La lamiña en couche

Voici l’histoire de la lamina en couche. L’histoire est composé de quatre parties dans la tradition orale.

lamina en couche

Lamina en couche, partie 1

A Lacarry les Laminak avaient l’habitude de venir à la maison Bustanogia, or une nuit, une de ces Lamiñak vint trouver la maîtresse de maison parce que l’une d’entre elles était en train d’accoucher et comme elle avait quelques difficultés, elle avait besoin d’aide.
La femme lui répondit qu’elle acceptait de les aider à condition qu’elle avertisse son mari. Celui-ci dit à la Lamina :
« – Je veux bien que ma femme parte vous aider, mais ramenez-la moi exactement ici. « 

La Lamina fit monter la femme sur ses épaules et la transporta dans un gouffre profond. La maîtresse de Bustanogia aida la Lamiña à accoucher. Ensuite les Lamiñak lui offrirent à souper mais elle lui demandèrent de ne rien emporter chez elle. Cependant, devant la blancheur du pain des Lamiñak, la femme ne résista pas. Elle en cacha un morceau dans son corsage afin de le montrer chez elle.

A la fin du repas, les Lamiñak lui demandèrent ce qu’elle désirait en remerciement : un pot de miel ou un pot de beurre ?

La femme répondit qu’elle préférait le beurre car il rendrait de meilleurs services que le miel. Les Lamiñak insistèrent pour qu’elle prenne le miel car il était bien meilleur. Mais la femme dit qu’elle préférait quand même le beurre. Alors les Lamiñak lui dirent :
« – Tu trouveras ta récompense, demain, dans ton armoire ! « 

La Lamiña voulut reprendre la femme sur ses épaules mais elle ne put la soulever.
« – Tu as pris quelque chose d’ici ! « 
« – Non, je n’ai rien pris  » répondit la femme.
« – Oh que si ! « 

Alors la femme lui montra le morceau de pain.
« – Tu dois le laisser ici, sans quoi je ne pourrai pas te ramener chez toi. « 

La femme laissa le morceau de pain blanc et remonta sur les épaules de la Lamiña. Elle retourna chez elle. Le jour suivant, elle trouva dans l’armoire le pot de
beurre plein d’argent. Si elle avait choisi le pot de miel elle l’aurait trouvé rempli d’or.


2

A côté de la maison Sorçaburu de Gotein, coule un ruisseau dont la source n’est pas éloignée. A côté de la source, dans une caverne, habitaient les Lamiñak.

Un jour, une Lamiña fut prise de douleurs. La dame de Sorçaburu, qui était sage-femme, fut appelée pour la délivrer. Grâce à elle, l’enfant arriva heureusement. Le lendemain, la sage-femme revint pour emmailloter l’enfant, et quand son travail fut fini, une Lamiña lui offrit en paiement le choix entre deux pots à feu, l’un couvert d’or, l’autre de miel. La dame de Sorçaburu choisit le pot au couvercle d’or. Alors la Lamiña lui dit :

« – Ah ! tu n’as pas bien rencontré. Le pot au couvercle d’or est rempli de miel, le pot au couvercle de miel est plein d’or. »


3

La grand-mère de ma mère était sage-femme à Ahaxe. Une nuit, à une heure avancée, un Lamiña vint la chercher pour accoucher sa femme. Ma bisaïeule avait grand peur, et consulta son mari, assez embarrassé lui-même.

Le Lamiña la rassura, et, la mettant sur son dos, l’emporta, sans quelle sût comment, au bord du Remous. Il lui fi passer le ruisseau sans se mouiller, et la fit entrer dans une chambre la plus ballante qu’elle eût vue et faite de pierres taillées.

Ma bisaïeule fit son office et déposa l’enfant dans son berceau après l’avoir emmailloté.

On la fit manger et bien boire, et on lui donna une grosse somme en paiement. Mais on lui défendit de rien emporter de la maison que ce qu’on lui donnait. Cependant, comme elle n’avait jamais vu de si beau pain et qu’elle le voulait montrer chez elle, elle en mit en petit morceau dans sa poche.

Lorsque la bisaïeule arriva au bord de l’eau avec le Lamiña, celui-ci lui dit qu’il ne pouvait la faire traverser parce qu’elle avait dérobé quelque chose, Elle avoua qu’elle avait, en effet, mis dans sa poche un petit morceau de pain pour montrer chez elle ce qu’elle avait mangé.

Le Lamiña le lui fit jeter dans l’eau, après quoi il l’em porta au-delà, comme auparavant, sans se mouiller les pieds, jusqu’à la basse-cour. Une fois posée à terre, ma bisaïeule tourna la tête, et le Lamiña, d’un coup de couteau, lui enleva un oeil pour la punir de l’avoir volé malgré sa défense.


4

Un soir de la saint Jean, une belle fille arriva chez la maîtresse de la maison GORRITEPE au moment où le soleil allait se lever:

– » Bonjour, Marguerite, il vous faut venir sous la forêt; il y a là une femme en mal d’enfant, et vous devez l’assister ».
– » Et qui êtes-vous ? Je ne vous connais pas ».
– » Vous saurez qui je suis; mais, de grâce, venez tout de suite ».
– » Je ne puis sortir maintenant de la maison; il faut que je prépare le déjeuner des faucheurs.
– » Suivez-moi, de grâce; vous en serez sûrement très contente; vous aurez votre fortune faite si vous nous aidez à mettre au monde cet enfant. »

Elle y consent, et toutes deux arrivent sous le bois. La fille donne à Marguerite une baguette et lui dit:
– » Frappez la terre ! » Elle le fit de confiance, et en même temps un beau portail s’ouvrit devant elle. Après y être entrée, elle se trouva dans un beau château dont le dedans et le dehors brillaient comme le soleil:
– » N’ayez pas peur, Marguerite; nous y sommes. »

Elles entrent dans une grande chambre qui était la plus belle de toutes. Là, il y avait une lamiña en mal d’enfant et sur le point d’accoucher; tout le tour de la chambre était garni de petits êtres, tous assis et dont aucun ne bougeait jamais. Marguerite fit son office et fut ensuite choyée autant que possible. On lui donna notamment d’un certain pain qui était blanc comme la neige. Comme il commençait à faire tard, Marguerite voulut se retirer à la maison. La même jeune fille l’accompagna jusqu’au portail; mais elles ne purent jamais ouvrir la porte:

– » Vous, vous aurez pris quelque chose ici ! » lui dit sa compagne.
– » Moi ! rien, si ce n’est ce petit morceau de pain, pour montrer à ceux de chez nous comme il est beau ! »
– » Mais vous devez le laisser ici. »
Elle le laisse, et à l’instant la porte s’ouvre.
– » Voici votre paiement, Marguerite; voici une poire d’or. Ne le dites jamais à personne, et cachez-la bien dans votre armoire. Tous les matins, vous trouverez une pile d’or à coté d’elle. »

Elle fit ainsi, et le lendemain matin elle alla voir et trouva la pile d’or, et aussi les lendemains suivants, pendant longtemps, si bien que, quoique cette maison fut chargée de dettes, ils payèrent tout et achetèrent de grands biens. Le mari en devint jaloux, et, Marguerite, par amour pour la paix de son ménage, lui dit son secret. Pendant la nuit suivante, la poire disparut, et il ne s’en trouva plus trace. Il y a aujourd’hui encore dans cet endroit quelques trous qu’on appelle les trous des lamiñak.