Les sorcières en Biscaye

Sorcières en Biscaye

Voici plusieurs histoire de sorcières en Biscaye : ensorceleuse de Zeanuri,  la cîme de Morga, un petit verre de vin, cinq tours, hue cheval, le pêcheur et le petit chien, deux sorcièrers amies du vin, maria minez, un sifflet mystérieux, les sorcières d’askondo, vent de sorcières.

sorcières en Biscaye

L’ensorceleuse de Zeanuri

Un jour de l’an de grâce 1572, quelqu’un déclara de manière laconique « que dans l’église de Cenauri et ses environs il y a beaucoup de sorciers et sorcières qui font beaucoup de mal ». Un certain Pedro de Aranguren alla plus loin en dénonçant Juan De Goitia et sa fille ainée d’avoir pratiqué des actes de sorcellerie, superstition et exorcisme. Visiblement, sa spécialité était d’empêcher que les couples de jeunes mariés ne puissent avoir de rapports charnels aboutis

L’acusateur assura que la célèbre sorcière, sans qu’il s’en aperçoive, l’avait laissé maladroit pour le coït en accrochant aux vêtements.

El denunciante aseguré que la mentada bruja, y sin que el se percatase, lo habia dejado inhâbil para el coito colo: candole en la ropa un saquito de lienzo, que contenia « el ; euero de una culebra, y como una hebra de hilo negro, y otra hebra de hilo nuevo de la tierra, y otra hebra de hilo blanco, y un poquito de cera colorada con su pabilo, y un poco de estopa, y un pedazo de insignia de bula con otro pedazo de lienzo, en que estaba la bula con sus cabos de hilo blanco ».

Mayora traté de defenderse alegando que todos los dichos objetos « eran cosas benditas, porque de un modo u otro habfan sido bendecidos en la iglesia ». Ademâs, nego que, si por descuido se los habia puesto ella, no se los puso a sabiendas.

Finalmente, Juan de Goitia hubo de satisfacer una multa de seis mil maravedfs, y cumplir un afio de destierro de Zeanuri. A Mayora se le condené a « que fuese sacada de la carcel donde estaba en bestia de albarda, atadas las manos y colgadas del pescuezo las cosas de hechicerfa, y que fuese trafda a la vergiienza publica con voz de prego-nero », amén de très mil maravedfs de multa y dos afios de destierro de todo el Sefiorfo de Bizkaia. Por su parte, la vfc-tima de tan « terribles » hechizos logro curarse de su impo-tencia, sf, pero porque se gasté sus buenos dineros en misas y acudiendo a un curandero de Urdufia, que si no….


La cîme de Morga

On disait que des sorcières vivaient dans le sorginzilo (trou des sorcières en basque), sur une colline qui se situe près de l’église paroissiale de Morga. Pour cela, les voisins de ce village évitaient de venir par ce lieu la nuit tombée.

Cependant, une brave fille du village paria avec ses amies, qu’elle était capable d’aller seule vers l’inquiétante grotte de ce sommet et de proférer quelques impertinences contre les habitantes du lieu auxquelles elle ne croyait visiblement pas.

Certainement elle le fit mais nous ne pouvons le confirmer car de l’imprudente, l’unique chose que l’on a trouvé fut un vêtement intime qu’elle portait ce soir là. Il était accroché à des ronces, à l’entrée de la grotte, complètement déchiré et avec des taches de sang.


Un petit verre de vin

Une nuit, un homme de Murueta rentrait de la taverne vers sa maison. Il marchait en cahotant, conséquence d’une soirée bien a rosée quand, passant par l’esplanade de Etxebartxukolanda, il se trouva brusquement au milieu d’un cercle de femmes. Ces femmes étaient légèrement vêtues et notre homme malgré son trouble, pensant à des dévergondées, se planta devant elles et se mit a les regarder avec insolence.

Les femmes ne semblaient pas gênées par l’impertinence du noctambule, ni ne couvrirent leur nudité. Au contraire, quelques unes d’entre elles s’approchèrent de l’ivrogne avec désinvolture, le regardant avec insolence à leur tour, lui dirent:

– Demande nous ce que tu veux, cette nuit nous sommes de bonne humeur, nous te le donnerons !.
– Ce que je veux ? ce que je veux ? s’enquit l’homme, les regardant avec des yeux gourmands et clins d’œil répétés.
– Oui! Ce que tu veux! Confirmèrent-elles.

