La Mort de Derbforgaill

Voici l’histoire de la Mort de Derbforgaill, de la branche rouge de  la mythologie irlandaise.

la Mort de Derbforgaill

La Mort de Derbforgaill

Derbforgaille, fille du roi de Lochlann, tomba amoureuse de Cûchulainn sans l’avoir rencontré, à cause des histoires qu’on racontait sur lui. Elle et sa servante prirent la forme de deux cygnes et volèrent jusqu’au Lough Cuan, reliées entre elles par une chaîne d’or, pour rechercher son amoureux.

Cûchulainn chassait avec son frère de lait Lugaid Riab nDerg (Lugaid-aux-raies-rouges), fils des Tri Finn Emna. Lugaid vit les oiseaux qui les survolaient et proposa à Cûchulainn de tenter de les atteindre. De sa fronde, Cûchulainn lança une pierre, qui passa entre les côtes de Derforgaille et pénétra dans sa poitrine. Immédiatement deux formes humaines apparurent sur le rivage.

 » Je suis venue pour toi et tu m’as traitée cruellement, « , dit Derforgaille à Cûchulainn.  » C’est vrai « , dit Cûchulainn. Il suça le flanc de la fille pour en retirer la pierre et un caillot de sang vint avec elle.

 » Je venais en quête de toi », répéta Derforgaille. –  » Ne dis pas cela, », dit Cûchulainn, « je ne peux pas me joindre à quelqu’un dont j’ai sucé le flanc. « 

 » Dans ce cas, donne-moi à celui que tu choisiras. « 

 » J’aimerais que tu ailles avec le jeune homme le plus noble d’Irlande, Lugaid-aux-Raies-Rouges.  » dit Cûchulainn.

 » Aussi longtemps que je peux te voir, qu’il en soit ainsi.  » Alors elle alla avec Lugaid et porta un enfant de lui.

Un jour d’hiver, alors qu’il avait fortement neigé, les hommes firent des piliers de neige. Les femmes allèrent sur les piliers et dirent :  » Pissons sur les piliers pour voir de qui sera l’urine qui pénétrera le plus loin. La meilleure d’entre nous sera celle qui pourra aller droit jusqu’au sol. « 

Aucune ne put faire aller son urine jusqu’au sol à travers les piliers. Alors elles appelèrent Derbforgaille. Mais elle n’était pas enthousiaste, elle pensait que c’était absurde. Cependant elle fut contrainte à aller sur le pilier, et son urine pénétra droit jusqu’au sol.

Les femmes dirent :  » Si les hommes savaient cela, aucune femme ne serait aimée en comparaison de celle-ci.  » Alors, elles lui arrachèrent les yeux, lui coupèrent le nez, ses deux oreilles et ses cheveux, et la chair de ses cuisses.  » Personne ne la désirera maintenant. « 

Après avoir subie ces tortures, Derforgaille fut ramenée dans sa maison.

Les hommes étaient rassemblés sur une colline hors d’Emain Macha.  » C’est étrange,  » dit Cûchulainn,  » qu’il y ait de la neige sur le toit de la maison de Derbforgaille. « 

 » Elle doit être proche de la mort! », cria Lugaid.

Ils se ruèrent vers la maison, mais quand elle les entendit venir, Derbforgaille ferma la porte sur elle. « Ouvre! « dit Cûchulainn.

Derforgaille chanta une longue lamentation, faisant ses adieux à Cûchulainn et à Lugaid. On dit que lorsqu’ils parvinrent à entrer à l’intérieur, son âme l’avait déjà quittée. Lugaid mourut de la voir ainsi.

Cûchulainn alla vers la maison des femmes et la fit s’effondrer, tuant toutes celles qui étaient à l’intérieur. Il tua trois cinquantaines de reines ce jour-là. Puis il érigea les pierres tombales de Lugaid et de Derbforgaille, et il les pleura.