Les Goïdels

Voici la partie dite Les Goïdels du Livre des Invasions.

Les Goïdels

Les Goïdels

§14. C’est à ce moment-là que naquit Gaedel Glas, de Scota fille de Pharaon. D’elle sont nommés les Écossais,

Ainsi dit-on
Les Feni sont nommés d’après Feinius
Une signification sans secret:
Goïdel de l’avenant Gaedel Glas,
Les Écossais de Scota.

§15. C’est Gaedel Glas qui façonna la langue Gaélique à partir des soixante-deux langues: voici leurs noms, Bithynien, Scythe, etc.

Ainsi dit le poète
Les langues du monde, voyez vous-mêmes
Bithynie, Scythie, Cilicie, Hyrcanie, Gothie,
Grèce, Germanie, Gaule avec horreur,
Pentapole, Phrygie, Dalmatie, Dardanie.
Pamphylie, Mauritanie, Lycaonie si peuplée ,
Bactriane, Crète, Corse, Chypre, Thessalie,
Cappadoce, la noble Arménie, Rhétie,
Sicile, le pays des Sarrasins, Sardaigne.
Belgique, Béotie, Bretagne,
La mélodieuse Rhodes, Hispanie, Rome,
Rhége, Phénicie, l’Inde, l’Arabie dorée,
Mygdonie, Mazaca, Macédoine.
Parthes, Carie, Syrie, Saxons,
Athènes, Achaie, Albanie,
Palestine, Arcadie, la claire Galatie,
Troie, Thessalie, Cyclades.
Mésie, Médie, Perse, Francs,
Cyrène, Lacédémone, Longobards
Thrace, Numidie, Hellas – Entendez!
Noble Italie, Ethiopie, Égypte.
Voici le décompte des langues sans tache
A partir desquelles Gaedel forma le Gaélique:
Je connais leur registre de compréhension,
Les groupes, les langues multiples.

§16. Or Sru fils d’Esru f. Gaedel, c’est lui qui était chef des Goïdels qui sortirent d’Égypte après que Pharaon se fût noyé: sept cent soixante-dix ans du Déluge jusque-là.
Quatre cent quarante ans à partir de cette époque où fut noyé Pharaon, et après que Sru f. Esru fût sorti d’Égypte, jusqu’au moment où les fils de Mil vinrent en Irlande, à savoir, Eber et Eremon

A ce propos on dit :
Quarante et quatre cents ans – ce n’est pas mensonge –
A partir du moment où le peuple de Dieu vint,
Soyez certains , à la surface de Mare Rubrum,
Jusqu’à ce qu’ils débarquassent à Scene depuis la mer limpide,
Eux, les fils de Mil, sur la terre d’Irlande.

§17. Quatre solides équipages de navires menèrent Sru hors d’Égypte. Il y avait vingt-quatre couples mariés et trois mercenaires pour chaque navire. Sru et son fils Eber Scot, ils étaient les chefs de l’expédition. C’est alors que Nenual f. Baath f. Nenual f. Feinius Farsaid, prince de la Scythie, mourut: et Sru mourut également immédiatement après leur arrivée en Scythie.

§18. Eber Scot ôta de force la royauté de Scythie à la descendance de Nenual, jusqu’à ce qu’il tombât par la main de Noémius f. Nenual. Il y eut un conflit entre Noémius et Boamain f. Eber Scot. Boamain prit le trône, jusqu’à ce qu’il tombât par la main de Noémius. Noémius prit la principauté jusqu’à ce qu’il tombât par la main d’Ogamain f. Boamain en vengeance de son père. Ogamain s’empara du trône jusqu’à sa mort. Refill f. Noémius prit la royauté, jusqu’à ce qu’il tombât par la main de Tat f. Ogamain. Par la suite Tat tomba par la main de Refloir f. Refill. Par la suite, il y eut un conflit pour la principauté entre Refloir, petit-fils de Noémius, et Agnomain f. Tat, jusqu’à ce que Refloir tombât par la main d’Agnomain.