L’homme resta un instant pensif, se racla la gorge et dit:
– Alors, dans ce cas, je veux un verre de vin !
Au milieu des risées, d’autres femmes s’approchant de l’ivrogne le petit verre de vin en main le lui tendirent très affectueusement.

L’homme prit le verre, le leva un moment, comme pour trinquer avec elles et le but cul sec. Après quelques éructations et s’être séché les lèvres avec le revers de sa manche, il s’exclama:
– Dieu ! quel vin délicieux !

Sur ces paroles les femmes commencèrent a crier comme des folles en même temps qu’elles quittaient les lieux, courant désespérément. Enfin, ouvrant et fermant ses yeux, l’ivrogne se trouva sur l’esplanade tout seul, son verre à la main. Il ne tarda pas lui non plus a courir chez lui comme un dératé malgré son état. Et pour cause, il venait de regarder dans son verre et vit avec horreur et dégoût que celui-ci était plein de bestioles immondes.


Cinq tours

Une nuit, une chaude discussion anima un groupe de fileuses d’Elorrio sur le bienfondé où non de faire quelques tours autour de l’église.
– Si tu fais un tour autour de l’église il ne se passe rien affirma l’une d’elle.
– Si tu fais trois tours tu te transforme en sorcière insista une autre.
– Si tu fais cinq tours, les génies malins de la nuit te raviront assura une troisième.

Bref, toutes ces femmes donnèrent leurs avis sur ces pensées avec plus où moins de conviction.

Enfin pas exactement toutes, non, car il y en avait une silencieuse donnant le sein à son bébé pendant que les autres discutaient. Mais celle-ci, lorsque le bébé dans ses bras eut terminé, entra dans la discussion avec ses voisines en disant sur un ton bien décidé:

– Je vous parie que je suis capable à l’instant même de faire cinq tours de l’église pour vous prouver que vous vous trompez toutes!.
Les filles la regardèrent d’abord bouche bée, très étonnées.
Mais comme la fille insistait sur sa proposition, finalement toutes acceptèrent de participer avec de menu-monnaies sur ce pari improvisé.

Finalement la fileuse parieuse abandonna la maison quelques instant après, avec son petit dans ses bras, prenant le chemin de l’église paroissiale, suivie avec une certaine crainte par les autres fileuses.

Et, sans se rendre compte, elle fit un tour complet autour du temple. Ensuite, elle en fit un autre, et un autre, et un autre de encore. Mais au moment de conclure le dernier, jailli dans le silence de la nuit une étrange voix, désagréable et démoniaque, qui dit en basque:

– Ezkerrak besuan darojazun umetxu orri bestela etziñien luzaruan bizi izango !
Ce qui signifie:
– Remercie le petit que tu porte dans tes bras car sinon tu n’aurais pas vécu longtemps !

Jamais plus ces fileuses ne firent des paris, et la parieuse n’eut l’envie de recommencer à s’entêter sur cette affaire si inquiétante.

Jamais plus !


Hue cheval !

Rentrant une nuit de la taverne de Amoroto vers sa maison, Pedro de Otxabio se trouva face à un cheval planté au milieu du chemin de Arbifie. Celui-ci ne bougeant pas, notre noctambule lui cria:
– Hue ! cheval !

L’animal n’esquissa pas le moindre mouvement pour s’écarter ni le laisser passer alors l’homme répéta:
– hue ! cheval ! mais l’animal resta sur ses positions.
Le noctambule allait crier une troisième fois lorsqu’il vit que le cheval s’ ébroua menaçant. Il en eut la chair de poule.

Ensuite, lorsque l’homme tenta tout doucement de retourner sur ses pas pour s’éloigner, sentit que le cheval, en plus de s’ébrouer de nouveau avait commencé a s’avancer vers lui, non sans dissimuler de mauvaises intentions.

C’est à ce moment que l’homme se mit à courir comme un fou vers la taverne y arrivant en un instant, sentant dans son cou l’haleine du cheval qui était sur le point de l’atteindre. Par chance, devant cette auberge il y avait une croix et passant devant, l’homme se signa. Au même instant, il découvrit que le cheval avait disparu et, à sa place, une vieille horripilante qui courrait dépitée, fuyant les lieux.

Il ne faisait aucun doute pour Pedro de Otxabio que cette nuit là il avait rencontré une sorcière.


