En milieu Fon, on donne le nom « vodoun » à une divinité qui désigne un être spirituel, c’est-à-dire à une qualité divine.Le vocable « vodoun » = « vo » espace aqueux et « doun » puiser, traduit selon nous l’acte créateur qui consista à assécher les eaux marécageuses, appelées eaux originelles ou océan primordial, pour faire émerger les premières terres de la création. Vodoun évoque, en conséquence, un récit cosmologique. Une divinité vodoun désigne, un principe universel se manifestant au travers d’un phénomène de la Nature.
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Le culte rendu à un dieu vodoun consiste ainsi à s’approprier le déterminisme sous-jacent au phénomène, en une technique de saisie et de maîtrise des lois qui gouvernent les faits dans leurs manifestations. Il s’agit donc d’un savoir relatif aux lois universelles et à leurs applications en l’homme et dans la nature. Il constitue, selon nous, un monothéisme qui s’exprime en apparence par un polythéisme symbolique.
Il ne s’agit pas, d’une religion, comme l’a su bien mettre en évidence, Honorat Aguessy, « d’imploration et de résignation » mais de « commandement ». En d’autres termes, il s’agit, d’une religion où il faut « croire pour comprendre et comprendre pour croire » comme l’affirmait Saint-Augustin. Le « vodounon », maître de l’acte créateur, et le « bokonon », maître de la parole vivante, apparaissent en savant et sage de leur société.
On appelle aussi « houn » une entité vodoun ; ce qui signifie littéralement le cœur ou ce qui échappe à la tête, c’est-à-dire à la raison. De là dérive le mot « hou-non » signifiant littéralement maître du mystère. En vertu du caractère mystérieux du vodoun, on nomme ainsi, également par comparaison, tout ce qui paraît inconnaissable, inconcevable. Par conséquent, au fil du temps, de nombreux vodoun qui n’ont sûrement aucune réalité divine se sont ajoutés à ce qui constituait réellement le Panthéon des divinités vodoun et ont rendu dès lors leur étude de plus en plus difficile.
Tous les écrits portant sur le Panthéon voudoun, ont reconnu par ailleurs la diversité de leurs origines et les migrations d’une région à l’autre. Cette difficulté, cependant, n’est qu’apparente, dans la mesure où elle peut être levée en tenant compte des lois de similitudes que l’on retrouve dans toutes les théologies. En suivant cette méthode, on peut discerner un vodoun au sens de divinité d’un autre qui ne l’est point.
Les données exploitées dans cette contribution sont essentiellement celles rapportées par B. Maupoil dans son livre, La Géomancie à l’ancienne Côte des Esclaves, dont le principal interlocuteur fut l’Initié Dahoméen Guèdégbé.Par ailleurs, le panthéon vodoun ne peut être pénétré en profondeur, que si on l’étudie en rapport avec la théologie (ou mythologie) de l’ancienne Grèce et de l’ancienne Egypte. Du reste, ces théologies s’éclairent mutuellement. C’est dans cette perspective que nous mettons à la disposition de tous ceux qui s’intéressent au savoir ancestral des peuples du golfe de Guinée, cette introduction au panthéon vodoun ou mythologie adja-ewe.
Le vodoun au commencement était lié aux mystères de l’univers. Il se rapporte au Principe primordial, Dieu, dans ses manifestations. Les vodoun représentent des principes universels et sont, par conséquent, des divinités.Il existe une autre catégorie de vodoun intéressante à nos yeux : ce sont les Ancêtres divinisés en raison de la vie exceptionnelle remplie de sagesse et de vertu, qu’ils ont menée sur terre. A cet égard, la Tradition estime qu’ils vivent encore dans la région des divinités.
On les assimile à juste titre à des divinités et les vénère comme telles. Ce fait s’observe également avec les saints dans d’ autres religions.Nous pouvons ainsi dégager trois classes d’entités vodoun : le vodoun talisman, le vodoun déité et le vodoun ancêtre vénéré. L’étude qui va suivre concerne la deuxième catégorie : le vodoun déité. Notre texte est organisé en six parties : le chaos initial, les éléments universels, le dieu de 1ère génération et enfin les dieux de 2ème, 3ème et 4ème génération.