Dans une ferme de Mazmela, village du fin fond du Gipuzkoa, une femme était en train de filer jusqu’à l’aurore. Comme c’était l’hiver et qu’il faisait suffisamment froid, elle travaillait près du foyer de la cheminée à la cuisine. Une nuit, notre fileuse, absorbée dans son travail, eut une énorme frayeur quand elle se rendit compte qu’un gros chat noir la regardait fixement, planté au milieu du séjour.
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ToggleLa fileuse et le chat noir
Sur le moment, la femme se put réagir, terrorisée par la peur. Mais le chat ne bougeant pas le moins du monde, immobile et semblant même la défier, la fileuse tenta de le faire partir:
– Fout le camp! Fout le camp d’ici ! lui cria-elle.
Le chat fit demi tour et disparut tranquillement, se perdant dans l’obscurité passant par un coin de la cuisine. Après cet incident, la fileuse ne put continuer à travailler et alla se coucher, le cœur battant la chamade. La nuit suivante, toujours concentrée dans son travail, elle constata de nouveau que le même chat noir s’installa au même endroit que la veille, regardant la femme avec un sourire narquois. Celle-ci sursauta de nouveau et de la même façon, essaya de faire fuir l’animal en tapant du pied sur le sol.
– Fout le camps ! fout le camps ! lui cria-t-elle de nouveau mais cette fois-ci, le chat ne bougea pas. fout le camps ! fout le camps ! répéta-t-elle encore plus fort. L’animal ne manifesta aucune intention de bouger, regardant notre fileuse avec défi et s’ébrouant de manière qu’on aurait dit qu’il riait sinistrement.
La femme courut vers la chambre tremblant de peur et se mit au lit toute habillée. Son mari se réveilla en sursaut et, voyant son épouse vêtue près de lui, il ne put dissimuler sa surprise.
– Que t’arrive-t-il, tu a sans doute vu le diable ? lui demanda-t-il.
– Pauvre de moi, si ce n’était pas le diable, ce que j’ai vu est sans doute un ami de celui-ci ! répondit sa femme, suffocant.
Elle raconta ensuite à son mari, sa mésaventure avec le gros chat noir, comme il avait pu pénétrer deux fois consécutivement à la cuisine sans faire le moindre bruit, comment il la regardait fixement. Le mari fronça les sourcils, très préoccupé, alla à la cuisine pour se rendre compte de lui même si l’animal était encore là où s’il était parti. De retour à la chambre, il proposa à sa femme:
– Demain tu te couche après le souper, moi je resterai pour filer à la cuisine avec tes vêtements sur le dos.
Ils firent ainsi. Le souper terminé, l’homme se déguisa avec les vêtements de sa femme tandis que celle-ci s’en alla se coucher. Au petit jour, lorsque l’homme, qui ne savait filer, feignant de travailler au coin du feu, constata du coin de l’œil qu’un énorme chat noir s’approchait de lui. L’animal se planta devant la fausse fileuse, la regardant très étrangement, très surpris de voir que ce soir là elle ait de grosses moustaches.
Ne pouvant contenir sa curiosité, le chat demanda à la fausse fileuse:
– Comment se fait-il qu’ un homme file ?
Et celui-ci répondit:
– Comment se fait-il qu’un chat parles ?
Ensuite l’homme prit résolument le tison du foyer et asséna un coup violent sur le chat le tuant sur coup. Quand il vit que l’animal était mort, et bien mort, il le prit par la queue et le lança par la fenêtre vers le jardin. L’homme se coucha, raconta à sa femme ce qu’il s’était passé et tous deux dormirent tranquillement. Mais le matin suivant ils eurent une surprise désagréable en se levant car au jardin, au lieu de trouver un chat, ils virent une vieille femme vêtue de rouge. C’était une voisine, sorcière sans doute, qui le soir, allait faire ses méfaits transformée en chat noir.