Les mouches de Mendiondo

Le maître de la maison Mendiondo était un grand fainéant et pourtant la besogne était toujours plus vite terminée chez lui que chez les voisins. En une seule heure de la matinée, la pairie, au dessous de la maison, se trouva fauchée ; un dimanche, pendant la messe, fut scié tout le froment d’un champ. Les voisins étaient fort étonnés parce qu’ils ne voyaient jamais chez lui aucun ouvrier.

mouches de Mendiondo

Mouches de Mendiondo

Sa femme aussi se méfait. Or, un dimanche, avant de se rendre à la messe, elle le vit de loin cacher quelque chose dans une broussaille. Elle y alla, curieuse de savoir ce qu’il y avait mis, et y trouva un étui. Elle l’ouvrit et il en sortit dix mouches. Les mouches voltigent à ses yeux, à ses oreilles et bourdonnent:

– » Zer egin ? zer egin ? zer egin ? (quoi faire? quoi faire? quoi faire?)
Épouvantée, la femme leur dit:

– » Rentrez bien vite dans le trou ».

Les mouches aussitôt rentrent dans l’étui. La femme le ferma et le remit en place. Elle s’empressa de raconter à son mari ce qui lui était arrivé, et le mari avoua que c’était les mouches qui faisaient le travail de sa ferme. A partir de ce moment, quelque besogne que la femme leur donnât, elle était faite en un moment. Un jour qu’il n’y avait rien à faire, les mouches tourmentaient la femme en disant:

– » Lan ! lan ! lan ! (travail !travail !travail !)
Elle leur donna un crible:

– » Allez, leur dit-elle, remplissez d’eau la barrique vide qui est dans la cave. Vous prendrez l’eau dans le canal du moulin, et vous la transporterez dans le crible en montant par la prairie qui est au dessus de la maison ».
En un instant cela fut fait et les mouches étaient encore là, harcelant la femme et bourdonnant:

– » Lan ! lan ! lan ! (travail ! travail ! travail !) A bout de patience, elle dit à son mari:
– » Quelle merveille est-ce que ces mouches ! Il faut absolument nous en défaire.
– » Oui, répondit le mari, mais nous devons à chacune payer ses gages
– » Donnez leur, dit la femme, les dix oies qui sont un peu au dessus de la maison. En même temps, les oies s’envolèrent avec des cris bruyants vers les nues et les mouches de Mendiondo ne reparurent plus.