Dieux de 3ème génération Fon

Les dieux de 3ème génération Fon sont : GOU, SO, DJI, KPAN, SUN, TO, AGE

dieux de 3ème génération Fon sont : GOU, SO, DJI, KPAN, SUN, TO, AGE

Gou (Feu)

Le Dieu Gou personnifie la justice, l’harmonie cosmique, la loi absolue. Il contrôle de ce fait l’évolution et la destinée de toute la création. Gou représente la dualité ; le positif et le négatif, le bien et le mal, la vie et la mort. Il assure la transformation d’un extrême à l’autre. Gou est ainsi le maître de l’alchimie permettant la préparation de la pierre philosophale, le Dieu des arts et en particulier celui des forgerons. Son nom « gou » (phallus, fer) symbolise la combativité, la virilité, la puissance et la souveraineté.

Selon la tradition, Lisa apporta Gou sur terre sous la forme d’un sabre « basa » ou « goubasa ». Gou, est le fils de Lisa, c’est-à-dire, sa manifestation sur terre. Le sabre, outil de puissance souveraine donc de justice, de créativité, assurant la transformation de la nature, la conversion des forces, peut devenir objet de violence, de passions et de colère, d’où la polarité de ce dieu Gou apparaît alors en dieu de l’agriculture et de la guerre.Le Dieu Gou correspond au Dieu grec Cronos de la famille des Titans, qui est ainsi qu’Apollon dieu des arts et archer. Comme Apollon, le Dieu Gou a pour attribut animal, le coq.

SO (Feu)

Hêvioso désigne l’aspect le plus connu du Dieu So qui désigne la somme de tout pouvoir dans l’univers, l’omnipotence, le feu primordial au sein de toute la création. Il est la volonté, la force, la puissance active de l’esprit.So s’identifie au sabre Basa de Gou, qui symbolise la toute puissance. Zo manifeste la vertu du feu et So, sa puissance, sa force.Quant à son aspect Hêvioso, il représente la manifestation de la foudre, des orages, de la majesté divine. Le vocable Hêvioso se décompose en « hê » (oiseau) « vi » (vomir) « so » (foudre), un oiseau de feu. Hêvioso est aussi représenté par un bélier portant dans sa bouche une hache.

So semble être une forme fon de Zeus, So a pour arbre sacré l’iroko, le roi des arbres en milieu tropical alors que le chêne représente Zeus.Par aillerus, ce dieu a pour attribut l’aigle, qui rejoint l’oiseau de feu fon, hêvioso.Le panthéon de So est très riche en dieux secondaires ou dieux-fils. Parmi les mâles on trouve Sogbo, Djakata; Gbadê, Accrombé. Parmi les femelles, on compte : Agbé, Avlékété ; Saho ; Naété ; Adin ; Kêli .

DJI (Air)

Elle personnifie le principe de gestation « dji » et représente la Déesse-Mère, la Mère des Dieux. Son nom signifie Ciel, Pluie et elle a pour frère, le Dieu Agé De leur union naît la multitude des dieux du panthéon vodoun.La légende raconte qu’au début de la création, le Ciel Dji, et la Terre Agé, se touchaient presque et étaient deux « nonvi » (frère et sœur). Ils avaient l’habitude de chasser ensemble et se partageaient le gibier. Un jour, Terre l’aîné, tua un rongeur « gbédja » qu’ ils divisèrent en deux parts. Restait la tête, « ta », sur laquelle ils n’arrivaient pas à s’entendre, car chacun la voulait.

Sur ces disputes, Ciel se fâcha et s’éloigna de la Terre. Cette dernière par manque devint aride. Les semailles cessèrent de pousser et les femmes ne purent plus accoucher (« dji »). Pour se réconcilier avec Ciel, Terre tua de nouveau un autre « gbédja » qu’il décida d’envoyer tout entier à Ciel. Seul « aklasou » (le vautour) parmi les oiseaux, put réaliser cette tâche. Aklasou effectua ce transport en échange de la promesse qui lui avait été faite : la construction d’une maison sur la Terre. C’est ainsi que la pluie se remit à tomber.

Cependant, la promesse faite à Aklasou ne fut pas tenue. Fort de ses ailes, il put se protéger de la pluie, raison pour laquelle il ne se cache pas lorsqu’il pleut.Ce mythe établit un parallèle avec le mythe égyptien de la création qui consacra la séparation de « Geb » la Terre, de « Nout » le Ciel, qui avale chaque soir le soleil « Rê » Sê et l’enfante « dji en fon » chaque matin.

KPAN (Air)

Kpan désigne le dieu de la flûte, dans la mythologie fon. Le mythe relie le Dieu Kpan au Dieu Awêsou, maître de la terre, dont il chante les gloires, les splendeurs, à l’image du Dieu grec Pan, qui égaye les Dieux de l’Olympe. Le dieu « Kpan » (grenouille) incarne la loi au même titre que Pan le dieu de la flûte grec.

