La religion Dahoméenne est beaucoup lié au sang, aux morts et la puissance du monde-autre.
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Le culte des morts était soumis à la hiérarchie: si le mort était pauvre, on le jetait dans la brousse en pâture aux fauves; s’il était riche, on lui rendait de grands honneurs; sa fosse était creusée sous son lit mortuaire et, dans un passé reculé, on égorgeait un enfant sur sa tombe pour apaiser Liba, le gardien des morts. Les obsèques des rois étaient accompagnées de massacres. On immolait sur leur tombe des hommes et des femmes destinés à leur servir de serviteurs et d’épouses dans le monde-autre.
D’ailleurs, les Dahoméens ne craignaient pas la mort; ils croyaient si complètement à l’immortalité de l’âme qu’ils considéraient la mort comme le passage à une vie plus réelle et éternelle. Pour s’entretenir avec ses ancêtres le roi tuait jadis de sa main un homme que la famille était très honorée de voir choisir comme ambassadeur du roi. A intervalles réguliers des rituels de moindre ampleur comportaient également de tels sacrifices. Le but étant en quelque sorte de renouveler le « personnel » des anciens souverains. Les gens immolés sur les tombeaux étaient munis d’une bouteille de tafia et de cauris pour les frais du voyage.
Les religions du Sang et des Serpents (Vodou) au Dahomey.
Outre cette religion du sang, pratiquée surtout dans la région d’Abomey, il existait le long de la côte des Esclaves (spécialement du Dahomey et au Togo) une autre religion qui, avec ses innombrables prêtres, a également fortement impressionné les anciens voyageurs, qui l’on d’abord appelée la religion des serpents. Il s’agissait en réalité plutôt d’un culte local du serpent – un python sacré de trois mètres, qui avait ses prêtresses à  Ouidah, et auquel se rattachait une mythologie complexe -, dont il existait bien d’autres aspects, tels que la sacralisation des arbres (que les étrangers n’avaient pas le droit de couper), et surtout la vénération de nombreuses puissances.
A l’intérieur des maisons on mêlait le culte à tous les actes de la vie; à l’extérieur on rencontrait à chaque coin de rue dans les villes, sous chaque arbre dans les campagnes, de petites bornes couvertes de poteries et d’offrandes : l’huile de palme et les gâteaux de maïs y étaient incessamment renouvelés. On craignait de s’adresser au « Seigneur des esprits » qui était un trop grand dieu; mais on adorait l’âme des ancêtres et les forces de la nature, les génies secondaires.
Tantôt le patron des villes était un serpent (le dangbé), comme à Ouidah, qui représentait la bienveillance et le bonheur, tantôt un chien, un singe, un caïman; sur les bords de la mer, on adorait le dieu des vagues. Les Dahoméens adoraient les âmes des grands; ils adoraient leur propre âme non pas « quand elle descend dans le ventre » mais « lorsqu’elle monte dans la tête et remue des idées ». Chaque objet avait son âme qui était un puissance; la croix chrétienne était un une puissance respectée; de même les canons, les fusils.
Ces puissances étaient appelées vodoun, d’où dérive le nom de Vodou ou Vaudou sous lequel on connaît aujourd’hui cette religion. Elle a été depuis les côtes du Dahomey en Amérique et y a été adaptée de diverses manières par les esclaves victimes de la traite. En Haïti comme au Brésil, elle est restée d’autant plus ancrée qu’elle est vécue par les segments les plus pauvres de la population comme un outil d’expression identitaire.