Une sorcière dans l’église

Voici l’histoire de la sorcière dans l’église.

la sorcière dans l'église

La sorcière dans l’église

Un couple de Artekale avait un enfant malade. Comme le mal qui l’affligeait surprenait les médecins, incapables de soigner malgré leur science, on pensa que cette affection ne pouvait être que le résultat d’un begizko (mal de l’oeil, pouvoir de faire du mal par les yeux) due à une quelconque sorcière.

Un voisin qui possédait certaines connaissances de guérison et après avoir vu le petit, recommanda aux parents:
Mettez un poulet, traversé de trente trois épingles en forme de croix, à cuire dans une marmite. Ainsi, la personne qui lui aura jeté un sort se laissera voir par ici. Ils firent ainsi. Après avoir formé une croix avec trente trois épingles qu’ils fixèrent sur le patte jaune du poulet, ils le jetèrent dans la marmite pleine d’eau et le mirent à bouillir.

Pour éviter que ne s’échappe la vapeur, ils fixèrent le couvercle avec de la boue pétrie, faisant attention a ce qu’il n’y ait aucune fissure. Moins d’une demi-heure plus tard, se présenta la mère du curé d’Abadiano. C’était une vieille, toute ridée et apparemment humble et inoffensive. Quand on lui ouvrit la porte de la maison, elle vociféra avec une évidente nervosité:
– Sortez cette marmite du feu !

Les gens de la maison ne purent croire que cette vieille était une sorcière qui avait jeté un sort au petit. Qui l’aurait cru ? rien moins que la mère du curé ! Se remettant vite de la première impression, les parents du petit qui avaient été avertis par le guérisseur, répondirent à la vieille avec sang-froid:
– Nous sortirons le poulet de la marmite mais avant, vous devez nous promettre que plus jamais vous ferez du mal aux membres de notre famille.

La vieille promit très impatiente. On sortit le poulet de la marmite et la vieille s’en retourna à sa maison, rassurée. Cette même nuit, le petit montra des signes d’améliorations et se retrouva complètement guéri le matin suivant. La nouvelle du sort jeté et par la suite le rétablissement de la petite victime se répandit comme une traînée de poudre parmi les villageois de Durango. La nouvelle se propagea rapidement, en plus, le nom de la sorcière, mère du curé d’Abadiano, pensez donc!. Quelques heures plus tard, le curé apprit cette nouvelle et eut le plus grand dégoût de sa vie.

Quelques jours passèrent, durant lesquels, profondément affligé, le fils de la sorcière se mit à observer celle-ci discrètement. Ne faisant rien d’extraordinaire, rien qui ne sortait du commun, étant courageuse de surcroît, en apparence tout au moins, notre curé ne crut pas à ces commentaires. Ce pouvait-il être le fruit d’un malentendu ? Ce pouvait-il être le résultat de plusieurs coïncidences lamentables ?

Un jour, afin de tester si sa mère était vraiment une sorcière, après avoir célébré la messe, le curé laissa le missel ouvert sur l’autel. Il sortit ensuite de l’église et vaqua toute la matinée à ses occupations habituelles. De plus, arrivant à la maison à midi, il trouva le déjeuné préparé pour deux personnes, comme d’habitude, mais sa mère n’était pas présente. Celle dernière ayant beaucoup de retard, le curé envoya l’employée de maison à l’église afin de voir si sa mère s’y trouvait.

Elle se dirigea donc vers l’église et en entrant dans la nef découvrit avec étonnement que la vieille restait debout près de la porte. Elle était pétrifiée et avait une mine terrorisée, le regard fixé sur le missel ouvert sur l’autel. Sans oser s’approcher d’elle, la bonne l’appela:
– Madame, votre fils vous demande de rentrer vite à la maison !

Sans détourner son regard du missel, la vieille cria d’une voix extrêmement ronflante:
– Dis lui plutôt qu’il vienne ici et qu’il enlève de là ce qu’il a laissé ouvert !

La domestique ne se le fit pas dire deux fois et courut à la maison du curé. La voyant arriver aussi pale, le curé comprit tout immédiatement. La domestique lui expliqua ce qui se passait et sans perdre de temps, se dirigea vers l’église. Sa mère, était toujours au milieu de la nef centrale, près de la porte, rigide et terrorisée, regardant avec des yeux exorbités le missel ouvert.

Sans s’arrêter de parler avec elle, son fils monta à l’autel et ferma le livre liturgique. De retour à la maison, la mère en proie a toute cette nervosité, du se mettre au lit. Sans s’intimider de tout ces faits, le curé décida de corriger promptement sa mère. On dit qu’avec beaucoup d’efforts et de conjurations, la vieille abandonna la sorcellerie.