Le colloque des deux sages

Voici l’histoire de la mythologie irlandaise que l’on nomme le colloque des deux sages.

le colloque des deux sages

Le colloque des deux sages

I. Adnae, fils d’Uthider, des clans du Connaught, était l’ollave d’Irlande en science et en poésie. Il avait un fils, à savoir Néde. Alors ce fils alla apprendre la science en Ecosse [Alba] chez Eochu Echbel (Bouche de cheval) ; et il séjourna chez Eochu jusqu’à ce qu’il fût habile en science.

II. Un jour le garçon marcha jusqu’au bord de la mer – car les poètes considéraient que le bord de la mer était toujours un lieu de révélation de la science. Il entendit un son dans les vagues, à savoir un chant de lamentation et de tristesse, et cela lui sembla étrange. Aussi le garçon jeta-t-il un sort sur la vague pour qu’elle lui révèle de quoi il s’agissait. Alors il lui fut révélé que la vague pleurait son père, Adnae, qui était mort, et que sa robe avait été donnée au poète Ferchertne3, qui avait pris la dignité d’ollave à la place du père de Néde.

III. Alors le garçon revint à la maison et raconta (tout cela) à son maître, c’est à dire à Eochu. Et Eochu lui dit:  » Retourne chez toi maintenant. Nos deux sciences ne peuvent demeurer au même endroit car ta science te montre clairement que tu es un ollave en connaissance.

IV. Néde partit alors et ses trois frères partirent avec lui, c’est-à-dire Lugaid, Cairbre, Cruttine. Le hasard les fit trouver une vesse de loup sur le chemin. L’un d’eux dit: « Pourquoi est-ce appelé vesse de loup ? ». Comme ils ne le savaient pas, ils retournèrent chez Eochu et restèrent un mois chez lui. Ils se remirent en chemin. Ils rencontrèrent un roseau. Comme ils ne savaient pas pourquoi on l’appelait ainsi ils retournèrent chez leur tuteur. A la fin d’un autre mois, ils le quittèrent de nouveau. Une pousse de sanicule (herbe de Saint-Laurent) se trouva alors sur leur chemin. Comme ils ne savaient pas pourquoi on l’appelait sanicule, ils retournèrent chez Eochu et passèrent un autre mois avec lui.

V. Ensuite quand il eut été répondu à toutes leurs questions, ils partirent vers Cantire, après cela il alla à Rind Snóc. Puis de Port Ríg ils traversèrent la mer jusqu’à ce qu’ils arrivent à Rind Roisc: alors ils passèrent par Semne, par Latharna, par Mag Line, par Ollarba, par Tulach Roisc, par Ard slébe, par Craeb Selcha, par Mag Ercaite, par la (rivière) Bann, le long de Uachtar, par Glenn Rige, par les Districts de Húi Bresail, par Ard Sailech, qui aujourd’hui est appelée Armagh, par le Síd d’Emain.

VI. Ainsi allait l’adolescent, avec une branche d’argent au-dessus de lui, car c’est ce qu’il y avait au-dessus des anruths; une branche d’or au-dessus des ollaves, une branche de cuivre au-dessus des autres poètes.

VII. Ils partirent alors pour Emain Macha. Et Bricriu les rencontra par hasard dans la prairie. Il leur dit que, s’ils lui donnaient sa récompense, Néde deviendrait, par son avis et son intercession, l’ollave d’Irlande. Aussi Néde lui donna-t-il une tunique pourpre, avec des ornements d’or et d’argent. Bricriu lui dit d’aller s’asseoir à la place de l’ollave et il ajouta que Ferchertne était mort, alors qu’en fait il était au nord d’Emain, enseignant la science à ses élèves.

VIII. Bricriu dit alors : « Aucun homme imberbe ne prend la charge d’ollave à Emain Macha », – car Néde était enfant pour ce qui est de l’âge. Néde prit une poignée d’herbe et il lui jeta un sort afin que chacun suppose qu’il avait de la barbe. Et il alla s’asseoir sur la chaise de l’ollave et il mit sa robe. De trois couleurs était cette robe, à savoir: couverte de plumes d’oiseaux brillantes au milieu; une averse de findruine à la moitié basse extérieure; et couleur de l’or à la moitié supérieure.