§19. Pour cette raison la descendance de Gaedil fut chassée sur la mer, à savoir Agnomain et Lamfhind son fils, si bien qu’ils furent sept ans sur la mer, parcourant le monde sur le côté nord. On peut bien imaginer les malheurs dont ils souffrirent. Ils avaient trois navires reliés entre eux, de sorte qu’aucun d’entre eux ne pût s’éloigner des autres. Ils eurent trois chefs après la mort d’Agnomain à la surface de la grande mer Caspienne, Lamfhind et Allot et Caicher le druide.

§20. C’est Caicher le druide qui leur donna le remède, quand la sirène leur chanta sa mélodie: le sommeil les envahissait à cette musique. Voici le remède que Caicher trouva pour eux, faire fondre de la cire dans leurs oreilles. C’est Caicher qui leur parla, quand le grand vent les poussa vers l’océan, de sorte qu’ils y souffrirent beaucoup de faim et de soif: jusqu’à ce qu’à la fin d’une semaine ils atteignissent le grand promontoire qui est au nord des Monts Riphées, et sur ce promontoire, ils trouvèrent une source au goût de vin, et ils y festoyèrent, et y dormirent trois jours et trois nuits. Mais Caicher le druide dit: Levez-vous, dit-il, nous ne nous reposerons pas jusqu’à ce que nous ayons atteint l’Irlande. Quel est cet endroit, l’Irlande? dit Lamfhind f. Agnomain. Elle est plus loin que la Scythie, dit Caicher. Ce n’est pas nous-mêmes qui y accéderons, mais nos enfants, à la fin de trois cents ans à compter d’aujourd’hui.

§21. Par la suite ils s’installèrent dans les Marais Méotiques, et là, un fils naquit à Lamfhind, Eber Glunfhind. C’est lui qui fut chef après son père. Son petit-fils était Febri. Son petit-fils était Nuadu.

§22. Brath f. Death f. Ercha f. Allot f. Nuaduf. Nenual f. Febri Glasf. Agni Find f. Eber Glunfhind f. Lamfhind f. Agnomain f. Tat f. Agnomain f. Boamain f. Eber Scot f. Sru f. Esru f. Gaedel Glas f. Nel f. Feinius Farsaid: c’est ce Brath qui sortit des Marais le long de la mer Tyrrhénienne jusqu’en Crète et en Sicile. Ils arrivèrent en Espagne par la suite. Ils prirent l’Espagne par la force.

§23. Quant à Agnomain f. Tat, c’est le chef des Goïdels qui partirent de Scythie. Il eut deux fils, Lamfhind et Allot. Lamfhind eut un fils, Eber Glunfhind. Allot eut un fils, Eber Dub, à l’époque du séjour dans le Marais. Ils eurent deux petits-fils au règne conjoint, Toithecht f. Tetrech f. Eber Dub, et Nenual f. Febri f. Agni f. Eber Glunfhind, il y eut aussi Soithecht f. Mantan f. Caicher. Ucce et Occe, deux fils d’Allot f. Nenual f. Nemed f. Allot f. Ogamain f. Toithecht f. Tetrech f. Eber Dub f. Allot.

§24. Quatre solides équipages de navires menèrent les Goïdels en Espagne: sur chaque navire quatorze couples mariés et sept mercenaires célibataires. Brath, un équipage de navire. Ucce et Occe, deux équipages de navire, Mantan, un équipage de navire. Ainsi, ils menèrent trois batailles après être arrivés en Espagne: une bataille contre les Toscans, une bataille contre les Langobardi, et une bataille contre les Barchu. Mais un fléau s’abattit sur eux, et vingt-quatre d’entre eux moururent, dont Occe et Ucce. Sur les deux navires aucun ne réchappa, sauf deux fois cinq hommes, y compris Én f. Occe et Ún f. Ucce.

§25. Brath eut un bon fils nommé Breogan, par qui fut construite la Tour et la ville – Bragance était le nom de la ville. C’est depuis la Tour de Breogan que l’Irlande fut aperçue, au soir d’une journée d’hiver. Ith f. Breogan la vit.

