Voici le conte basque de l’âne et le loup.
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ToggleL'âne et le loup
COMME beaucoup d’autres dans le monde, il y avait un âne. Il longeait un ravin, chargé de vin de Malaga. (Vous savez que les ânes ont très peur des loups, parce que les loups aiment beaucoup la chair des ânes.) Pendant qu’il cheminait ainsi, il aperçoit un loup qui vient à quelque distance ; il ne pouvait se cacher nulle part. Le loup s’approche et l’âne lui dit :
« Bonjour, bonjour, monsieur Loup; au cas où vous auriez soif, j’ai un excellent Malaga à boire. »
« Je n’ai pas soif ; non ! , mais étonnamment faim ; oui ! Mon dîner aujourd’hui sera votre tête et oreilles.
« M. Loup, si vous aviez la bonté de me laisser partir et d’entendre une messe ——? »
Il lui dit : « Eh bien ! oui. »
Notre cul s’en va alors. Quand il entre dans l’église, il ferme la porte intérieure avec son pied, et s’y arrête tranquillement.
Quand le loup commença à s’impatienter d’attendre, il dit :
« Ay, ay, quelle longue messe ! on dirait que c’est le dimanche des Rameaux. »
L’âne lui dit :
« Sale vieux loup, sois patient. Je reste ici avec les anges, et j’ai ma vie (en sécurité) pour ce soir. »
« Ay, ay, sale con, tu es trop, trop, sale, tu sais. Si jamais tu me revois, messe tu n’entendras pas. »
L’âne lui dit :
« Il n’y a pas de chiens autour de la bergerie d’Alagaia; si vous y allez, vous obtiendrez beaucoup de moutons. »
Le loup y renonce et se dirige vers le troupeau où l’âne lui avait dit d’aller. Quand l’âne vit qu’il était parti, il sortit de l’église, et rentra chez lui, et prit bien garde de ne plus s’approcher de la demeure du loup.