IX. Ensuite Bricriu alla trouver Ferchertne et il lui dit: « Il serait triste, ô Ferchertne, que tu sois privé de la charge d’ollave aujourd’hui. Un jeune homme honorable a pris la charge d’ollave à Emain ».

Ferchertne devint furieux et il entra dans le palais, resta sur le seuil avec la main sur le bâton. Et là, il dit « Qui est le poète ? Un poète  » etc.

X. Donc le lieu de ce dialogue est Emain Macha. L’époque est celle de Conchobor, fils de Nes. Les auteurs en sont Néde, fils d’Adnae, du Connaught – ou il fait partie des Tuatha Dé Danann comme il est dit dans le dialogue : « Je suis le fils de Dán (poésie), Dán fils d’Osmenad (Recherche), etc. » – et Ferchertne le poète d’Ulster. La cause de cet échange est que, après la mort d’Adnae, sa robe fut attribuée à Ferchertne par Medb et Ailill. Aussi le fils d’Adnae, Néde, vint-il d’Écosse, (comme nous l’avons dit) jusqu’à Emain, et il s’assit sur la chaise de l’ollave. Ferchertne entra dans la maison et il dit en voyant Néde:

1. Qui est ce poète, un poète autour de qui est la robe avec sa splendeur ?
2. Qui jouera lui-même après avoir chanté la poésie ?
3. A ce que je vois ce n’est qu’un disciple:
4. d’herbe est la matière de sa barbe
5. A la place où l’on chante la poésie, qui est le poète, un poète querelleur ?
6. Je n’ai jamais entendu le secret de l’intelligence du fils d’Adnae.
7. Je n’ai jamais entendu qu’il avait une connaissance réelle.
8. C’est une erreur, par mes lettres, que le siège de Néde.

9. Voici le discours honorable que Néde tint à Ferchertne:

NÉDE DIT

10. Un ancien, ô mon aîné; tout sage est un sage qui corrige.
11. Le sage est le reproche de tout ignorant.
12. (Mais) avant de se mettre en colère contre nous il cherchera quel reproche, quel mauvais fond est en nous.
13. Bienvenu est le sens aigu de la sagesse.
14. Petite est l’imperfection d’un jeune homme tant que son art n’a pas été correctement interrogé.
15. Procède, chef d’une façon plus légale.
16. Tu montres mal, tu as mal montré.
17. Tu ne cèdes que maigrement le pain de l’instruction.
18. J’ai épuisé la mamelle homme, considérable, riche en trésors.

FERCHERTNE DIT

19. Une question, ô jeune disciple, d’où es-tu venu ? ».

NÉDE REPONDIT

20. « Ce n’est pas difficile (à dire): du talon d’un sage,
21. d’un confluent de sagesse,
22. des perfections de bonté,
23. du brillant du lever du soleil,
24. des coudriers de l’art poétique,
25. des circuits de splendeur,
26. par où ils mesurent la vérité selon l’excellence,
27. là où la droiture est énoncée,
28. là où vérité et mensonge sont distingués,
29. où l’on voit des couleurs,
30. là où les poèmes sont rénovés.
31. Et toi, ô mon aîné, d’où es-tu venu ? ».

FERCHERTNE REPONDIT

32. Ce n’est pas difficile (à dire): le long des colonnes de l’âge,
33. le long des cours d’eau du Galion (Leinster),
34. le long du sid de la femme de Nechtan,
35. le long de l’avant-bras de la femme de Nuada,
36. le long du pays du soleil (science),
37. le long des demeures de la lune,
38. le long du cordon ombilical de la jeunesse.