Ainsi dit Gilla Coemain :
Gaedel Glas, de qui descendent les Goïdels,
Il était fils de Nel, avec beaucoup de valeur:
Il était puissant à l’ouest et à l’est,
Nel, fils de Feinius Farsaid.
Feinius eut deux fils – je dis la vérité –
Nel notre père et Nenual,
Nel était né à la Tour de l’Est,
Nenual en Scythie, éclatant comme un bouclier.
Après Feinius, le héros de l’océan,
Il y eut grande jalousie entre les frères;
Nel tua Nenual, qui n’était pas doux;
Le Haut Roi fut expulsé.
Il alla en Égypte grâce à sa vaillance
Jusqu’à ce qu’il atteignît le puissant Pharaon;
Jusqu’à ce qu’il épousât Scota, de grande beauté,
La modeste, agile fille de Pharaon.

Scota donna un fils au noble Nel,
Duquel naquit une grande et parfaite race:
Gaedel Glas était le nom de l’homme –
Verts étaient ses bras et son vêtement.
Le farouche Esru fut son fils,
Un Seigneur aux bras lourds:
Le fils d’Esru, Sru des anciennes armées,
Qui méritait le renom qu’on lui attribuait.
Sru f. Esru f. Gaedel,
Notre ancêtre, se réjouissant avec les troupes,
C’est lui qui alla vers le nord jusqu’à sa maison,
A la surface de la Mare Rubrum rouge.
Les équipages de quatre navires, ce fut le compte
De son armée le long de la Mare Rubrum rouge :
Dans sa maison de planches, pouvons-nous dire,
Vingt-quatre couples mariés.
Le prince de la Scythie, c’est un fait évident,
Le jeune homme dont le nom était Nenual,
C’est alors qu’il mourut là-bas dans sa maison –
Lorsque les Goïdels arrivèrent.

Eber Scot des héros assuma le Royaume
Sur la descendance de Nenual sans honte,
Jusqu’au moment où il tomba, sans bonté douce,
Par la main de Noémius fils de Nenual.
Le fort fils d’Eber, qui s’appelait Boamain,
D’une pureté parfaite, jusqu’à la rive
De la mer Caspienne, il fut roi,
Jusqu’au jour où il tomba de la main de Noémius.
Noémius f. Nenual plein de force
S’installa en Scythie, quadrillée comme un bouclier:
Le prince parfait et juste tomba
Par la main d’Ogamain f. Boamain.
Par la suite Ogamain fut prince
Après Noémius à la bonne force:
Jusqu’à sa mort dans son territoire, sans foi:
Après lui Refill fut roi.
Par la suite Refill périt par la main
De Tait f. Ogmain:
Tait tomba, bien qu’il ne fût pas faible,
Par la main de Refloir f. Refill.
Refloir et Agnomain sans défaut,
Sept ans ils furent en conflit,
Jusqu’à ce que Refloir tombât avec fracas
Par la main victorieuse d’Agnomain.
Noinel et Refill, avec une pointe de lance,
Deux des fils de Refloir f. Refill,
Ils chassèrent Agnomain sur la mer en furie,
Grande et verte.

Bons étaient les chefs, ce fut suffisant,
Qui partirent de Scythie;
Agnomain, Eber sans défaut,
Les deux fils de Tait f. Ogamain.
Allot, Lamfhind à la main verte,
Les deux fils remarquables d’Agnomain le brillant,
Caicher et Cing, la gloire avec la victoire
Les deux bons fils d’Eber à la rouge monture.
Le nombre de leurs navires,
Trois navires venant sur les vagues lourdes;
Trois vingtaines sur chaque navire,
Une parole claire, et des femmes pour chaque troisième vingtaine.