Le pêcheur et le petit chien

Un pêcheur de Bermeo qui rentrait une nuit du quai vers sa maison, portant à l’épaule une rame et un panier plein de poissons, croisa sur son chemin un petit chien qui se planta devant lui en aboyant comme un fou. L’homme ne prit pas peur mais lui cria dessus pour le faire partir. Celui-ci ne semblant pas lui obéir, le marin donna plusieurs coups de pied sur le sol, faisant même semblant de lui donner un coup de pied.

Mieux, au lieu de fuir, le chien redoubla ses aboiements, toujours planté menaçant devant l’homme. Enfin, las de tant de cris, le pêcheur agrippa sa rame et lui asséna un terrible coup qui finit par faire fuir l’animal la queue entre les jambes jusqu’à le perdre de vue.

Le lendemain, une vieille du village, clopinant et un pied entaillé, se présenta à la maison du pêcheur en criant:
– Assassin, criminel, je vais te dénoncer à la justice car cette nuit tu m’a frappée avec une rame !

L’homme resta muet en voyant et écoutant cette vieille, se frotta le menton, haussa finalement les épaules d’un geste d’indifférence et répondit:

– Si tu me dénonce pour agression, je te dénoncerai pour sorcellerie, qu’en penses-tu ?
La vieille le regarda intensément avec des yeux pleins de haine, mais non seulement elle ne répondit pas mais fit demi-tour et s’en alla d’où elle venait murmurant quelques imprécations.

Naturellement il n’y eut pas de dénonce.


Deux sorcières amies du vin

On raconte que quelque part en Bizkaye, transformées en fourmis, les sorcières pénétraient dans une halle où l’on conservait les barriques de vin en passant par le trou de la serrure et passaient leur temps à boire du bon vin. Peu avant l’aube, elles reprenaient le chemin inverse en s’éclipsant tranquillement. Ainsi, une nuit, puis une autre et une autre encore… jusqu’à ce qu’une nuit, pendant qu’elles se rassasiaient de ce bon vin particulièrement délicieux, l’une d’elles ne put s’empêcher de s’exclamer:

– Dieu, que ce vin est bon !
Aussitôt elle repris l’apparence d’une femme normale. L’autre sorcière clama:
– Quelle bêtise! Comment tu a pu dire une chose pareille ?

Finalement, comme il allait faire jour, celle à l’apparence de fourmi s’éclipsa tranquillement mais l’autre resta prise au piège, sans pouvoir sen ‘échapper. Le jour levé, le jeune homme de la halle se retrouvant au milieu des barriques avec une femme complètement nue, moitié saoule, tremblant de froid et de frayeur, failli tomber à la renverse. Mais se reprit vite et dès la surprise passée lui donna une couverture pour se couvrir. C’est ainsi que, non sans l’avoir obligée a raconter sa mésaventure, le garçon apprit son histoire.

On apprit ainsi l’aventure des deux sorcières amoureuse de bon vin.


Maria Minez, sorcière

Pendant sa première grossesse, Maria Minez pensait fréquemment qu’elle était enceinte du diable. De plus, elle répétait souvent à ses voisins:
– Si la grossesse doit aboutir, je dois accoucher de l’antéChrist! Si c’est le démon, je dois aussi accoucher d’un antéChrist!

Ceux qui l’entendaient s’éloignaient hâtivement en se signant, épouvantés et une bigote lâcha:
– Si peu de crainte de Dieu !
La grossesse de Maria arriva a terme et mit au monde une merveilleuse petite fille qu’ils baptisèrent Catalina (Katalintxe pour les amis).

Maria se trouva de nouveau enceinte et pour la seconde fois, elle passa des jours répétant:
– Cette fois, oui, c’est le démon et je vais accoucher d’un antéChrist… où je crève le jour venu !

Son pronostic se vérifia non pas qu’elle ait accouché d’un antéChrist mais après plusieurs vertiges, flatulences et pets d’intensité très diverses, Maria mourut subitement lors de son second accouchement.
– Elle est morte comme son souhait: claquée, épuisée et sans accoucher ! s’exclamèrent soulagés quelques voisins se re-signant.
– Et sans confession ! ajouta la bigote.

