Frère agnelet

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Frère agnelet

Frère agnelet

Il était une fois un frère et une sœur. Leur mère leur préparait une galette d’orge, la posait devant eux et allait aux champs. Un moineau se pose sur l’arbre, il gazouille et dit :

 » cui, cui, cui ,donnez-moi un petit bout de galette à manger. J’ai un malheur à vous annoncer, le préférez-vous grand ou petit ? « 

 » Que ce soit un petit malheur, dit la fille, car un grand, nous ne pourrions pas le supporter « .

Peu de temps après, la mère des enfants meurt. Leur père prend une nouvelle femme.

Cette marâtre maltraitait les enfants, elle les battait, ne leur donnait pas à manger. Un jour, elle dit à son mari :

 » Emmène tes enfants dans le champ et sacrifie-les. Le blé poussera bien. « 

La fille, ayant entendu ces paroles, prend son petit frère et s’enfuit. Ils marchent longtemps, longtemps. Le frère a soif. Il avait plu, et dans des empreintes de sabot, il restait de l’eau :

  • Petite sœur, je meurs de soif, est-ce que je peux boire l’eau des pieds du buffle ?
  • Non, petit frère, ne bois pas ! tu deviendrais buffle !

Ils s’en vont, ils marchent encore. Le frère voit de l’eau dans les pas d’un agneau ; sans rien dire à sa sœur, il s’agenouille et boit. Ayant bu, il devient un agnelet.

La sœur avance, l’agnelet trottine derrière elle. Après une longue marche, ils arrivent au bord d’un étang, ils boivent ; le frère broute l’herbe, la sœur monte se reposer dans un arbre.

Au lever du jour, les domestiques du roi mènent boire les chevaux à l’étang. Les chevaux reculent, ils ne veulent pas boire. Les hommes lèvent les yeux, ils voient une jeune fille dans l’arbre, son reflet brillait dans l’eau. Ils vont en informer le fils du roi. Le prince arrive, il voit une beauté céleste assise dans l’arbre, il la ramène au palais et la prend pour femme.

Le prince avait une servante qui était très jalouse de la jeune femme. Un jour, elle lui dit :

 » Maîtresse, allons au bord de la mer, je te donnerai un bain. « 

Elles vont au bord de la mer. La jeune femme se déshabille, elle s’accroupit devant la servante, celle-ci, d’un coup de pied, l’envoie plonger dans la mer. Les vagues l’emportent sur une île.

La servante met les habits de sa maîtresse, elle s’enveloppe du tcharchaf de la tête aux pieds, elle rentre à la maison, elle se met au lit en geignant. Elle fait semblant d’être malade.

 » Prince, je meurs, donne-moi un remède ! « 

Le prince a beau lui donner tous les remèdes et médicaments du pays, la femme continue à geindre.

 » Prince, dit la menteuse, je connais le remède qu’il me faut. Va tuer mon agnelet, donne-moi sa viande à manger et je guérirai. « 

Le bedeau, qui allait sonner les cloches pour la première messe, entend une chanson emportée par le vent de la mer :

 » Ah ! bedeauSi tu aimes ton dieu,Si tu appelles pour la messe,Tu iras dire au fils du roiQue son bras s’immobilise,Que son couteau s’émousse,Qu’il ne frappe pas mon agnelet. « 

Le bedeau va voir le fils du roi :

  • Vive le prince, dit-il. Et il raconte ce qu’il a entendu.

Le fils du roi envoie des nageurs. Ils vont chercher la jeune femme et la ramènent. La fille fait le récit de ce qui lui est arrivé, le fils du roi fait attacher la servante à la queue d’un cheval et le lâche vers la montagne.

Trois pommes sont tombées du ciel : une pour le fils du roi, une pour sa femme et une pour le petit frère agnelet.