Agnomain mourut, ce ne fut pas un reproche
Dans les îles de la Grande Mer Caspienne.
L’endroit où ils furent pendant un an
Ils le trouvèrent très secret.
Ils atteignirent la pleine mer libyenne,
Une traversée de six jours d’été complets;
Glas f. Agnomain, qui n’était pas méprisable,
Mourut là, à Cercinie.
Ils y découvrirent une belle île
Sur la mer de Libye aux lames guerrières :
Un an et une saison, avec gloire,
Leur séjour dans cette île.
Ils naviguèrent sur la mer,
Un fait brillant, de jour et de nuit:
L’éclat des mains de Lamfhind le chatoyant
Était semblable à de belles chandelles.
Ils avaient quatre chefs qui n’étaient pas méprisables,
Après leur traversée de la mer de Libye:
Allot, Lamfhind rapide sur l’océan,
Cing et son frère Caicher.
Caicher trouva un remède pour eux
Là-bas contre le chant des Sirènes:
Voici le remède que le beau Caicher trouva,
Faire fondre de la cire dans leurs oreilles.

Ils trouvèrent une source et une terre
Au cap Riphéen avec grande force,
Ayant le goût du vin par la suite:
Leur soif les domina puissamment.
Profondément, profondément ils dormirent
Pendant trois jours sans peine,
Jusqu’à ce que Caicher le druide fidèle
Réveillât les hommes nobles impatiemment.
C’est Caicher, (un bel accomplissement!)
Qui leur fit une prophétie,
Dans les monts Riphées avec un cap –
« Nous n’avons pas de repos jusqu’à l’Irlande. »
« En quel lieu est la noble Irlande? »
Dit Lamfhind le guerrier violent.
« Très loin », déclara alors Caicher,
« Ce n’est pas nous qui l’atteindrons, mais nos enfants. »
Ils firent avancer leur bataillon avec hargne,
Vers le sud, au-delà du cap Riphéen;
La descendance de Gaedel, avec pureté,
Ils débarquèrent dans les marais.

Un glorieux fils y naquit
De Lamfhind f. Agnomain;
Eber Glunfhind, pur le Griffon,
Le grand-père aux cheveux bouclés de Febri.
La famille de Gaedel, le vif et blanc,
Fut trois cents ans dans ce pays:
Ils y résidèrent dès lors,
Jusqu’à l’arrivée de Brath le victorieux.
Brath, le noble fils du fidèle Death
Vint en Crète, en Sicile,
L’équipage de quatre navires d’une navigation sûre,
A tribord vers l’Europe, puis l’Espagne.
Occe, Ucce et sans défaut,
Les deux fils d’Allot f. Nenual;
Mantan f. Caicher, Brath le fidèle,
Ils furent les quatre chefs.
Quatorze hommes avec leurs femmes
Formaient l’équipage de chaque navire plein de guerriers,
Ainsi que six mercenaires nobles;
Ils remportèrent trois batailles en Espagne.
Noble la première bataille – je ne vais pas le cacher –
Qu’ils gagnèrent contre l’armée des Toscans;
Une bataille contre les Bachra avec violence,
Et une bataille contre les Langobardi.
Ce fut après la bataille sinistre
Que s’abattit sur eux un fléau d’une journée:
Les gens des navires des fils d’Allot
Sans faute étaient tous morts, sauf dix personnes.

Ún et Én s’en sortirent,
Deux nobles fils des chefs forts:
Par la suite Bregon naquit,
Père de Bile le solide et le furieux.
Il livra un grand nombre de combats et de batailles
Contre l’armée multicolore d’Espagne:
Bregon le hurleur aux actes valeureux,
Aux combats, par lui, fut construite Bragance.
Bregon f. Brath, doux et bon,
Il eut un fils, Mil:
Les sept fils de Mil – bonne leur armée –
Y compris Eber et Eremon.
Avec Dond, et Airech dans la bataille,
Y compris Ir, avec Arannan,
Y compris Armorgen au visage lumineux,
Et avec Colptha à l’épée.
Les dix fils de Bregon sans mensonge,
Brega, Fuat, et Murthemne,
Cualnge, Cuala, bien que ce fût glorieux,
Ebleo, Nar, Ith, et Bile.
Ith f. Bregon à la gloire mélodieuse
Vint en premier en Irlande:
Il est le premier des hommes qui y habitèrent,
De la noble descendance de Gaedil le puissant.