39. Une question, ô jeune disciple, quel est ton nom ?

NÉDE REPONDIT

40. Ce n’est pas difficile (à dire): très petit, très grand, très brillant (?), très dur,
41. fureur du feu,
42. feu de paroles,
43. bruit de connaissance,
44. fontaine de richesse,
45. épée de chant,
46. rigueur de l’art avec l’amertume venue du feu.

47. Et toi, ô mon aîné, quel est ton nom ?

FERCHERTNE REPONDIT

48. Ce n’est pas difficile (à dire): le plus proche des présages,
49. le champion qui explique l’assertion, la question,
50. enquête de science,
51. trame de l’art,
52. cassette de poésie,
53. abondance venue de la mer.

54. Une question, ô jeune disciple, quel art pratiques-tu ?

NÉDE REPONDIT

55. Ce n’est pas difficile à dire: contenance rougissante,
56. perçant la chair,
57. couleur de timidité,
58. éloignement de l’impudence,
59. parrainage de la poésie,
60. recherche de gloire,
61. courtise de la science,
62. art pour chaque bouche,
63. diffusion de la connaissance,
64. dépouillement de la parole,
65. dans une petite chambre,
66. bétail du sage,
67. rivière de science,
68. enseignement abondant,
69. récits habiles, le charme des rois.

70. Et toi, ô mon aîné, quel art pratiques-tu ?

FERCHERTNE REPONDIT

71. chasse pour le maintien,
72. établir la paix,
73. arrangement de troupe,
74. souci du jeune homme,
75. célébration de l’art,
76. une couche avec un roi,
77. …… la Boyne,
78. briamon smetrach,
79. le bouclier d’Athirne,
80. une part de nouvelle sagesse du courant de la science,
81. fureur d’inspiration,
82. structure de pensée,
83. art des poèmes brefs,
84. expression claire,
85. récits sanglants,
86. une route renommée,
87. une perle en sa parure,
88. aide au savoir après un poème,

FERCHERTNE DIT

89. Une question, ô jeune disciple, qu’as-tu entrepris ?

NÉDE REPONDIT

90. Ce n’est pas difficile : (aller) dans la plaine de l’âge,
91. dans la montagne de jeunesse,
92. dans la chasse de l’âge,
93. en suivant un roi (dans la mort?),
94. dans une demeure d’argile,
95. entre chandelle et feu,
96. entre bataille et son horreur,
97. parmi les hommes puissants de Tethra,
98. parmi les haltes de…..,
99. Parmi les courants du savoir.

100. Et toi, O mon sage, qu’as-tu entrepris ?

FERCHERTNE REPONDIT

100. (aller) dans la montagne du rang,
101. dans la communion des sciences,
102. dans les terres des hommes de savoir,
103. dans la poitrine de la révision poétique,
104. dans le domaine de générosité,
105. dans la foire d’un sanglier du roi,
106. dans le peu de respect des hommes nouveaux,
107. dans l’inclinaison de la mort où il y a abondance de grands honneurs,

108. Une question, ô jeune disciple, par quel chemin es-tu venu ?

NÉDE REPONDIT

109. Ce n’est pas difficile par la plaine blanche du savoir,
110. par la barbe d’un roi,
111. par un bois plein d’âge,
112. sur le dos d’un boeuf de labour,
113. sur la lumière d’une lune d’été,
114. sur de magnifiques fromages (gland et fruit)64,
115. sur la rosée d’une déesse (blé et lait),
116. sur la pénurie du blé,
117. sur un gué de peur,
118. sur les cuisses d’une demeure magnifique.

119. Et toi, O mon aîné, par quel chemin es-tu venu ?

FERCHERTNE REPONDIT

120. Ce n’est pas difficile : sur l’aiguillon de Lug,
121. sur la poitrine d’une douce femme,
122. sur la chevelure d’une forêt,
123. sur la pointe d’une lance,
124. sur une robe d’argent,
125. sur la structure sans ferrures d’un chariot,
126. sur des ferrures sans un chariot,
127. Sur les trois ignorances du Mac Oc,

128. Et toi, ô jeune disciple, de qui es-tu le fils ?

NÉDE REPONDIT

129. Ce n’est pas difficile : Je suis fils de Poésie,
130. Poésie, fille de Réflexion,
131. Réflexion, fille de Méditation,
132. Méditation, fille de Science,
133. Science, fille d’enquête,
134. Enquête, fille de Recherche,
135. Recherche, fille de Grande Science,
136. Grande Science, fille de Grande Intelligence,
137. Grande Intelligence, fille de Compréhension,
138. Compréhension, fille de Sagesse,
139. Sagesse, fille des Trois dieux de Dana.

