Contes basques 24

Contes basques

Voici divers contes basques : la lamina d’Andrettho, le cheval de saint Pierre, les cinq sous des bohémiens

contes basques

La lamiña d’Andrettho

Les gens d’Esquiule voyaient de temps en temps deux lamiñak sortir de la fontaine d’Andrettho, s’asseoir sur la rive et se chauffer au soleil. On les guetta et on en prit une. Pendant que les paysans l’emportaient chez eux, l’autre lui cria:

-« Ques bouille quat digaen, oui ou non. (quoiqu’on te dise, ne révèle jamais la vertu de l’aulne »).

Les gens d’Esquiule ne manquèrent pas de presser de questions la lamiña; elle ne répondait rien, et ne révéla jamais la vertu de l’aulne. Cependant comme on voulait savoir son âge, et qu’on lui demandait quels étaient ses plus anciens souvenirs, elle répondit enfin:
– » J’ai vu la montagne où s’élève Oloron couverte de broussailles, et un marais plein de joncs à la place où est bâtie Sainte Marie ».

On n’en su rien de plus, et personne, sauf les juifs, dit-on, ne connaît la vertu de l’aulne.


Le cheval de St. Pierre

Un jour, le seigneur Jésus dit à saint Pierre:
– « je te donnerai un cheval, si, d’un bout à l’autre, tu me récite le notre père, sans disperser ta pensée ».
– Bah ! c’est une chose bien facile que vous m’ordonnez là… »

Et précipitamment, saint Pierre commence:
–  » notre père qui êtes aux cieux, que votre nom soit sanctifié… Mais, seigneur, le cheval sera-t-il avec ou sans selle ? »
Et Jésus:
– « Voilà que tu n’auras maintenant ni selle, ni cheval. »


Les cinq sous des bohémiens

Quand le roi des juifs apprit que Jésus était né, il donna ordre à ses soldats de mettre à mort tous les enfants de son royaume au dessous de deux ans. La mère vierge et Joseph connurent bientôt cet ordre et se préparèrent à quitter le pays. Mais il fallait passer par une ville et ils ne savaient comment faire pour cacher l’enfant aux soldats. Une bohémienne suivait la même route.

Elle vit leur embarras et leur dit:
– » Mettez le petit dans mon bisac, je le ferai bien passer, moi, à la barbe des soldats ».

La sainte vierge remercia bien la bohémienne et arrangea, du mieux qu’elle put, l’enfant dans le bissac. Les soldats qui gardaient la porte la laissèrent passer sans lui rien dire, non plus à Joseph, mais ils arrêtèrent la bohémienne.
– « Que cache-tu dans ton bissac, vieille coquine ! »
– « Un enfant, mes amis, le plus beau du monde ».
– « Si tu portais un enfant, tu ne le dirais pas ».

Les soldats étaient rangés de chaque côté de la porte et l’enfant Jésus passa au milieu d’eux, dans le bissac de la bohémienne. Pour récompenser les bohémiens d’avoir caché l’enfant Jésus aux soldats du roi, le bon Dieu leur a permis de voler cinq sous par jour. S’ils en prennent davantage, ce qu’ils font le plus souvent qu’ils peuvent, ils ne sont responsables que du surplus, d’après la permission du bon Dieu.