Le peu que nous connaissons de la religion élamite nous transporte dans un monde de formes et de noms étranges : Shoumoudou, Lagamar, Partikira, Ammankasibar, Oudourân, Shapak, Aîpaksina, Bilala, Panintimri, Kindakarpou. Mais la civilisation élamite s’apparentait étroitement à celle du pays de Sumer et tout porte à penser qu’elle s’identifiait presque entièrement avec elle sous le rapport religieux.
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A défaut d’une communauté d’origine, cette analogie étroite s’explique aisément par les simples relations de voisinage. Comme chez les Sumériens, la religion primitive des Élamites fut de caractère naturaliste. On vénérait les arbres, les plantes, les rochers, les animaux. Les astres avaient aussi leur place dans cette adoration. Les monuments figurés de la Susiane nous ont conservé de multiples représentations d’astres, de végétaux, d’oiseaux, d’animaux, particulièrement de capridés, qui semblent avoir tenu, comme divinités de la végétation, un rôle analogue à celui qui, dans la plaine mésopotamienne, était dévolu au taureau.
Les serpents, notamment les serpents enlacés, les aigles aux ailes éployées reviennent fréquemment comme symboles ou attributs de la divinité. Parmi ces attributs, dont la seule représentation suffit aux âges primitifs pour évoquer chez le fidèle l’idée du dieu, il faut mentionner un fer de lance de forme triangulaire monté sur une tige. On s’accorde à y voir une représentation de l’arme distinctive du Mardouk, le marrou, ou marre.
Le deuxième stade dans la représentation des dieux se marque, en Élam comme en Sumer, par l’apparition des dieux zoomorphes lions à tête humaine principalement. Cette forme subsistera plus tard, réservée alors aux génies inférieurs.
Avec la conception anthropomorphique, qui couronne cette évolution, les dieux perdent enfin leur anonymat, sans que nous soyons, toutefois, beaucoup plus renseignés sur leur nature, leur caractère et leurs attributions.
La principale divinité des Élamites était In-Shoushinak, « le Susien », qui n’était pas seulement, comme son nom semble l’indiquer, le dieu propre de Suse, mais était considéré encore comme le « Souverain des dieux », le « Maître du ciel et de la terre le Constructeur de l’univers ». Ce sont là les titres que l’on donnait en Babylonie aux dieux suprêmes. Il est à remarquer que le nom que porte le dieu est simplement un qualificatif d’origine et nullement un nom individuel.
Il est probable que les Élamites ne voulaient pas révéler le vrai nom de leur dieu, lequel demeurait « l’ineffable ». Ce scrupule se retrouve d’ailleurs chez les Akkadiens, qui désignaient leur dieu suprême du nom de Bel, « seigneur », et chez les Syro-Phéniciens, dont le Baal veut dire également le « maître ».
Il est donc assez malaisé d’identifier exactement In-Shoushinak. On s’accorde généralement à voir en lui l’équivalent élamite de Nin-Ourta, « le champion des dieux célestes ou même d’Adad, le dieu de l’éclair et de la tempête. N’oublions pas que ces deux divinités, à côté de leur aspect terrible, étaient aussi regardées comme les dieux de la pluie qui féconde et de la crue bienfaisante, par suite comme des dieux de la fertilité. In-Shoushinak devait sans doute réunir aussi cette double nature.
Nah-Hounté.
Parmi les autres divinités qui peuplent le panthéon élamite et pour lesquelles nous sommes contraints à une simple énumération, car nous ne savons guère que leurs noms, nous pouvons citer la déesse Kiririsha, la déesse souveraine; elle avait pour époux le dieu Khoumban, que l’on identifie avec le Mardouk babylonien.
On trouve encore Lagamal, qualifié de fils d’Êa; Nah-Hounté (ou Nakhounta), le soleil, qui, pareil à Shamash, était à la fois le dieu de la lumière et celui de la justice; Teshoup, dieu de la tempête, qui fut d’ailleurs adoré dans toute l’Asie occidentale; Narouti, que nous ne connaissons que par une offrande que lui présenta l’ishakkou de Suse; Arkhou, divinité d’origine vannique.
A ces divinités nationales s’adjoignirent, par la suite, les dieux et déesses des pays de Sumer et d’Akkad, qui furent imposés à l’Élam, lorsque ce pays subit l’hégémonie des souverains d’Agadé (Akkad), d’Ur et de Lagash, ou qui, au contraire, furent librement introduits, lorsque les Élamites étendirent leur domination sur la Babylonie.
Ces apports achevèrent l’assimilation de la religion élamite et de la religion assyro-babylonienne, qui comportèrent désormais les mêmes croyances et les mêmes pratiques.