140. Et toi, ô mon aîné, de qui es-tu le fils ?

FERCHERTNE REPONDIT

141. Ce n’est pas difficile : Je suis fils d’un homme qui fut et n’était pas né,
142. il a été enterré dans la matrice de sa mère,
143. il a été baptisé après sa mort,
144. sa première présence, la mort, l’épousa,
145. la première parole de chaque être vivant,
146. le cri de chaque mourant,
147. A le noble est son nom,

148. Une question, ô jeune disciple, as-tu des nouvelles ,

NÉDE REPONDIT

149. Il y en a en effet : de bonnes nouvelles,
150. mer poissonneuse,
151. côte conquise,
152. forêts souriantes,
153. fuite des lames de bois (?),
154. floraison des arbres fruitiers,
155. croissance des champs de blé,
156. les essaims sont nombreux,
157. un monde rayonnant,
158. paix heureuse,
159. été très doux,
160. solde des armées,
161. rois ensoleillés,
162. sagesse merveilleuse,
163. bataille exilée,
164. chacun avec son art (propre),
165. des hommes de valeur,
166. travaux d’aiguilles pour les femmes,
167. munbrec láith,
168. rire de trésors,
169. abondance de valeur,
170. chaque art complet,
171. bien pour chaque homme bon,
172. chaque nouvelle bonne,
173. bonnes nouvelles.