Ce mythe sera à l’origine de la fonction de Kpan-lin-gan, instituée par le Dieu-roi Hwegbadja, fondateur du royaume d’Abomey, laquelle consiste à réciter les litanies en l’honneur des Dieux-rois défunts et les gloires du Dieu-roi vivant, en vue du maintien de l’équilibre, de l’harmonie des forces cosmiques pour le bien-être de l’humanité et la prospérité du royaume d’Abomey, centre de la création.Le mot Kpanlingan se décompose en « kpan » (grenouille)  « lin » (penser, vibrer) « gan » (rythme, métal). Kpan est donc le dieu du souffle, de la mélodie, de la flûte.

SUN (Eau)

Le Dieu-Lune Sun, personnifie la périodicité des phénomènes, c’est-à-dire, leur évolution en cycle, en boucle. Il mesure ainsi le temps, représente le nombre 30, évoquant la durée de 30 jours que compte le mois fon. Il gouverne la qualité du sang en l’homme, la vitalité. Sun contrôle le mouvement de tous les êtres, hommes et animaux, à la surface de la terre. Ce dieu dont le nom signifie relier, annonce la fin des temps, la fin de la création, dont il reliera les deux extrémités supprimant ainsi l’espace créé, et générera à nouveau le chaos initial d’où l’univers émergea.

C’est le retour au point d’origine de la création, à la naissance de l’être, dont est responsable le Dieu Soun, qui constitue un danger pour l’homme. Car il implique le retour de la conscience humaine à un état infantil, d’immaturité. En raison de ce qui précède, la tradition institua le rite appelé « Soun – Ki-Ko » c’est-à-dire « supprimer la durée cyclique » de l’être. Ce rite s’administre à l’individu depuis son enfance, en général, à trois mois de sa naissance. Il consiste, entre autres rituels, à siffler la lune. Le sifflement arrête une action en cours. L’objectif est d’arrêter l’action de « sun » (lune) sur l’être, depuis la période de gestation.

TO (EAU)

Il gouverne les fonds marins et les cours d’eau. Maître du domaine des eaux, il apparaît en dieu primordial comme So. A l’instar de So dont la colère provoque la foudre et l’inondation, la colère de To manifeste les crues, les raz-de-marée, les tempêtes. Dans son association avec le Dieu Dan, soit To – Dan, il provoque les séismes. Ces attributs définissent une relation entre les deux dieux, So et ToLe Dieu To possède la même division dans son expression que So.

Aussi distingue-t-on les principes Tosou = To – mâle, ou sa manifestation virile et positive, et Tobosi = To – femelle, ou sa manifestation douce et négative. Tosou désigne ainsi le nom générique des fils de To et, Tobosi, celui de ses filles. Tosa désigne un autre aspect de To. Le culte de To se confond, à Abomey, au culte royal des Tohosou ou enfants handicapés de la famille royale : Tohosou = To-souverain. Ils sont considérés comme des incarnations du Dieu To. Leur adoration fait partie du culte généralement connu sous le nom de « Ninsouhwé » ou « Linsouhwé » .To correspond à Toth, dieu lunaire égyptien.

To semble être aussi une forme fon de Poséidon, dieu de l’océan dans la mythologie grecque qui a engendré des monstres tels que Polyphème, Antée, Procuste et Triton, d’un côté, et de l’autre, le cheval sauvage et Pégase. Le cheval sauvage de Poséidon rejoint celui rapporté au Dieu To et appelé Toso = To-cheval, désigné généralement par cheval des marais ou antilope cheval. 

AGE (Terre)

Son nom signifie terre émergée, terre ferme, hors de l’eau ou rive. Aussi représente-t-il la terre primordiale, la matière initiale, sur laquelle Ayidohwêdo va se tenir pour créer la lumière, le jour et la nuit, les rythmes diurne et nocturne. Le sens de Agé, terre émergée, montre que l’acte créateur dû au couple Lisa / Maou, a consisté en la séparation des eaux primordiales avec le monde créé ; autrement dit ces eaux sont rejetées à la périphérie de l’univers organisé. Elles forment alors le monde du chaos à partir duquel la création a pris naissance.

Cet océan primordial n’étant pas créé, il échappe à la fin de la création et demeure éternel avec le créateur, c’est pourquoi son nom Dan est indissociable de celui d’Ayidohwêdo. Comme en Egypte, la terre a une valeur masculine dans la tradition fon. Remarquons enfin, que Agé correspond à la déesse grecque Gea (Gaïa) au dieu égyptien Aker, un aspect de Geb. Ce dernier nom (Geb) est semblable à celui du dieu fon « Ge »(Terre) dont est dérivé le substantif Ge-vi attribué aux Aboméens.