Panthéon scythe

Hérodote donne une liste de divinités du panthéon scythe avec leurs équivalents grecs. Pour certaines d’entre elles, il précise leur nom scythe, mais prononcé à la manière grecque.

panthéon scythe

Panthéon scythe

Voici une liste non exhaustive du panthéon scythe :

  • Tabiti, déesse équivalente à Hestia, la déesse grecque du feu et du foyer.
  • Papaios, dieu équivalent à Zeus.
  • Apia, la Terre, épouse de Papaios.
  • Thagimasadas, dieu équivalent à Poséidon.
  • Oitosuros, dieu équivalent à Apollon.
  • Argimpasa, déesse considérée comme « Aphrodite céleste ».
  • un dieu équivalent à Héraclès et un dieu équivalent à Arès, le dieu de la guerre des Grecs.

L’Héraclès scythique devait être très proche de son homologue grec, puisque les Grecs de la mer Noire ont mélangé leurs mythes : ils lui ont attribué le dixième travail de leur propre héros, celui où il vole les bœufs de Géryon (lesquels se transforment en juments dans la suite de leur récit).

L’identification de ces dieux est problématique, mais ce travail a bénéficié de l’avancée des études indoeuropéennes. Les Indoeuropéens mettaient le dieu du feu en tête de leur panthéon, ce qui est le cas ici. Tabiti correspond à une ancienne déesse indienne dont le nom est lié au sanskrit tapati « brûler ».

Georges Dumézil a retrouvé ses traces dans les légendes des Ossètes, peuple iranien du Caucase. Il a également reconnu en l’Arès scythique un héros ossète, Batraz. Ces deux personnages s’identifient notamment tous les deux à une épée.

Dans le nom d’Apia, les spécialistes s’accordent à reconnaître l’iranien āp- « eau ». Selon Hérodote, c’est la Terre, mais l’analyse de la mythologie indo-européenne montre que la Terre était représentée sous la forme d’une montagne « sécrétant » une rivière, c’est-à-dire d’une montagne-source. Les Indo-Iraniens ont accentué son aspect humide. Dans les textes grecs, le dieu iranien Mithra est identifié à Apollon, ce qui permet de considérer qu’Oitosuros est Mithra.

Ce nom devait être un composé Oito-suros dont le deuxième membre provenait du vieil iranien sūra- « fort ». Dans l’Avesta, ce qualificatif est attribué à Mithra. Quant au terme oito, selon l’analyse de François Cornillot, il était la graphie grecque de *witāw, de *hwatāwah « souverain ». Ainsi, les Scythes surnommaient Mithra le « Souverain Fort ».

Ce même auteur a proposé une autre lecture du nom des Sakā haumavargā : il fait dériver son deuxième membre de hauma warāgan, où le terme warāgan signifie « vainqueur de *Wāra » et aboutit à l’ossète Wœrgon. De la sorte, les Sakā haumavargā sont les « Saces adeptes du culte du Haoma vainqueur de *Wāra ».

Pour comprendre la signification de cet ethnonyme, il faut savoir que le Haoma est une plante divinisée et que son ennemi *Wāra, appelé Vritra dans les textes indiens, est un démon qui cherche à faire disparaître le soleil et à obstruer la rivière qui descend de la montagne-source. Comme *Wāra représente la mort, la victoire du Haoma (plante d’immortalité) est celle de la vie sur la mort.