174. Et toi, ô mon aîné, as-tu des nouvelles ?

FERCHERTNE REPONDIT

175. J’ai, en effet, de terribles nouvelles. Mauvaise sera l’époque qui viendra; quand les chefs seront nombreux, les honneurs rares; les vivants briseront leurs bons jugements.
176. Le bétail du monde sera stérile;
177. les hommes repousseront la modestie;
178. les champions des grands seigneurs partiront;
179. les hommes seront mauvais; les rois légitimes seront rares; les usurpateurs seront nombreux;
180. le déshonneur sera légion; chaque homme portera une tare,
181. les chars se briseront dans leurs courses;
182. les ennemis consumeront la plaine de Niall;
183. la vérité ne garantira plus l’abondance (l’excellence ?).
184. Les sentinelles seront abattues auprès des églises;
185. tout art sera de la bouffonnerie;
186. tout mensonge sera préféré.
187. Chacun sortira de son état, avec fierté et arrogance, si bien que rang, âge, honneur, dignité, art ou instruction ne seront plus respectés.
188. Tout homme compétent sera brisé.
189. Tout roi sera un pauvre.
190. Tout noble sera méprisé, tout vilain sera élevé, si bien que ni Dieu ni homme ne seront honorés.
191. Les princes légitimes périront devant les usurpateurs par l’oppression des hommes aux pointes noires.
192. La croyance sera détruite.
193. Les offrandes seront détournées;
194. Les planchers s’effondreront (à cause des cambrioleurs).
195. Les cellules (de moines) seront minées.
196. Les églises seront brûlées.
197. Les dépôts des ladres seront ravagées.
198. L’inhospitalité détruira les fleurs.
199. Les fruits tomberont par les mauvais jugements.
200. Le chemin (vers les tenanciers) disparaîtra pour tout le monde
201. Les chiens infligeront des blessures aux corps, si bien que chacun . . .?. . . ses partisans par ignorance, avarice et ladrerie.
202. A la fin du dernier monde il y aura un refuge pour la pauvreté, la mesquinerie et l’avarice.
203. Il y aura beaucoup de controverses avec les artistes.
204. Chacun achètera un satiriste qui satirisera pour son compte.
205. Chacun imposera sa limite à l’autre.
206. La trahison sera sur chaque colline, si bien que ni lit ni serment ne protégeront.
207. chacun blessera son voisin si bien que chaque frère trahira l’autre.
208. chacun tuera son compagnon de boisson ou de table, si bien qu’il n’y aura plus là ni vérité ni honneur ni âme.
209. Les ladres s’écraseront les uns les autres à cause de leur nombre.
210. Les usurpateurs se satiriseront les uns les autres avec des tempêtes d’ignorance.
211. Les grades seront chamboulés; le savoir des clercs sera oublié; les sages seront méprisés.
212. La musique tournera en grossièreté.
213. Le guerrier deviendra moine et clerc.
214. La sagesse deviendra en mauvais jugements.
215. Le droit d’un prince passera celle de l’Eglise.
216. Le Mal passera par les crosses des évêques.
217. Tout acte sexuel deviendra adultère.
218. Une grande fierté et une volonté s’affirmeront chez les fils des vilains et des rustres.
219. Une grande avarice, une grande inhospitalité et une grande pénurie se feront chez les tenanciers, si bien que leurs poèmes seront noirs.
220. Le grand art de la broderie passera aux fous et aux prostituées, si bien qu’on s’attendra à des vêtements sans couleur.
221. De mauvais jugements se feront chez les rois et les seigneurs.
222. l’ingratitude et la colère viendront dans chaque esprit, si bien que ni esclaves ni servantes ne serviront plus leurs maîtres ; si bien que ni roi ni seigneur n’entendront plus les prières de leur peuple, ni leurs jugements ; si bien que les intendants n’écouteront plus les moines ni leur communauté ; si bien que les vassaux ne supporteront plus de payer leur tribut à leur seigneur pour ce qui lui est dû ; si bien que le moine ne servira plus de son bien son église et son abbé régulier ; si bien que la femme ne supportera plus la parole de son mari au-dessus d’elle ; si bien que les fils et les filles ne serviront plus leurs pères ou leurs mères ; si bien que les jeunes gens ne se lèveront plus devant leurs professeurs.
223. Chacun tournera son art en mauvais enseignement et en fausse intelligence pour essayer de surpasser son maître ; si bien que le plus jeune aimera à être assis tandis que son aîné sera au-dessus de sa tête (debout) ; si bien qu’il n’y aura pas de honte pour un roi ni pour un seigneur à aller boire et manger avec le compagnon qui le sert; si bien qu’il n’y aura pas de honte pour un fermier à manger après avoir fermé sa maison au nez de l’artiste qui vend son honneur et son âme pour un manteau et de la nourriture ; si bien que chacun détournera son visage de son compagnon en mangeant et en buvant ; si bien que l’avidité remplira chaque homme ; si bien que l’homme fier vendra son honneur et son âme pour le prix d’un scrupule.
224. La modestie sera rejetée; le peuple sera bafoué; les seigneurs seront détruits, les grades seront méprisés ; le dimanche sera déshonoré ; les lettres seront oubliées ; les poètes ne seront plus trouvés.
225. La droiture sera abolie; de faux jugements seront faits par les usurpateurs du dernier monde; les fruits seront brûlés après leur apparition par un flot d’étrangers et la canaille.
226. Dans chaque pays, il y aura un trop grand nombre.
227. Les pays s’étendront dans la montagne.
228. Chaque forêt deviendra une grande plaine; chaque grande plaine deviendra une forêt.
229. Chacun deviendra esclave avec toute sa famille.
230. Après cela il viendra de nombreuses maladies cruelles, des tempêtes subites et effroyables, la foudre avec des pleurs d’arbres.
231. Hiver feuillu ; été obscur ; automne sans moisson ; printemps sans fleurs.
232. Mortalité avec famine.
233. Maladies sur les troupeaux: bedgacha vertiges (?) [fin de BL, la suite selon Raw], scamacha, pestes, hydropisies, milliuda [DIL: mauvais oeil, mauvais sorts], excroissances, fièvres.
234. Trouvailles sans profit, cachettes sans trésors, grands biens sans hommes:
235. extinction des champions.
236. Pénurie dans les champs de blé.
237. Parjures.
238. Jugements avec colère.
239. Une mort de trois jours et de trois nuits pour les deux tiers des humains.
240. Un tiers de ces plaies sur les bêtes des mers et des bois.
241. Après cela il viendra sept années de lamentation.
242. Les fleurs périront.
243. Dans chaque maison il y aura des plaintes.
244. Des étrangers détruiront la plaine d’Erin.
245. Les hommes entretiendront des hommes.
246. Il y aura des combats autour de Cnamchaill.
247. De beaux bègues seront tués.
248. Les filles enfanteront pour leurs pères.
249. Des combat seront livrés autour d’endroits célèbres.
250. Il y aura la désolation autour des hauteurs de l’Ile des Prairies.
251. La mer envahira chaque terre lorsque sera habitée la Terre de Promesse.
252. L’Irlande sera abandonnée sept ans avant le Jugement.
253. Il y aura mélancolie après les massacres.
254. Après cela viendront les signes de la naissance de l’Antéchrist.
255. Dans chaque tribu des monstres seront engendrés.
256. Les eaux mortes se tourneront contre les eaux vives.
257. Le crottin de cheval aura l’apparence de l’or.
258. L’eau aura le goût du vin.
259. Les montagnes deviendront des pays sans défaut.
260. Les tourbières se couvriront de trèfle fleuri.
261. Les essaims d’abeilles seront brûlés dans les montagnes.
262. Les flots de la mer sur la plage seront retardés d’un jour à l’autre.
263. Il viendra ensuite sept années sombres.
264. Elles cacheront les lumières du ciel.
265. Au trépas du monde, elles iront en présence du Jugement.
266. Ce sera le Jugement, mon fils. Grandes nouvelles, effroyables nouvelles, une époque funeste !
267. Ferchertne dit: Connais-tu, ô petit (en âge), grand (en connaissance), ô fils d’Adnae, celui qui est au-dessus de toi ?

