La courtise de Ferb

Voici l’histoire de la Courtise de Ferb, de la branche rouge de la mythologie irlandaise.

la Courtise de Ferb

La Courtise de Ferb

Conchobar, le fils de Nessa, reposait une nuit dans son sommeil, et comme il était couché il eut une vision, car il vint à lui une dame dans la fleur de la jeunesse, belle de forme et d’apparence. « Bon est mon accueil, » déclara la dame. « En vérité est-ce un bon accueil ? » déclara Conchobar. « Que veut dire cette vision ? » dit-il. « Honneur et la bonne fortune t’attendent,» répondit-elle. « Et que m’a donc, » déclara Conchobar, « alloué l’avenir ? » « Les hommes d’Irlande te rechercheront, » dit la dame, « et tes femmes, tes fils, tes filles, et ton bétail seront enlevés par Medb et par Ailill, et les avis rusés de Fergus les aideront. » « Quand viendra le temps, » dit Conchobar, « où ils commenceront cette razzia ? » « Au cours d’une nuit, » dit-elle, « qui est éloignée de cette nuit de sept ans, le Blanc dévastera les terres de Cualgne pour ce Brun venu de Cualgne, à la poursuite desquels cette attaque contre ton peuple sera faite. » « Je n’aime pas, », dit Conchobar, « le genre de faits dont tu as parlé. » « Mais avant que ce jour ne vienne, » dit-elle, « il y a une action glorieuse à faire pour toi. Dans les marches extérieures de ton royaume se trouve Mani Morgor, le fils d’Ailill, trois fois cinquante est le nombre des guerriers avec lui, et à Glen Geirg, près de toi, il se trouve maintenant, il est venu pour son mariage avec la fille de Gerg: le nom de la jeune fille est Ferb. Là hâte-toi contre lui, car demain, à la neuvième heure, le banquet sera donné. » « Quel nombre », dit Conchobar, « de guerriers dois-je prendre? » « Rassemble trois centaines de guerriers, » dit-elle; et elle s’écarta de lui, et elle disparut de sa vue. Au matin Conchobar se réveilla, et à Mumain Aitenchaitrech, sa reine, il conta l’histoire qu’il avait entendu. « Si tu voulais m’écouter, » dit-elle, « tu n’irais pas – il y a déjà suffisamment de raisons de luttes pour notre peuple et pour eux. » « Par la route que nous prenons pour notre razzia », répondit Conchobar, « je reviendrai assurément. » « Eh bien, » dit-elle, « va par la voie que tu recherches. »

Et ces trois centaines partirent, et allèrent ensuite, jusqu’à ce qu’ils parviennent à la maison de Gerg, jusqu’à ce qu’ils aient atteint la forteresse de Raith Imbuee, où le roi Gerg demeurait. Les rumeurs de la musique leur parvenaient à travers les murs, et la forteresse était ouverte devant eux. Conchobar s’avança vers le château, et ses trois cents guerriers à côté de lui, de sorte qu’ils se tenaient à la porte. Belle était la maison du roi. Là se trouvaient Gerg et Buan sa femme, trente [hommes] avec Flann, trente avec Dubhtach, trente avec Donnell, trente avec Angus, et une trentaine [d’hommes] de son clan avec Falbe Flann. Ils étaient là en raison de la fidélité qu’ils devaient à la maison de Gerg, à côté des serviteurs qui de la même manière étaient là; de plus, il y avait Mani et sa suite – trois fois cinquante était leur nombre.

Or, tous ceux-là avaient leurs boucliers de cuivre. Si de chaque homme un boisseau d’or et un boisseau d’argent et de bronze avaient été dus, les rivets de la lance de chaque homme parmi eux, avec les anneaux d’or qui étaient sur leurs cheveux, auraient acquitté la dette. Dans la maison se trouvait une centaine de tables d’airain. Une cuve d’airain était sur le plancher de la maison, et elle avait été remplie de vin. Durant trois jours et trois nuits, ils avaient festoyé, et, quand Conchobar vint à la porte, seule la moitié du vin restait. Dans la maison se trouvaient Gerg et Buan sa femme et Mani Morgor, avec sa troupe de guerriers, à boire le le vin et la bière, et la porte de la forteresse et la maison dans laquelle ils étaient assis étaient sans défense. Conchobar avança jusqu’à ce qu’il atteigne la porte de la maison; de même le serviteur de Conchobar s’avança jusqu’à ce qu’il arrive à l’intérieur de cette maison. Le nom de ce serviteur était Broth [broth signifie bouillon]. Alors le druide qui était avec eux jeta son cri de lamentation, et tous entendirent ce lai qu’il chanta:

« Broth dans le bol est découvert,
Bientôt des étrangers le prendront;
Les troupes sont réveillées au bruit de la bataille,
Les héros verseront le sang!
Bien des demeures s’effondrent,
Des Guerriers tombent dans des duels,
Des faits d’armes les entrainent tous.
Ainsi est-il décrété! »

Puis Brod projeta sa lance sur Gerg, de sorte qu’elle passa directement à travers son corps. Et le roi Gerg laissa tomber la coupe de sa main, et il s’effondra sur le plancher de la maison. « Broth a été trouvé dans la coupe, O Gerg! » s’écria Conchobar. « Levez-vous, ô jeunes gens, » dit-il et trente guerriers se ruèrent dans cette maison au côté de Conchobar. Et du fils de Mill, Conchobar frappa la tête, et de même une centaine de têtes furent coupées. Puis Conchobar et Brod sortirent de la maison, et il laissa le reste de ses jeunes guerriers derrière lui; pendant trois jours et trois nuits ils restèrent dans cette maison.

Pendant ce temps, la dame, à savoir la Badb, poursuivit son chemin, et dans Croghan elle apparut. « Ton fils, » dit-elle à Medb, « a été vaincu à Glenn Geirg. » « Qui l’a vaincu ? » dit-elle. « Conchobar, avec les vaillants héros d’Ulster autour de lui. » Medb prit ses armes, et elle rassembla six cents de ses guerriers et jeunes héros, de plus elle emmena avec elle Fergus et les exilés d’Ulster, et elle marcha jusqu’à ce qu’elle arrive à Glenn Geirg, et là ils ont combattirent ensemble. Medb de sa propre main abbatit seize guerriers, ainsi que les deux Amalgaid, les deux fils de Conchobar. Une centaine d’hommes d’Ulster furent tués; mais quatre cents des hommes de Connaught et du peuple de Medb tombèrent dans la lutte, et Medb fut défaite. Puis les hommes de l’Ulster allèrent dans la cité (où Gerg avait habité), et aucun d’entre les habitants de cette cité n’échappa à leurs mains; et ils prirent tous les trésors et les choses coûteuses qui étaient là, et ils enlevèrent la cuve d’airain, de sorte qu’elle vint dans le pays d’Ulster, et ils débarrassèrent la contrée de cette troupe d’hommes de Connaught, et ils retournèrent en triomphe dans leur propre pays. Ainsi ce récit a à voir avec cette razzia où le Taureau fut emmené à l’ouest, car c’est alors que les hommes d’Ulster emportèrent la cuve. Quand ils étaient tous rassemblés pour une incursion, ou quand ils étaient réunis pour une assemblée, cette cuve était suffisante pour eux tous, et de c’est ainsi que la cuve appelée Ol n-guala entra en possession des hommes d’Ulster, et de là aussi vient (le nom de) Loch Guala, qui est maintenant dans Daminis à l’intérieur des frontières d’Ulster.