là, au fond de l’eau : les Laminak la retiennent avec leur griffes. Et, depuis toujours, il manque une pierre au château de Laustania.