NÉDE REPONDIT

268. Facile (à dire). Je connais mon Dieu créateur.
269. Je connais mon plus sage des prophètes.
270. Je connais mon coudrier de poésie.
271. Je connais mon puissant Dieu.
272. Je sais que Ferchertne est un grand poète et un prophète

273. Alors le garçon s’agenouilla devant lui. Puis Néde jeta à Ferchertne la robe du poète, qu’il avait retirée, et il se leva du siège du poète sur lequel il était pour se jeter aux pieds de Ferchertne. Alors Ferchertne dit :

FERCHERTNE DIT

274. Reste, ô petit (en âge), grand (en connaissance), fils d’Adnae.

FERCHERTNE DIT

275. Ferchertne dit: Reste alors, toi , grand poète, c’est-à-dire grand en science, ô fils d’Adnae ! puisses-tu être magnifié (et) glorifié !
276. puisses-tu être fameux (et) révéré dans l’opinion des hommes et de Dieu !
277. puisses-tu être une cassette de poésie !
278. puisses-tu être le bras d’un roi !
279. puisses-tu être un roc pour les ollaves !
280. puisses-tu être la gloire d’Emain !
281. puisses-tu être le plus grand de tous !

NÉDE DIT

282. puisses-tu être toi-même ainsi (?) sous le même titre ! un arbre d’un seul fût: il est en même temps un mâle sans destruction,
283. une cassette de poésie.
284. Une expression de nouvelle science: il est l’intelligence du peuple parfait: père par le fils: fils par le père.
285. Trois pères sont connus ici, à savoir un père en âge, un père en chair, un père en instruction.
286. Mon père en chair n’est plus,
287. Mon père en instruction n’est pas présent,
288. C’est toi qui es mon père en âge.
289. Je te reconnais comme tel (?).
Puisses-tu l’être toi-même (?).