Mais si Maria n’accoucha pas d’un antéChrist, il est certain qu’elle avait enfanté d’une sorcière. C’est ce qu’on disait de Catalina, sa fille, durant le procès qui se déroula à Bilbao vers le milieu du XVIè siècle. Si la mère fut sauvée de ce procès c’est qu’elle était déjà morte. Ce sont les choses de l’histoire.


Un sifflet mystérieux

Une nuit, de retour de son travail et absorbé dans ses pensées, Prasku le charbonnier passait au dessus d’Arkiola. Il entendit un sifflet continu qui le fit regarder tout autour de lui mais comme il ne vit personne, il continua sa marche.

A la nuit suivante, passant au même endroit, Prasku fut de nouveau surpris par le même sifflet continu, et, de nouveau, regarda autour de lui. Comme il ne vit toujours personne, il lança une imprécation pensant être victime d’un farceur et repris sa marche plus contrarié encore.

Mais à la troisième nuit, toujours en passant au même endroit et entendant encore ce sifflet, Prasku se décida a inspecter consciencieusement la zone, convaincu qu’il y avait quelqu’un posté par là, certainement un blagueur. Pourtant il ne vit personne cette fois là non plus sur cette esplanade entourée de rochers à part un unique arbre aux branches tordues et nues, au tronc très stylisé.

Le jour suivant, Prasku, qui ne parvenait pas a se sortir cet étrange sifflet de ses pensées et disposé a résoudre cette énigme, décida de se rendre sur le lieu avant le coucher du soleil, résolu a surprendre celui qui le sifflait ainsi chaque soir. Il avait tout bien planifié. Il irait jusqu’à l’esplanade et se cacherait derrière l’unique arbre. Il serait armé d’un épais et solide gourdin.

« Voyons si le drôle continuerait a avoir envie de le siffler après l’avoir rencontré ! »

Mais Prasku ne put se cacher derrière l’arbre ce soir là, non, car il découvrit avec un indicible étonnement et panique, qu’a cet endroit il n’y avait aucun arbre ni la moindre trace qu’il y en ai eu un, un jour.

Prasku, le charbonnier abandonna en courant cette esplanade du haut de Urkiola qui lui parut l’endroit le plus sinistre et ne passa plus jamais par là.

Jamais plus, même pas une seule fois, jamais il ne revit cet endroit de toute sa vie restante.


Les sorcières d’Askondo

Un soir, une jeune fileuse de la ferme Inzunza rentra chez elle après son travail. En passant devant l’entrée d’une caverne d’Azkondo, qui se trouve face à la grotte de San Lorenzo, une vieille femme au visage très inquiétant sortit sur le chemin et récrimina:
– Si tu t’avise de passer ici la prochaine fois, nous te donnerons une leçon !

La jeune fille continua son chemin, furieuse devant l’insolence d’une vieille inconnue et arriva à la maison sans incident. La nuit suivante, de retour chez elle après son travail de fileuse et se souvenant des paroles de la vieille, non seulement elle ne les prit pas en considération pour changer de route mais arriva devant l’entrée de la grotte et resta là, les bras croisés, défiante.

On ne sut plus rien de cette jeune fileuse. N’étant jamais rentrée à la ferme et n’ayant jamais retrouvé sa trace, on pense qu’elle a été capturée par les sorcières vivant à la grotte d’Azkondo.


Vent de sorcières

On racontait autrefois que le propriétaire de la ferme Gonzogarai, à Ziortza, était très coutumier de médisances. Tant et tant de médisances pour n’importe quelle chose qui le contrariait qu’il finit par inquiéter sa propre famille et jusqu’à ses voisins.
– Cette manie que tu a de maudire tout le temps, un jour tu aura des déboires ! lui disaient souvent ses meilleurs amis.

Pourtant il n’en tint aucun compte.
– Maudit soit ! quel désagrément m’apporte-tu ? Quel désagrément ! s’agaça-t-il en entendant ces choses.

Et effectivement il eut un déboire, un gros déboire. Un soir, lorsque comme d’habitude il lançait une des pires médisance au monde, un vent violent tourbillonnant se leva autour de lui, celui qu’on nomme « sorginhaize » (vent des sorcières), l’engloutit et l’éleva à plusieurs mètres d’altitude devant la frayeur des témoins. Ensuite, aussi soudainement qu’il s’était levé, le vent cessa et le médisant tomba à terre et demeura impotent pour toujours. Depuis ce jour, le propriétaire de Gonzogarai ne s’avisa plus jamais à maudire.